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[Critique] X-Men : Le commencement

Sorti ce mercredi 1er juin, X-Men : Le commencement (ou First Class) est une préquelle à la trilogie déjà existante et nous raconte les premiers pas des mutants dans le contexte très tendu de la Guerre Froide. Réalisé en à peine un an par Matthew Vaughn (Kick Ass), le film est un véritable tour de force et rentre aisément dans le palmarès des meilleurs films du genre.

En 1944, le jeune Erik se retrouve séparé de ses parents dans un camp de concentration. Le docteur Schmidt, un nazi qui mène des expériences génétiques s’intéresse particulièrement à Erik après avoir été témoin de sa faculté à contrôler le métal. Il ira jusqu’à tuer la mère du petit pour que dans un état de rage, Erik libère toute sa puissance. Au même moment, le jeune Charles Xavier fait la rencontre de la petite Raven, une métamorphe. Vingt ans plus tard, Erik, qui a appris à contrôler son pouvoir, traque l’assassin de sa mère. Aux Etats-Unis, l’agent de la CIA Moira MacTaggert prend en filature un colonel de l’US Army qui la mène tout droit jusqu’au Club des Damnés où elle aperçoit Sebastian Shaw, Emma Frost et Azazel. Des mutants. Elle fait alors appel au Professeur Xavier qui vient d’écrire une thèse sur la mutation. Shaw et Schmidt étant une seule et même personne, tous ne vont pas tarder à se rencontrer, et devant l’ampleur de la situation vont décider de recruter des jeunes mutants. Les premiers X-Men.

Les costumes jaunes et bleus sont bien là !

On espérait de ce First Class qu’il nous fasse oublier L’affrontement Final et Origins : Wolverine, sans pour autant faire table rase des deux premiers épisodes réalisés par Bryan Singer que l’on retrouve ici à la production. On peut dire que nos prières ont été entendues. Mieux encore, Vaughn arrive à les surpasser tant ce First Class est prenant et intelligent. Le film met en exergue les enjeux idéologiques et politiques chers à la mythologie X-Men, alors que Singer n’avait fait que les effleurer. Mieux encore, le fait d’imbriquer l’histoire dans les sixties est une excellente idée : la lutte Charles / Erik rappelle celle opposant Malcolm X qui prônait la guerre civile au non-violent Martin Luther King. Là où Vaughn fait très fort, c’est qu’il arrive à rendre Erik / Magneto sympathique. Lui qui pourtant déclare être en accord avec l’idéologie de Shaw, qui cherche à éliminer tous les Sapiens, et le pourchasse juste par vengeance. C’est donc cette joute idéologique entre un Charles Xavier méconnaissable, dragueur, fils de riche, prônant le respect parce qu’il peut se le permettre (contrairement à un Mystique qui doit sans cesse cacher son apparence) et un Erik brisé, égoïste qui assure une maturité et une complexité jusque là rarement vu dans un film de super-héros. La psychologie des personnages est donc très approfondie et l’on sent pour une fois qu’ils ne sont pas intouchables, qu’ils possèdent leurs faiblesses. Le contexte de la Guerre Froide et des missiles de Cuba rajoute une tension palpable, qui va monter crescendo à la manière d’un Watchmen, et sert de catalyseur pour tous les évènements que l’on connait (clans chez les mutants, peur face à la venue d’une nouvelle espèce).

L'antagonisme entre Charles et Erik est parfaitement retranscrit.

Si le film possède des atouts indéniables, on trouve tout de même quelques points noirs. Dans un soucis de continuité, Vaugnh ne pouvait inclure les vrais X-Men originaux puisqu’on les retrouve dans la trilogie. Il a donc intégré des mutants qui ne sont pas des plus connus : Havok (frère de Cyclope), Le Hurleur, Darwin, Mystique et la Bête. Bien sûr, si l’on est pas un fan acharné (et complètement stupide pour le coup puisque Vaughn n’avait pas le choix), cela ne pourrait pas poser de problèmes. Mais voilà, certains personnages font limite de la figuration et sont à peine exploités. C’est le cas de Riptide par exemple, qui ne possède pas une ligne de dialogue. Cependant, si ce n’est pas individuellement qu’ils sont approfondis, c’est en temps qu’équipe. Avec l’aide de Charles, ils vont apprendre à se contrôler, à se respecter et à s’entraider. De même, Emma Frost est légèrement effacée. Quand on connait l’importance du personnage, c’est relativement dommage mais cela devrait changer dans une possible suite. Autre point négatif, on peut alterner entre des effets spéciaux dantesques et limite mauvais (le pouvoir de Shaw par exemple).

Emma Frost est sexy, mais légèrement effacée.

Mais que l’on se rassure, ces quelques faiblesses sont palliées par une excellente mise en scène. On sent que Vaugnh s’est imprégné de l’essence même des années 60.  La traque d’Erik nous replonge dans les meilleurs James Bond, les décors et costumes sont impeccablement retranscrits, même le générique de fin adopte un look rétro. Les personnages sont brillamment interprétés. Michael Fassbender (Fish Tank, 300, Inglorious Basterds) est immense en Magneto, James McAvoy (Wanted) est définitivement à suivre et nous livre un Charles Xavier méconnaissable et Kevin Bacon (Mystic River, Hollow Man) est impeccable dans le rôle du salaud de service : Sebastian Shaw. Un mot sur Nicholas Hoult (Skins) qui est très bon dans le rôle de la Bête et arrive même à rajouter une portée dramatique à son histoire.

Pour les fans, notez qu’il y a un caméo de oufzor (je n’ai pas pu m’empêcher de crier dans la salle, et je n’étais pas le seul), de multiples clins d’oeil ainsi que des références aux précédents films.

Magneto dans toute sa splendeur.

  • l’antagonisme Charles / Erik
  • la tension palpable
  • les personnages réalistes et touchants
  • le contexte des sixties
  • la mise en scène impeccable
  • l’interprétation de McAvoy et Fassbender
  • Emma Frost est super sexy
  • les costumes jaunes et bleus sont là !
  • le caméo que personne n’attendait

  • des personnages qui font de la figuration
  • quelques soucis de continuité
  • des effets spéciaux fort peu réussis par certains moments

X-Men : First Class est un excellent film qui nous montre des personnages attachants, complexes et fragiles dans des situations crédibles. Matthew Vaughn réussit amplement son pari et relance une franchise agonisante. Et même si certains défauts subsistent, il nous livre une oeuvre adulte, intelligente et qui en prime ne prend pas les spectateurs pour des idiots à coups d’ellipses improbables. Et en plus, ce n’est pas en 3D.

Images via Allociné.

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8 Comments

  • Reply
    caz
    03 Juin 2011 2:49

    Le fait que ce ne soit pas en 3D est déjà pour moi un des point fort du film 🙂

  • Reply
    Mortecouille
    03 Juin 2011 3:53

    Mon avis est très mitigé : de très bonnes choses, de très mauvaises.
    Je vais faire bref. Le film est long, trop long, pourtant on a l’impression que rien ne se passe. Et pour avoir saigné cette bande annonce qui est excellente (http://www.youtube.com/watch?v=frcCCHb9LHc), en fait le film ne contient aucune surprise, on sait déjà ce qui va

    • Reply
      Mortecouille
      03 Juin 2011 4:13

      (whoops reply par erreur) se passer, comment ça va se terminer. La BA en dévoile trop.
      Les dialogues sont assez insipides, déjà qu’ils sont peu nombreux…
      Comme tu le dis, les personnages gangeraient à être plus creusés. Mais ça c’est une problématique propre à X-men. Le format film est différent du comics, on dispose de bcp moins de place pr s’exprimer.
      De très bons acteurs, d’autres vraiment fades voire inutiles. McAvoy et Fassbender sont vraiment bon, Kevin Bacon aussi, le mec qui fait Beast ça va, le reste c’est pas ouf (surtout Darwin, Angel, Mystique que j’ai trouvé inutile/mauvaise ; je parle même pas des complices de Shaw qui n’ouvrent pas la bouche une fois ds le film).
      Le personnage d’Erik est trop prévisible et pas assez creusé à mon goût.
      (Spoil) : la partie romance entre Beast/Mystique était assez crédible, et pouf! d’un coup elle est ds le lit d’Erik. Euh…o.O
      Et j’ai la vague impression que la réalisation tente de pallier toutes ces lacunes en mettant des actrices en petites tenues toutes plus bonnes les unes que les autres. Bon. Je vais pas cracher parce que January Jones était une des principales motivations pour aller voir le film 😀
      Bon et…les gars…les méchants nazis et le patriotisme américain, on a compris quoi…
      Pour pas dire que du mal : Xmen est je pense bien retranscrit malgré les qqes anachronismes si j’ai bien compris. Les pouvoirs des Xmen sont toujours aussi stylé (moi j’aime bien les animations de Shaw!), Magnéto est toujours aussi badass, la téléportation (surtout qd elle est bien mise en scène) est toujours le meilleur pouvoir imaginable (: .
      Les costumes bleu et jaune : enfin! Ras le bol du « ouais on est trop dark on met que du noir comme dans Twilight »!

      Et je me répète, McAvoy (Last king of scotland, quand même!), on en redemande.

      D’autres gens qui partagent le même avis sur certaines choses…?

      Et don’t get me wrong, j’ai quand même pas mal kiffé, je partage juste pas le même avis que Chase sur certaines choses.

  • Reply
    Chase
    03 Juin 2011 7:00

    Il est normal qu’on sache comment tout va se terminer ou que tu trouves Magneto prévisible, puisqu’on connaît la suite. =D C’est un peu comme Star Wars Episode 3 quoi. (en mieux, quand même).
    Vaughn compare son First Class à Batman Begins, et il a pas tort. Il ne fait qu’introduire les personnages, il les fait évoluer vers leur destinée.

    Après, ouais, le problème de la campagne promo du film c’est qu’ils en ont trop fait parce que personne ne s’attendait à voir un nouveau X-Men cette année. Fallait faire comme moi et regarder juste le premier teaser. =D

    [SPOIIIIIL]
    Concernant Mystique, son attirance pour Beast est uniquement du au fait qu’il ne supporte pas son physique et doive se cacher. Sauf qu’il a eu la bonne idée de lui dire que personne ne la trouverait jamais belle telle qu’elle est, alors que Magneto au contraire la trouve magnifique. That’s all.
    [/SPOIL]

    L’histoire des Nazis c’est un passage obligé pour comprendre Erik quand même, et une thématique obligatoire dans la mythologie X-Men !

    • Reply
      Mortecouille
      03 Juin 2011 7:54

      Mouais
      Ca me convint assez ce que tu dis, notamment sur Mystique

  • Reply
    Gidzit
    04 Juin 2011 5:07

    Un point me chagrine qui est passé sous silence :
    Shaw / Schmit – d’ou lui vient son pouvoir?

    Car Schmit ne semble pas en avoir.

    Je trouve dommage qu’une scène ne montre pas cette acquisition. Sinon bon film dans l’ensemble.

    • Reply
      Chase
      04 Juin 2011 9:05

      Shaw est un mutant, il a donc son pouvoir depuis sa naissance. En tant que Schmidt, il n’en avait tout simplement pas conscience.

      Je trouve justement très bien de ne pas montrer la première fois où il a fait expérience de son pouvoir, ça laisse un bel effet de surprise lorsqu’il l’utilise.

  • Reply
    Kaiymu
    06 Juin 2011 9:59

    Je ressors tout chauds du film !

    Je confirme la critique, sur les plus et les moins, notamment les effets spéciaux qui « correct » parfois laisse vachement a désirés … !

    Au delà de ça, très bon film, j’ai beaucoup aimer découvrir la manière dont les personnages évolue au cours du temps, comment Charles et Erik finissent par se détacher etc …

    LA SUITE !

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