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[Test] Train Fever

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Si le nom de Railroad Tycoon suffit à certain pour avoir un franc sourire aux lèvres, on ne peut pas pour autant dire que le secteur du jeu de gestion ferroviaire soit saturé. Urban Games entend bien palier à ce manque en nous proposant Train Fever, qui tente de rendre hommages aux classiques du genre tout en modernisant le tout. Est-ce pour autant suffisant pour devenir un classique instantané ?

Financé pour 250 000€ sur la plateforme Gamebitious, qui permet à ceux qui ont soutenu le titre de recevoir une partie financière selon les résultats de vente, Train Fever est développé par le studio suisse Urban Games dont la philosophie est de rester à l’écoute des joueurs pour améliorer son jeu. Et croyez moi, ils vont avoir un peu de boulot.

Mot d’ordre : débrouille toi

Les premières heures sur le jeu seront des plus déroutantes. D’abord, en lançant votre partie, vous n’aurez que la possibilité de choisir votre difficulté et la taille de la map. Des objectifs de missions ? Une campagne ? Non, rien de tout ça. On aborde le jeu sans vraiment savoir ce que l’on doit faire et ce n’est pas le tutoriel vous expliquant uniquement comment créer des lignes de bus et ferroviaires qui vont vous aider. On se retrouve donc à créer des lignes sans trop comprendre comment cela fonctionne, et bien entendu, à perdre de l’argent sans réellement en gagner, menant inévitablement à la banqueroute et donc au game over. Fort heureusement, quelques joueurs bien sympathiques ont d’ores et déjà pallié à ce défaut en écrivant quelques guides. Un comble.





Bus Fever

Pourtant le jeu recèle de mécanismes bien pensés. Tout d’abord, parlons de la map. Sur celle-ci, vous trouverez plusieurs villes non connectées entre elle, disposant d’un nombre différent d’habitant, mais aussi de zones urbaines, marchandes et industrielles. Le but du jeu est de les faire évoluer en favorisant les transits de personnes et de matières premières. Étonnamment, la première chose à faire n’est pas de créer une ligne de train entre elles. Non, la chose primordiale est de créer un réseau de ligne de bus pour que les habitants aillent plus vite de leur zone résidentielle vers leur lieu de travail. Il faut alors se creuser quelque peu les méninges pour définir les trajets optimales puisque si Jean-Jacques passe trop de temps dans son bus, il préférera aller au boulot à pied. Concrètement, il suffit de créer un dépôt de bus et de positionner des arrêts sur les bords des routes, puis de créer une ligne, et enfin d’acheter les véhicules. Sur ce point, le jeu est on ne peut plus simple. Si tout va bien, vous verrez alors l’argent venir. Les recettes viennent, certes, mais vous vous rendrez vite compte que ce n’est pas comme ça que vous deviendrez millionnaire.





Pour engranger plus de dollars, il faut compter sur l’industrie ! Et pour cela, le principe est encore une fois assez simple (lorsqu’on le connait, erm). Sur la map sont indiquées des zones regorgeant de matière première et d’usine de transformation. Il suffit de les connecter entre elle. Il faut établir une ligne qui transporte par véhicule les matières premières aux usines, et des usines aux zones industrielles de la ville. Là encore, si tout est fait correctement, vous verrez votre chiffre d’affaire grossir à vu d’œil, et mieux encore, vos villes vont s’étendre. Et qui dit plus grosse ville, dit plus grand population, dit plus de monde dans les bus, dit plus d’argent engrangé ! Élémentaire mon cher Watson ! Et c’est à ce moment là qu’on se dit « mais, je joue à un jeu de gestion de train ou à RATP Simulator là ? ». Pas de panique, des trains, vous en aurez.


Choo choo

Une fois que vos villes commencent à être prospères, vous pourrez les connecter entre elle. Cela commence inévitablement par la création d’une gare où vous pouvez définir le nombre de voies mais aussi sa taille, puis par établir les voies. Et là le jeu prend en compte une variable assez intéressante : les reliefs du paysage. A vous de choisir le trajet idéal pour vos trains. Il arrive par exemple d’avoir le choix entre passer par un tunnel et donc inexorablement une vitesse plus réduite possible pour vos trains, ou de passer sur le relief, ce qui vous coûtera bien plus cher. A ce sujet, le jeu propose un éditeur automatique pour vos lignes. Concrètement, vous pouvez définir les points de départ et d’arrivée de vos lignes. Cela aurait pu être une excellente idée si l’on ne se retrouverai pas 9 fois sur 10 avec un élément du paysage qui vous en empêche. Que ce soit à cause d’une route ou un nivellement trop élevé, le jeu refuse tout bonnement votre ligne. Finalement c’est par la voie manuelle que l’on procédera, et bonjour les galères. Combien de fois me suis-je retrouvé avec deux parcelles de voies qui ne se rejoignent pas ? Ou parce que le terrain était soit disant trop creux ? Bref, c’est l’enfer et nos lignes partent au final dans tous les sens. On regrettera aussi l’absence d’un système d’aiguillage qui nous oblige à ruser à l’aide des feux d’arrêt pour pouvoir intégrer plusieurs trains sur la même voie. 




Train Fever prend le parti pris de vous faire vivre l’évolution des trains de 1850 à l’an 2000. Cela passe donc inévitablement par le passage des trains à vapeur à ceux alimentés par électricité, et donc par une amélioration obligatoire de vos lignes, mais aussi par un nombre croissant de wagons et locomotives et disponibles. Un bon gros point pour les gros fans du genre. Et aussi un atout indispensable pour palier à l’obsolescence de vos trains, puisque plus ils sont vieux, plus ils vous coûtent en maintenance. Concernant les upgrades d’ailleurs, il est fâcheux de remarquer que vos gares n’ont pas la possibilité d’être améliorées. C’est légèrement stupide puisque pour ajouter une voie, il faudra la détruire pour en reconstruire une par dessus, et encore, lorsque cela est possible puisque la destruction d’un bâtiment entraîne une modification du terrain.


Business man, mais pas trop

Une fois vos lignes de train, de bus et d’acheminement de marchandises établies, il ne vous reste plus qu’à gérer tout ça. Enfin, gérer, c’est un bien grand mot puisque même si l’interface des finances est plutôt bien pensé, on ne contrôle quasiment rien. Vous pensiez pouvoir régler le prix des billets ? Raté. Vous pensiez pouvoir choisir à quel prix vendre vos marchandises ? Raté. Concrètement, tout cela se fait au petit bonheur la chance, et même si on sait très bien qu’une grosse partie des dépenses partira dans l’entretien des voies et des véhicules, on n’a absolument aucune emprise sur les revenues que l’on aura. Cela se traduit parfois par la création d’une ligne et l’achat d’un train qui vous coûtera la blinde, sans savoir réellement combien il vous rapportera, et qui vous mettra peut être dans le rouge, sans aucune raison explicite.

Au final, les années passent dans le jeu, et l’on se demande bien ce qu’on peut y faire une fois toutes les lignes créées. C’est là que l’on aurait aimé avoir des réels objectifs, autre que les trophées obtenus pour certaines actions, parce que l’ennui ne tarde pas à se faire voir et l’on se demande bien pourquoi on relancerait une nouvelle partie puisqu’au final, on a déjà fait le tour de toutes les possibilités.


En bref

Train Fever possède des atouts indéniables. Son système de gestion des lignes de bus et de marchandises oblige une certaine réflexion avant de passer à l’acte et le fait de suivre l’évolution des véhicules et trains à travers l’Histoire est une vraie bonne idée. Hélas, tout cela est véritablement terni par des énormes défauts notamment lors de la création des voies ferroviaires ou à cause de son système de gestion qui n’en est pas véritablement un. Finalement, on se demande si Train Fever n’est pas en early access et on compte sur Urban Games pour arranger tout ça, puisque le jeu possède de véritables atouts à faire valoir.

Train Fever – Développeur : Urban Games – PC – 25€ 

1 Comment

  • Reply
    Muppet
    21 Sep 2014 2:24

    Entièrement d’accord avec ce test qui résume bien la sensation de laisser sur sa faim qu’engendre ce jeu.

    J’ajouterai que le crime innommable c’est qu’il suffisait de prendre le gameplay inégalé de Transport Tycoon pour assurer un carton, c’est tout.

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