Cinéma Dans Ton Cinéma 1

[DTC] Sorties de la semaine



Cette semaine, pour mon plus grand désarroi, rien d’extraordinaire sur la toile. Et puisque je préfère ne pas parler du Mac avec José Garcia, ou encore de Valentine’s Day qui, pourtant, a dépassé Avatar au box-office américain cette semaine, je me « contenterai » de vous parler d’un seul film qui vaudra très certainement le coup d’oeil… Espérons que ce genre de situation reste exceptionnelle ! 🙂



Une affiche très kitsch : la marque de fabrique d'Anderson

Fantastic Mr. Fox (Wes Anderson)

Malgré les sorties plutôt maigres de ce mercredi, on notera tout de même la dernière création du loufoque Wes Anderson (La Vie aquatique, A bord du Darjeeling Limited) : un film d’animation en stop motion inspiré du livre éponyme de Roald Dahl. Contrairement à Wallace & Gromit, ce long-métrage ne propose pas de personnages en plastiline mais des marionnettes plus classiques, mises en mouvement image par image.

L’animation n’est pas tout à fait une première pour ce réalisateur qui jusque là s’était déjà prêté à ce genre d’exercice pour donner vie aux créatures de La Vie aquatique. C’est toutefois bien la première fois qu’il fait de cette technique un long métrage, et c’est plutôt réussi puisque cette œuvre a déjà été sélectionnée pour le Festival de comédie de l’Alpe d’Huez ainsi que, plus prestigieusement, pour les Oscars !

Vous l’aurez deviné, Fantastic Mr. Fox est là pour nous faire rire, sourire et rêver. L’univers vous fera peut-être penser aux Animaux du Bois de Quat’sous (lui aussi une adaptation d’un livre, mais celui de Colin Dann) puisque le héros de cette histoire est un renard, Mr. Fox, dont la petite vie paisible est bouleversée par la traque qu’entreprennent trois fermiers sur les terrains où lui et le reste de la faune locale cohabite. Pourquoi ? Tout simplement pour chasser ce renard voleur de poules qui n’a pas su se tenir tranquille !

Ce pitch qui semble plutôt enfantin prend pourtant beaucoup de saveur au sein d’une bande annonce qui éveille la curiosité. Quand on connaît le côté très atypique qu’Anderson parvient toujours à donner à ses films, on n’a pas à s’inquiéter pour la qualité de celui-ci. Ce long-métrage pourra donc être apprécié à plusieurs niveaux de compréhensions différents et ravira tant les enfants que les adultes. Peut-être même plus les adultes, d’ailleurs.

Peut-être certains d’entre vous se rappelleront-ils également d’un film d’animation très semblable, Le Roman de Renart de Ladislas Starewitch, lui-même adapté du récit médiéval bien connu des français. Il s’agit là également d’une grande source d’inspiration pour Wes Anderson et son équipe.

En outre, il est intéressant de savoir que le réalisateur attribue une importance toute particulière au livre de Roald Dahl qui fut, en réalité, sa première découverte littéraire. Voilà déjà plus de dix ans qu’il réfléchissait à ce projet ! En outre, il a pu travailler sur son adaptation en restant au plus près des manuscrit de l’écrivain, ainsi que de la famille de ce dernier. Rien de mieux pour favoriser la mise en place d’un scénario fidèle à l’ambiance recherchée par l’auteur originel. Voici ce qu’Anderson témoigne :

Liccy m’a montré la célèbre cabane où son mari écrivait. Le soir, elle m’a laissé examiner les manuscrits de Roald Dahl. Un archiviste m’a fait me laver les mains deux fois avec un savon spécial et m’a demandé de fermer tous les rideaux et de verrouiller la porte quand j’aurais fini. J’étais seul avec des dizaines de brouillons écrits à la main. Il y avait plein de dessins de Roald Dahl dans les marges, et cela m’a permis de comprendre comment il créait ses histoires. J’avais le sentiment qu’il était avec moi, et qu’il regardait par-dessus mon épaule.

Pour en revenir au film en lui-même, vous savez qu’il est souvent coutume d’attribuer les voix des rôles principaux à de grands acteurs. Pour la version anglophone, vous pourrez donc retrouver rien de moins que George Clooney (Mr. Fox), Meryl Streep (Mrs. Fox), Jason Schwartzman, Willem Dafoe, Adrien Brody, Owen Wilson ou encore Bill Murray, l’un des acteurs fétiches d’Anderson.

Pour la version française vous aurez droit, entres autres, aux voix de Mathieu Amalric et d’Isabelle Hupert.

J’aimerais terminer cette petite chronique par une citation à la fois amusante et impressionnante :

Au final, 4000 accessoires, 500 marionnettes et 150 décors (dont certains mesurant plus de 10m de long) ont été nécessaires pour réaliser le film. 5229 plans et 621,450 photos ont été enregistrées, et tous les jours 120 gigaoctets de données étaient générées (18,5 téraoctets de données ont été conservées au final).

Un autre petit détail amusant que vous remarquerez peut-être si vous allez voir le film : les animaux ne clignent jamais des yeux ! Cela a été imposé par Wes Anderson mais, afin que ça ne nuise pas au rythme du film, les marionnettes ont été dotées d’yeux le plus réaliste possible.

Ce sera donc très certainement un plaisir de retrouver une nouvelle adaptation de Roald Dahl au cinéma, qui plus est lorsqu’elle est réalisée par l’homme surprenant qu’est Wes Anderson. Rappelez-vous les précédentes mises sur toile de l’œuvre de l’écrivain, et qui avaient déjà eu bien du succès. : Charlie et la Chocolaterie (Mel Stuart), ou encore James et la pêche géante (Henry Selick) !

Rien de moins je l’espère pour vous convaincre d’aller tambour battant au cinéma !

Site officiel

Lectures

Mutafukaz : Révélations. Tome 3 dispo !

Enfin ! Le tome 3 de Mutafukaz, « Révélations », est disponible. Le talentueux Run nous offre le come-back tant attendu de ses héros : Angelino et Vinz.

Mutafukaz 3 : Révélations

Ce tome 3 à la couverture plus messianique que jamais ne serait-il pas un clin d’œil teinté d’auto-dérision fait aux fans qui attendaient ce troisième opus comme une bande d’apôtres en quête de leur leader absolu ? « Révélations » porte bien son nom : cette épisode des aventures d’Angelino et de Vinz vous éclairera sur la plupart des questions que posaient les deux premiers tomes.

Mais pour ceux qui ne connaîtraient pas Mutafukaz, faisons les présentations.

Cette BD au style totalement atypique est issue des menottes de Run, un illustrateur totalement ancré dans la sub-culture des fans de série Z, amoureux des States et de tout ce qu’on y trouve, du meilleur comme du pire. C’est cette esthétique complètement décalée, presque dévergondée, qu’il retranscrit dans Mutafukaz en baignant le scénario dans une ambiance toute particulière au sein de laquelle se mêlent de bonnes doses de mythes conspirationnistes, de SF stéréotypée, de bombas latinas, de guerres des gangs, et autres références clichés propres à la culture afro-latino-américaine qui baignent nos nanars adorés.

Pour autant, Mutafukaz est loin d’être un navet lui-même. Cette bande-dessinée, très proche du comics dans le style et les couleurs, est un condensé de clichés sublimé par un style graphique et scénaristique propre à son créateur. Cet univers particulier, aux accents de Street art, à la fois très noir et décomplexé, s’explique en partie lorsque l’on sait que Run est une grande figure du toy design français.

Run en plein travail pour Toy2R

Les fans de SF potache s’y retrouveront avec plaisir, et les amateurs de traits audacieux seront surpris par le coup de crayon de Run. Mutafukaz est un véritable hommage à tous les films à micro-budgets qui ont bercé notre enfance, à tous les mystères et légendes urbaines de notre génération et de celle de nos parents qui nous ont faits trembler ou rêver.

OVNIS, hommes en noir, catcheurs, bimbos siliconnées, guerres de gangs, kung fu… sont autant de genres et de thèmes qui se mélangent sans jamais déteindre. Mutafukaz a la qualité de toujours rester très cohérent, tout en restant fou et second degré.

Pour en revenir à l’histoire en elle-même, elle est plutôt simple en apparence. Angelino et Vinz sont deux amis vivant à Dark Meat City, une ville fictive des USA ayant son lot de ghettos et de police fédérale. A la suite d’un accident de scooter, Angelino se découvre d’étranges pouvoirs qui le placent au bord de la paranoïa. Cela ne fait que s’aggraver lorsqu’il constate qu’il est poursuivi par des hommes en noir, et traqué par une étrange section appelée Z-7. Sans qu’ils sachent réellement pourquoi, lui et Vinz, son colocataire et complice de toujours, sont contraints de fuir pour sauver leur peau. Comme si tout ceci ne suffisait pas, ils découvrent que le gouvernement a mis leur tête à prix en les faisant passer pour de dangereux criminels.

La deuxième page du tome 1 nous présente déjà un style graphique et une trame complètement décomplexés

Au cœur de ce complot sans limites dont la trame se délie peu à peu, nos deux amis sont confrontés à de surprenantes rencontres, à l’amour et à la trahison, au surnaturel, et à bien d’autres choses surprenantes, pour notre plus grand plaisir !

Le tome 2 se terminait sur une tonne de questions : pour quel véritable motif Angelino et Vinz sont-ils poursuivis ? D’où viennent les mystérieux pouvoir d’Angelino ? Qui sont ces catcheurs qui semblent concernés par l’histoire des deux compères ? Qu’est la section Z-7 ? Pour qui les hommes en noir travaillent-ils ? Quelles sont les étranges créatures auxquelles ils se sont confrontés ? Dieu existe-t-il ?!

Le tome 3 se charge de répondre à une partie d’entre elles tout en ayant le culot de réussir le pari suivant : nous faire attendre cœur battant le tome 4, plus encore que nous avions pu espérer le troisième !!!

Nous aimerions, avant de clore cet article, vous parler d’un dernier aspect de Mutafukaz loin d’être négligeable à nos yeux. Si le titre s’illustre par une qualité graphique et scénaristique, il faut aussi souligner la qualité matérielle des albums. L’épaisse couverture, le papier tantôt lourd et doux, léger et cartonné, ou encore la beauté de l’impression couleur, font honneur à toutes les personnes qui ont travaillé sur ce projet. « Révélations » nous propose, en outre, un effet de dorures sur la première et la quatrième de couverture totalement hypnotique qui, malheureusement, ne peux pas être retranscrit ici. Quand on considère le prix de ces livres, qui avoisine de très près celui d’une BD « classique », on peut dire sans rougir qu’on est loin de se faire avoir.

Inutile de vous dire, donc, que Kiss My Geek vous conseille très chaleureusement cette BD-comics-série Z tellement atypique.

Mutakufaz 3 : Révélations est publié par le Label 619 aux Editions Ankama. Vous pouvez vous le procurer pour la somme de 14,90€ dans toute bonne librairie.