Interviews 3

[ITW] Aleksi Briclot


  • Kiss My Geek : Aleksi, merci de nous recevoir pour Kiss My Geek ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Aleksi Briclot : Je suis un faiseur d’images. Je travaille dans l’illustration, que ce soit pour des bouquins, des visus de packaging, des cartes à jouer, de la bande-dessinée, du comics, de la narration, ou encore en tant que concept artist et directeur artistique pour le jeu vidéo.

 

  • KMG : Tu as participé à de nombreux univers (Marvel, WoW, Magic, etc.). Parmi tous ceux-là, vers lequel ta préférence va-t-elle ?

A. B. : Je n’ai pas vraiment de préférence. Il me tient à cœur de rester éclectique pour me renouveler. Faire de la BD ou du jeu vidéo ça n’est pas du tout la même chose. Les problématiques ne sont absolument pas les mêmes. J’aime changer, me renouveler, être confronté à différentes choses. Et même si parfois j’ai été confronté à des contraintes qui me plaisaient moyennement à la base (des designs imposés, des univers que j’aimais moins), je trouve toujours la façon d’appréhender les choses pour que ce soit positif au final. Je prends tout ça comme un challenge ; j’ai les compétences pour magnifier quelque chose, même si la base est moyenne. Dans ce processus, cet exercice de style, je trouve toujours mon compte.

 

  • KMG : Et parmi tous les héros sur lesquels tu as travaillé, y’en a-t-il un dont tu te sens plus proches que les autres ?

A. B. : Pas vraiment non plus. Y’en a pas mal que je kiffe, mais je crois que je peux aimer autant développer un personnage dans un contexte science-fiction ou contemporain, qu’un gros chevalier en armure, ou encore une créature où on va plutôt travailler sur le too much…

 

  • KMG : Peux-tu nous dire quelques mots au sujet de DONTNOD, le studio de jeux vidéo que tu as co-créé ?

A. B. : Je ne peux pas beaucoup en parler parce que nous sommes toujours en développement. L’industrie du jeu vidéo à l’heure actuelle demande beaucoup de temps, les projets s’étalent sur plusieurs années, et le studio n’a que deux ans. On l’a co-fondé avec 4 autres personnes, et on en parlera plus tard quand on pourra commencer à communiquer sur ce qu’on a fait depuis le début.

 

Aleksi Briclot pour Kiss My Geek

 

  • KMG : Tu as travaillé sur différentes prods’ de jeux vidéo. T’est-il déjà arrivé d’avoir envie de toucher à d’autres domaines que celui de l’illustration ou du concept art ?

A. B. : Oui, il y a plein d’autres domaines qui m’intéressent. D’ailleurs il n’y a pas du concept art que dans le jeu vidéo, ça peut être aussi au cinéma. J’ai eu pas mal de propositions à ce niveau-là quand j’ai fondé DONTNOD. J’ai aussi travaillé sur la graphic novel Spawn, le livre illustré Merlin, etc. Il y a pas mal de choses liées à l’image qui pourraient m’intéresser. J’ai aussi eu quelques connexions dans le monde de la musique, mais qui tournaient toujours autour du visuel et qui pourraient m’ouvrir de nouvelles portes. Et puis j’aimerais bien faire un livre pour enfants, de la sculpture, et encore plein d’autres trucs.

 

  • KMG : Ton artbook Worlds & Wonders vient de sortir ; quelles ont été les principales difficultés que tu as rencontré pour sa création ?

A. B. : Aucune. Ça s’est super bien passé dès le début. Le processus a été assez particulier. J’avais envie de faire un artbook parce que j’adore ça. Depuis pas mal de temps j’en avais parlé, ou bien certains éditeurs étaient venus m’en parler, certains US, d’autres francophones. Et finalement, ça a été les retrouvailles avec l’équipe de CFSL Ink qui est une petite structure extrêmement dynamique, composée par Karine Ness, Carlos Made et Nicolab. Ils ne sont pas très loin d’où j’habite, ce sont des amis depuis pas mal de temps, on partage beaucoup de choses en commun. En gros je suis passé un matin prendre le café pour leur parler du projet, et quand je suis reparti c’était signé, et on a attaqué le bouquin très vite. Y’a eu pas mal de travail, mais ça a vraiment été une super collaboration.

 

  • KMG : Du coup, les meilleurs souvenirs que tu tires de cette collaboration ?

A. B. : Plein ! Notamment le rapport amical sur le fait de travailler sur un projet. Ça a été particulier pour moi ; c’était « mon » beau livre, 12 ans de ma vie, je suis au « centre de tout », tout tourne autour de moi et de mon travail… Mais y’a eu plusieurs phases où on s’est retrouvés à devoir bosser sur le bouquin dans le rush. Le travail d’équipe en petite structure permet de sentir l’énergie de tous aller dans le même sens ; de faire un bouquin super beau qui défonce et de donner son maximum. C’était vraiment plaisant parce que je le sentais chez eux, au niveau de leur soutien. J’ai pas mal d’expérience en ce qui concerne la création de livres, que ce soit en BD, en comics, ou bien sur des projets de longue haleine comme pour Merlin, et il y a toujours un moment douloureux à cause des dead-lines, du rush… Et c’est vraiment cool d’avoir une relation humaine en terme de soutien, de suivi… Apprécier les gens avec qui tu travailles ça donne envie de se défoncer et de pousser la machine plus loin.

 

Aleksi Briclot pour Kiss My Geek

 

  • KMG : Du coup tu envisages de faire un deuxième artbook ?

A. B. : J’envisage plein de choses ! Pour faire un deuxième artbook, il faudrait attendre encore 5 ou 6 ans pour pouvoir compiler autant d’images, même si j’ai un peu d’avance. Après est-ce que ce serait un livre qui reprendrait comme Worlds & Wonders la majorité de mes projets, ou bien plutôt faire un livre illustré ? J’y pense également. C’est peut être encore un peu tôt pour en parler, mais pourquoi ne pas développer un petit projet comme pour Merlin, avec une thématique, une narration, et puis après à moi de produire les images ? Mais c’est beaucoup de boulot, et avec déjà ce que j’ai sur le feu, ça ne va pas être pour l’année prochaine.

 

  • KMG : Qu’est-ce qui t’inspire le plus au quotidien pour ton travail ?

A. B. : Tellement de choses… Ça dépend des projets. Ça peut être un magazine (pas forcément avec un support visuel), un bouquin, une série télé, un documentaire, des artbooks… D’un côté il y a l’inspiration, et de l’autre le besoin de se documenter. Professionnellement, il faut creuser, trouver des références pour engranger un maximum de données sur le sujet que tu dois traiter. Pour moi ça fait partie du job, et c’est ce qui fait la différence avec d’autres professionnels.

 

  • KMG : Si tu devais nommer tes grands « maîtres » de l’illustration et du concept art ?

A. B. : Difficile de sortir quelques noms. J’ai la chance d’avoir rencontré pas mal d’artistes dont j’admire énormément le travail, et beaucoup sont des amis à moi. Il y a pas mal de noms d’invités dans mon artbook qui m’ont laissé une petite réflexion de travail, une petite anecdote, qui émaillent et ramènent un peu de chaleur dans le livre. Ce sont des choses qui m’ont énormément touché ; il y a un paquet de gars, de la préface à la post-face, qui comptent beaucoup pour moi et que j’admire beaucoup.

 

Aleksi Briclot pour Kiss My Geek

 

  • KMG : T’es-tu fixé un objectif personnel à atteindre en tant qu’artiste ?

A. B. : J’en ai plusieurs. Continuer à avancer, produire des choses intéressantes et qui me plaisent. La sortie de l’artbook permet de relativiser sur les projets que j’ai faits depuis 12 ans. Je me dis que j’aimerais ralentir le rythme, profiter un peu plus de ce que je fais, essayer des nouvelles voies et toujours rester curieux. Je voudrais continuer à faire un maximum de choses différentes pour toujours me renouveler, et avoir du fun à le faire.

 

  • KMG : Est-ce qu’il y a un type de projet auquel tu rêverais de participer ?

A. B. : Dans le cinéma peut-être. On m’a fait pas mal de propositions, mais j’étais déjà occupé avec la création de notre studio de jeux vidéo DONTNOD. Avec les livres d’enfants et la sculpture, tout ça dépend de beaucoup de paramètres, des gens qui viennent vers moi, de ce qui peut se passer dans ma tête à ce moment là. Autant dire que ça pourrait prendre pas mal de formes différentes.

 

  • KMG : A ce sujet-là, as-tu des projets en cours ou à venir ?

A. B. : Les livres pour enfants c’est une envie qui traîne depuis très longtemps. Le fait d’en parler va peut-être initier des choses. Là j’ouvre ma gueule et j’en parle de temps en temps quand on me demande quels sont mes projets. Si je continue à en parler il va arriver un moment où les choses se feront et où je ne pourrai plus reculer ! Ça pourrait être une façon d’initier tout ça.

 

Aleksi Briclot pour Kiss My Geek

 

  • KMG : C’est maintenant la deuxième partie de l’interview où nous allons parler de toi en tant que geek. Quel est ton premier souvenir de geek ?

A. B. : Y’a eu Star Wars forcément, même si c’est un peu bateau. Et la découverte de Marvel ; Strange, les X-Men, etc. Au niveau du cinéma, ne serait-ce que Terminator où j’ai pris une grosse claque ; comment créer une impression de vie, créer les créatures, le travail des maquilleurs avant l’avènement de la CGI, de l’image de synthèse, etc. J’étais féru du travail des maquilleurs traditionnels avec les prothèses en latex, l’animatronic, le rapport à la sculpture et à la photographie intégrés dans un film. J’ai eu ma période hardcore où je n’avais pas vu les films mais je connaissais les noms des maquilleurs qui avaient bossé dessus.

 

  • KMG : A quoi joues-tu en ce moment ?

A. B. : Les derniers jeux auxquels j’ai touché sont Bad Company 2 pour me défouler, et God of War III.

 

  • KMG : Et que lis-tu en ce moment ?

A. B. : En comics j’en consomme encore pas mal, dont certains plus « légers » surtout pour me tenir au courant. Je lis les séries Marvel puisque je bosse pour eux, Spawn de temps en temps, juste comme ça pour voir un petit peu ce qui se fait. Sinon j’ai découvert la nouvelle série manga d’Urasawa. Je lis aussi quelques auteurs de comics comme Ed Brubaker, Mark Millar, Michael Bendis

 

  • KMG : Tu as beaucoup voyagé pour ton travail ; y a-t-il une anecdote de salon ou de dédicace qui t’a marqué plus que les autres ?

A. B. : J’étais à Porto Rico pour un salon Magic, je croise un mec du staff qui me dit qu’il vient de croiser Benicio Del Toro dans l’ascenseur. La classe ! Dans le même hôtel le soir, je croise Lil’ Kim (que je ne connaissais pas du tout) et il y avait tout un attroupement de personnes… Il y a aussi Barcelone où pendant une dédicace j’avais pris une pause déjeuner. Quand je suis revenu c’était le chaos dans la file, avec tous ces gens qui attendaient. C’est quelque chose qui moi m’embarrasse beaucoup. Y’a des mecs qui étaient en train de se foutre sur la gueule littéralement à cause de l’ordre dans la queue. J’ai dû demander à des gens du staff de venir me filer un coup de main. Et là, un vigile qui n’était pas de l’équipe Magic mais qui travaillait pour l’espace de convention, est arrivé et a voulu m’aider au mieux. Il a fait le flic en gueulant un peu sur les gens… Et puis il s’est posté à 30 centimètres de moi pendant que je dédicaçais, avec sa posture de flic, sauvage… J’étais super embarrassé et ça m’a stressé encore plus que les gens eux-mêmes.

 

  • KMG : Merci à toi Aleksi !

 

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3 Comments

  • Reply
    Jay
    17 Déc 2010 6:42

    Ce gars est un tueur, j’ai une dédi sur mon worlds ans wonderss 😉
     

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