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[Test] Dicey Dungeons

Dicey Dungeons

C’est avec surprise que j’ai découvert il y a quelques jours l’existence de Dicey Dungeons, le dernier jeu indé’ de Terry Cavanagh (VVVVVV, Super Hexagon…). Le créateur irlandais est connu pour ses concepts visuellement simplistes mais redoutables en terme de jouabilité. Inutile de vous dire que ses propositions nous rendent donc toujours curieux ! Avec Dicey Dungeons, Cavanagh s’est entouré d’une petite équipe de gens très talentueux pour nous proposer un jeu plus abouti cosmétiquement – il est donc temps de vérifier si l’habit fait le moine !


Donjons & Dés ronds

Les jeux de deck builders ont la côte depuis quelques temps déjà : que l’on parle très simplement d’Hearthstone, de Gwent, ou encore de Slay The Spire plus récemment, les cartes sont à la fête ! Et Dicey Dungeons s’inscrit complètement dans cette tendance.

En quelques mots, un jeu de deck builder est basé sur un système de cartes. Votre objectif est de vous constituer (build) le meilleur paquet de cartes (deck) pour aller affronter vos adversaires. Hérité des jeux du type Magic The Gathering, cette typologie se prête particulièrement bien au jeu vidéo et a un public tout trouvé ! Vous l’aurez compris, il s’agit de jeux à forte composante stratégique. Choisir les bonnes cartes, qui idéalement auront une synergie pour lancer des combos le moment venu, anticiper les faiblesses de l’ennemi, utiliser les bons atouts au juste moment… Voilà autant d’aspects qui font la force attractive des decks builders ! Ou la force répulsive… Les jeux de patience et de stratégie ne sont pas les grands amours de tout le monde !

Il y a un autre élément à ne pas sous-estimer dans ce type de jeux : la chance. En effet, tout le principe du jeu de carte repose sur la pioche ! Si vous êtes malchanceux, cela pourra donc tout aussi bien vous frustrer que vous amuser…

Dans Dicey Dungeons, cette composante de chance et d’autant plus flagrante à cause de ce qui est au cœur du jeu et de son nom : les dés !

En effet, le but ici est de vous constituer une main de jusqu’à 6 cartes fixes qui seront toujours disposées sur le plateau. Il n’y a donc pas de pioche à proprement parler (si l’on omet certaines classes un peu spécifiques – je préfère vous laisser la surprise). Tout va reposer sur votre lancer de dés. En effet, les pouvoirs de vos cartes s’activeront grâce aux dés que vous lancez ! Par exemple, si vous vous êtes équipé d’une carte attaque, celle-ci fera des dégâts à hauteur du jet de dé que vous lui attribuerez.

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À chaque début de tour, vos cartes se réinitialisent (elles sont généralement utilisables 1 fois par tour) et vous commencez en lançant vos dés. Si vous obtenez par exemple un 6 et que vous l’affectez à votre carte d’attaque : vous infligerez 6 points de dégâts à votre ennemi ! Et ainsi de suite. On reste donc dans du combat au tour par tour somme toute classique.

 La force de Dicey Dungeon est que Cavanagh parvient à articuler tout son jeu autour d’un concept très simple dont les multiples possibilités vont vous faire tourner la tête ! Il existe des dizaines et des dizaines de cartes différentes avec des effets originaux qu’il va vous falloir apprendre à maîtriser pour parvenir à bout du jeu qui se révèle proche d’un roguelike comme vous allez le voir…


Dé chiffres et dé lettres

Dicey Dungeon se dote d’un scénario simple mais amusant : vous faites partie d’un jeu « télévisé » dans lequel vous incarnez un combattant qui va devoir parcourir les 6 étages d’un donjon. Chaque étage recèle de monstres qu’il va vous falloir abattre. Chaque monstre tué vous rapporte de l’expérience et de l’or. L’expérience vous permet de gagner des niveaux qui augmentent votre vie et votre nombre de dés disponibles en début de tour. Quant à l’or il vous permet de débloquer de nouvelles cartes et améliorations auprès de marchands. Une composante RPG light qui n’est pas pour me déplaire…

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Au sixième étage vous attend un boss qui vous permettra de vous échapper du donjon. Chaque run étant généré aléatoirement, les monstres que vous rencontrerez (à l’exception du boss) ne seront jamais les mêmes. Voilà les notes de roguelike donc je vous parlais plus haut.

Au début d’une partie, il vous faudra également choisir entre 6 classes déblocables au fur et à mesure du jeu, parmi lesquelles le guerrier, le voleur, le robot…

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Chaque classe dispose de capacités et de cartes de départ différentes. Par exemple, le jeu du guerrier sera surtout basé sur l’attaque (Captain Obvious au rapport !), alors que le voleur a pour particularité de « copier » à chacun de ses tours l’une des cartes de l’adversaire ! J’aimerais ne pas vous spoiler les caractéristiques des 4 autres classes disponibles mais elles offrent des variétés de jouabilité radicalement différentes de celles – plus classiques – du guerrier et du voleur. Cette originalité permet d’aborder le jeu de façon totalement différente. En effet, bien que les règles de base ne changent pas, les contraintes imposées par les classes vous forceront à varier vos stratégies. Cela m’a fait penser à Into The Breach et à la variété amenée par les nouvelles armées déblocables… J’adore !

Une fois votre premier run réussi avec une classe, vous débloquez d’autres runs présentés comme des défis. Grosso modo, vous allez rejouer la même partie mais avec des handicaps allant du plus simple au plus tordu : les montres sont plus puissants, vous gagnez moins de vie à chaque niveau débloqué, vous avec 1 chance sur 2 de louper vos actions (ce défi a vidé mon stock de sel de Guérande), etc.

Malheureusement ces défis ne renouvellent pas assez l’intérêt du jeu à mon goût et le tout s’est avéré très vite assez répétitif. Le paradoxe de Dicey Dungeons est là pour moi : j’ai immédiatement et très fortement accroché au jeu, mais une fois les 6 classes débloquées j’ai eu l’impression (à peu de choses près) de refaire le même jeu en boucle et m’en suis retrouvée assez vite lassée…

Toutefois au fur et à mesure de mes journées de test, puisque j’ai eu accès au jeu quelques jours avant sa sortie, j’ai vu les concepteurs ajouter du contenu. J’ai donc bon espoir que le contenu proposé à la sortie du jeu ou dans les semaines qui suivront soit plus varié et renouvellent l’intérêt !


Les dés sont jetés

Avec Dicey Dungeons, initialement venu tout droit d’une game jam (comme beaucoup de jeux indés), Cavanagh montre son ambition de mettre un pied dans une production de niveau supérieur. Visuels travaillés de la très talentueuse Marlowe Dobbe, musique chiadée de Chipzel, jouabilité aux petits oignons… le tout pour moins de 12,50€ : Dicey Dungeons ne se moque pas de nous ! Tout n’est pas parfait et la répétitivité se frotte parfois à la frustration que tous les joueurs de jeux de deck building peuvent connaître (d’autant plus quand elle repose sur la chance d’un bon jet de dés) mais le résultat est là : on passe un bon moment. Et il est une chose qui ne trompe jamais. Quand, à la fin d’un run, on brûle d’en recommencer un immédiatement en balançant comme pour se convaincre : « allez, juste une dernière ! »


On a aimé :

  • L’identité visuelle très Cartoon Network
  • La diversité de jouabilité proposée par les différentes classes
  • L’originalité du concept

On a moins aimé :

  • La musique chouette mais pas assez variée
  • La jouabilité parfois trop répétitive
  • La difficulté bizarrement dosée de certains défis (le chapitre 2 du guerrier est une horreur)

Craquez vos PO si :

  • Vous aimez les jeux de deck building
  • Vous aimez les petites prods indé originales
  • Vous cherchez un jeu qui propose des parties rapides

Quittez la partie si :

  • Vous n’aimez pas les jeux qui imposent un minimum de réflexion
  • Vous avez en horreur les combats au tour par tour
  • Vous cherchez un FPS AAA pour vous défouler


 Dicey Dungeons – Terry Cavanagh, Chipzel and Marlow Dobbe

Disponible sur PC

A partir de 12,49€

 CE TEST A ÉTÉ EFFECTUÉ SUR UNE VERSION FOURNIE PAR L’ÉDITEUR 


Bon dé-lire !

Bien qu'étant une production indépendante, Dicey Dungeons montre d'ores et déjà de belles ambitions. Tout est soigné : esthétique, musique, jouabilité... Le concept, bien que simple, reste original et nous fait tout de suite accrocher. Attention toutefois, le côté répétitif pourra vite lasser les plus exigeants d'entre vous. Dicey Dungeon reste une très bonne surprise malgré tout, que l'on espère voir alimentée par de nouveaux contenus. En un mot comme en cent, avec un prix tout doux d'à peine 12,50€ : inutile de tortiller ! Quant à la version plateau de Dicey Dungeons qui s'impose comme une évidence - on se dit qu'on y croit ?

7
Note finale:
7

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