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Dota 2 : OG, récit d’un conte de fée e-sportif (Partie 1)

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Peu développée en France, la scène DOTA 2 a pourtant réussi à faire vibrer la majorité des fans d’e-sport grâce à l’événement annuel organisé par Valve : Theinternational. Compétition majeure qui aura vu pour la première fois de son histoire une équipe remporter le tournoi pour la deuxième fois et pour deux années consécutives. Retour sur l’histoire d’OG, l’équipe vers qui tous les regards sont désormais tournés.

DOTA 2 pour les nuls

Avant de rentrer dans le vif du sujet, et si vous pensez que Dota 2 est un obscur langage de programmation connu uniquement par une bande de nerds ne jurant que par les distributions LINUX les plus obscures, petite piqûre de rappel. DotA est un MOBA : Multiplayer Online Battle Arena. Démerdez vous avec … bon ok. Sorte de croisement entre un jeu de rôle, un jeu de stratégie et un tower defense, DotA est à la base un simple mod pour Warcraft III. Dans la peau d’un des nombreux héros du jeu, et avec l’aide de quatre coéquipiers, vous devez vous débarrasser des vagues de monstres ennemis et des héros contrôlés par vos adversaires afin d’engranger or et expérience. Ces deux ressources vous permettent de faire évoluer votre personnage ou acheter de l’équipement. Le but final étant de détruire le « Trône », bâtiment central de la base ennemie.

Différentes versions de DotA ont vu le jour, notamment DotA AllStars créé par Steve « Guinsoo » Freak, également créateur de League of Legends, le grand rival du jeu qui nous intéresse. C’est d’ailleurs à la suite du succès de League of Legends que Valve a sorti le carnet de chèque pour lancer DotA 2 avec l’aide d’Icefrog, un des géniteurs du mod original.

Lancé officiellement en 2013 après une longue période de bêta, DotA 2 a connu son premier événement « The International » en 2011 lors de la Gamescom qui avait vu la structure ukrainienne Natus Vincere remporter le cashprize historique de 1 000 000 de dollars.

DotA 2 est aujourd’hui, avec Counter Strike GO, le titre le plus joué sur Steam et représente une véritable cash machine pour Valve, en dépit de son modèle économique Free to Play. Un excellent argument pour ceux qui rechignent encore à tenter l’expérience.

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The International, le tournoi de tous les superlatifs

The International, ou TI, c’est un peu la coupe du monde de DoTa. Un tournoi organisé tous les ans au mois d’août et, théoriquement, ouvert à toutes les équipes même les plus modestes. Théoriquement car pour avoir le droit de se battre pour l’Aegis of The Immortal, le nom du trophée remis en jeu chaque année, différents parcours sont possibles. Le premier est basé sur un système de points appelés « DPC » pour Dota Pro Circuit.

Tout au long de l’année, des tournois appelés « Major » sont organisés par Valve en partenariat avec une structure spécialisée dans l’e-sport. La participation à ces tournois est soumise à des qualifications. Pour participer à ces qualifications, là aussi deux possibilités : l’invitation directe réservée aux plus grosses structures ou le passage par un tournoi « Minor » dont la victoire garantie un accès aux qualifications.

A la fin de la saison régulière, les meilleures équipes gagnent leur sésame pour le tournoi. Deux équipes sont également sélectionnées via un système de qualifications ouvertes. Enfin, quelques jours avant, les différentes équipes sont réparties dans deux poules différentes. Chaque équipe joue deux manches contre les autres équipes de sa poule. Les quatre premiers de chaque groupes finissent dans le « Winner bracket », branche haute de l’événement principal. Les quatre suivantes dans le « Loser Bracket » et seront éliminés en cas de défaite. Les deux dernières équipes de chaque groupe ne participent pas au Main Event.

Si The International est souvent cité comme l’un des événements majeurs de la scène e-sport, c’est également pour son cash prize astronomique capable de battre des records chaque année. Valve finance une partie de ce cash prize. Le reste est financé par la vente d’un Battle Pass que les joueurs peuvent faire monter en niveau. Pour cela deux moyens :

  • Acheter de l’XP directement.
  • Remplir des objectifs qui varient tout au long du tournoi.
  • Parier sur différents éléments. Les paris réussis rapportent de l’expérience.

Plus le niveau du Battle Pass est élevé, plus les récompenses sont nombreuses : skins de carte ou de héros, emotes …

Une partie des recettes obtenues par la vente du Battle Pass part directement dans le Cash Prize. Cette année, le Prize Pool a atteint la somme record de 34 330 068 dollars dont 15 620 181 dollars pour l’équipe qui soulèvera l’Aegis of The Immortal. Cette année c’est donc OG qui a remporté le pactole et c’est cette équipe à l’histoire atypique qui nous intéresse aujourd’hui.

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OG : Petit poucet deviendra grand

L’histoire d’OG commence à l’initiative de Johan « N0tail » Sundstein, déjà passé les équipes Fnatic, Team Secret puis Cloud9. A l’époque, N0tail est déjà un joueur reconnu et respecté, notamment par Tal « Fly » Aiziki, partenaire depuis plusieurs années et qui l’aidera à monter l’équipe qui deviendra OG. D’abord connu sous le nom de Monkey Business, le projet des deux compères à l’époque consiste à trouver des joueurs ayant le même état d’esprit qu’eux afin d’obtenir une véritable cohésion d’équipe. Là où les grandes structures recrutent habituellement leurs joueurs directement sur le circuit pro, N0tail et Fly n’hésitent pas à recruter des amateurs n’ayant aucune expérience du jeu professionnel. C’est le cas notamment pour Amer « Miracle-» Al-Barkawi que le joueur danois remarque sur des parties publiques. Fly de son coté recrute son ancien partenaire David « MoonMeander » Tan avec qui il a eu l’occasion de joueur chez Complexity Gaming pendant quelques mois. Il recrute également Andres Franck « Cr1t -» Nielsen, joueur évoluant habituellement dans des équipes Tiers 2- Tiers 3.

Nous sommes en Novembre 2015 et un nouveau système de Major vient d’être mis en place par Valve. Ce tout premier tournoi prend place à Francfort et les plus grandes équipes sont réunies : Team Secret, EHome, LGD ou Evil Geniuses. Face à des équipes venues des quatre coins du monde et, pour certaines, déjà championnes du monde ou détentrices de nombreux titres, OG fait forcément figure d’underdogs.

Des joueurs considérés comme moyens et n’ayant pas l’habitude de jouer ensemble face aux plus grandes équipes du monde, peu de chance qu’un miracle se produise. Les phases de poules donnent d’ailleurs raison à ces pronostics, OG ne finissant que troisième de son groupe, l’équipe est directement reléguée en Loser Bracket et devra affronter Fnatic en BO1 (match en une seule manche gagnante).

Contre toutes attentes, OG réussi à sortir vainqueur de ce premier match puis commence à remonter le loser bracket, se payant même le luxe d’éliminer Virtus.Pro, l’une des plus grandes équipes de l’histoire de DoTa 2 puis EHome, finaliste de la première édition de The International. La grande finale se joue finalement entre Team Secret, grand favori et OG. Encore une fois, contre toutes attentes, OG réussi à gagner le BO 5 (La meilleure équipe sur 5 matchs), déjouant ainsi tous les pronostics et remportant le tout premier Major DotA 2 organisé par Valve. Le duo N0tail/Fly fonctionne à merveille et en quelques jours OG passe d’équipe inconnue à nouveau prétendant au titre le plus convoité.

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L’équipe originale formée par N0tail et Fly en 2016

C’est Français monsieur !

En dépit de cette victoire, l’équipe n’est pas sereine. La pression est difficile à gérer et le groupe a peur de s’effondrer rapidement, les résultats commencent d’ailleurs à s’en ressentir. Pour essayer de pallier à cela, l’équipe décide d’embaucher un coach qui sera là pour les assister dans leur objectif.

Pour ça, il leur faut un homme d’expérience, mature et ayant l’habitude des compétitions. Sébastien «7ckngMad» Debs a d’ores et déjà quitté la scène pro mais semble réunir toutes les qualités pour coacher OG. Le joueur français a déjà participé à The International et a même été consultant pour l’Electronic Sports League (ESL). A ce moment-là, 7ckngMad n’a plus joué à haut niveau depuis au moins trois ans mais ça n’empêche pas OG de le contacter via Twitter afin de lui proposer ce projet. Après un bref refus, 7ckngMad accepte finalement de prendre part à l’aventure et se joint à OG en Mai 2016. Après une troisième place à l’Epicenter et une première place à la Dreamleague Season 5, il est temps de s’envoler pour Manille pour le nouveau Major.

Après quelques mois de vache maigre, l’arrivée de 7ckngMad permet à l’équipe de renouer avec le succès. L’ancien joueur français, en mettant à profit son expérience et ses incroyables capacités d’analyse, permets à OG de s’imposer et de remporter un deuxième Major, devenant l’équipe à abattre pour The International 6 au mois d’août 2016.

Plus dure sera la chute

Le tournoi commence bien et OG réussi a arracher la première place de son groupe, s’assurant une place en winner bracket. Malheureusement les choses s’accélèrent. Avec le recul, les joueurs mettent aujourd’hui ça sur le compte du manque de maturité et le manque d’expérience empêchant de bien gérer la pression. The International est un tournoi vraiment à part. Il s’agit d’un marathon et le moindre grain de sable dans la machine peut mettre en péril toute une année de travail en quelques minutes. OG perd son premier match en winner bracket 2-1 contre les coréens de MVP Phoenix puis quitte le tournoi après une défaite 2-0 contre TNC Predator.

Après une déconvenue pareille, il est de coutume que des changements soient effectués dans les équipes. La période suivant The International est généralement propice aux différents mouvements de joueurs entre les équipes, à l’instar des mercatos dans le sport traditionnel. C’est d’abord MoonMeander qui quitte OG pour partir chez Digital Chaos. Cr1t, lui, souhaite tenter sa chance chez Evil Geniuses, célèbre structure ayant déjà remportée l’édition 2015 de The International et ayant réussi à se hisser à la troisième place cette année-là. Ce résultat, ils le doivent notamment au concours de Sumail « SumaiL » Hassan, régulièrement surnommé « The King » au vu de ses performances. Miracle-, sentant que le navire commence sérieusement à prendre l’eau, décide lui aussi de quitter l’aventure et se tourne vers Team Liquid, là aussi une structure bien plus importante.

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Tous les ans, Valve parvient à remplir des salles mythiques en réunissant les fans de DotA 2. L’édition 2017 se déroulait à Seattle.

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N0tail et Fly, considérés comme LE duo inséparable de DotA, souhaitent continuer l’aventure ensemble et se mettent à la recherche de nouveaux talents pour rebâtir l’équipe sur cette base. Gustav « S4 » Magnusson, déjà vainqueur de TI3, sera le premier à rejoindre l’aventure en tant que joueur Position 3. Jesse « JerAx » Vainnika, considéré comme le meilleur joueur Position 4 à cette époque, rejoint lui aussi l’aventure. C’est Anathan « Ana » Pham qui prendra la place de Position 1-2 laissée vacante par Miracle-. La décision a de quoi surprendre, le jeune joueur n’a quasiment aucune expérience en tant que pro, si ce n’est un bref passage en tant que remplaçant chez les chinois de Invictus Gaming. Qu’à cela ne tienne, 7ckngMad et N0tail croient en leur poulain, et le fait de jouer chaque jour avec lui les conforte dans ce choix. Pour eux, Ana est un véritable talent brut qui ne demande qu’à être poli pour révéler tout son éclat.

Après quelques tournois de préparation, OG est invité au Major de Boston au mois de Décembre 2016. Cette nouvelle version de OG a tout à prouver avec un roster complétement bouleversé depuis The International. En quelques matchs, OG parvient à faire taire toutes les critiques, menés notamment par un JerAx absolument magistral dans son rôle. Son style de jeu permet à OG d’imposer son rythme dans pratiquement chaque partie avant de s’imposer 3-1 contre Ad-Finem.

L’équipe est en forme, la formule fonctionne et OG parvient à arracher une seconde place au Dota Pit Season 5, un Top 4 StarLadder et une seconde place au DotA 2 Asia Championship 2017. Prochaine étape : le Major de Kiev au mois d’Avril 2017. Cette fois c’est Ana qui mène la danse. Faisant montre d’une confiance absolue en son jeu, le jeune Australien impose une pression de tous les instants à ses adversaires faisant. OG vient de réussir l’exploit de remporter deux Major d’affilée, du jamais vu à ce jour. La formule mise en place par N0Tail, Fly et 7ckngMad semble porter ses fruits et l’équipe se retrouve de nouveau en position de favorite pour The International en Août 2017.

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La seconde version de l’équipe avec l’arrivée de Ana, Jerax et S4

La descente aux enfers

Avec quatre majors en poche depuis leur création, tout le monde s’attend forcément à voir OG performer lors de The International 7. Dès les phases de groupe, OG est fébrile et ne parvient pas à s’imposer facilement. Ils commencent le Main Event directement en loser bracket en affrontant les péruviens d’Infamous. Match remporté 1-0, avant de retomber contre ceux qui les ont éliminés lors de l’édition précédent, les asiatiques de TNC. Cette fois OG parvient à éviter le piège et réussi à éliminer TNC 2-0. Toutefois, c’est encore une fois une équipe asiatique qui éliminera OG 2-0 lors de la manche suivante. Ana ne parvient pas à trouver ses marques et déçoit, entrainant de facto l’élimination de la squad qui devra se contenter d’une 8ème position. A ce moment, tout le monde se demande si OG a ce qu’il faut pour réussir à s’imposer un jour à The International.

Cette défaite est un véritable coup dur pour l’équipe et encore plus pour Ana. Le joueur âgé de seulement 17 ans ne parvient plus à gérer la pression et les retours négatifs des fans. Il décide de se retirer de la scène compétitive et quitte OG quelques jours après la compétition. Il sera remplacé par le joueur ukrainien Roman « Resolut1on » Fominok qui reprendra le rôle de position 2.

Cette nouvelle line-up ne permet pas à OG de se qualifier pour le premier événement majeur de la saison 2017-2018, le StarLadder Invitational. Ce tournoi est le premier d’un nouveau système de qualification mis en place par Valve et basé sur un nombre de points à gagner tout au long de la saison pour se qualifier à The International. Un premier tournoi remporté par Team Liquid, déjà vainqueur de The International 2017.

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Le premier tournoi auquel OG arrive à se qualifier arrive au mois de Novembre 2017 avec le Dota Pit. Malheureusement, là encore, la squad ne brille pas et est éliminée rapidement, se contentant d’une 6ème place n’offrant aucun point Dota Pro Circuit (DPC). OG parvient toutefois à se qualifier pour le prochain événement majeur : la MDL de Macau. Une victoire au Captains Draft 4.0 organisé par Dota Cinema permet également à l’équipe de se rassurer. Les premiers points DPC, eux, seront remportés suite à une troisième place au Dota Summit 8 en décembre 2017. En ce mois de décembre, l’équipe parvient également à rafler la première place au Main Event de la MDL Macau en battant une nouvelle fois TNC.

La suite est bien moins reluisante : OG, parvenant régulièrement à se qualifier aux différents événements, reste incapable de briller lors des tournois. L’équipe se contente d’une maigre 7ème place à l’ESL One de Katowice et une neuvième place au Major de Bucharest au mois de Mars. Là encore, ces résultats ne permettent d’engranger aucun point DPC. Pire, Resolut1on annonce son départ de la squad et 7ckngMad, le coach de l’équipe, est obligé d’assurer le poste de remplaçant.

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Ce changement a également pour conséquence d’empêcher OG d’être invité directement à The International 2018 ou aux qualifications régionales. Une seule solution pour participer : l’Open Qualifier permettant à n’importe quelle équipe de tenter sa chance lors du tournoi régional permettant d’obtenir le sésame pour le tournoi. Sachant que plus de 500 équipes participent, que les matchs se jouent en élimination directe jusqu’aux quarts de final et que seules deux équipes peuvent décrocher une place aux qualifications, réussir à se hisser en haut du tableau n’est absolument pas garanti. D’autant plus que les résultats de l’équipe ne sont pas forcément rassurants, avec toujours des top 8 arrachés difficilement lors des tournois. Et le pire reste encore à venir.

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