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[Toulouse Game Show 2012] Conférence Suda 51

TGS2012-SUDA51

Bonjour. Cet article sera sans doute émaillé de cris de fanboy peu supportables, aussi avez-vous de la chance que cette page soit silencieuse.
Le graaaaaaand Suda 51 (vous pouvez prononcer « Suda Go-ichi ») a donc fait un tour dans la moitié Sud de la France, après un passage à Japan Expo l’an dernier. Une conférence lui était consacrée, avec présentation du personnage et séance de questions/réponses.

Alors, déjà, notre bonhomme ne s’intéressait pas aux jeux vidéo avant… de bosser dans le milieu. Cela peut s’expliquer par le fait que c’était, à l’époque, un domaine plus technique qu’artistique (ça n’a pas tant changé de nos jours, hum…). En fait, c’est sa passion du catch qui l’a conduit là où il est actuellement. Cet intérêt pour les gros baraqués aux prises improbables se retrouve encore dans ses productions les plus récentes.

En effet, le premier jeu auquel il ait participé est Super Fire ProWrestling 3: Final Bout sur Super Famicom, au titre explicite quant à son contenu. De façon surprenante, Suda 51 s’est attelé pour ce premier titre au… scénario du jeu. Oui oui, un scénar’ dans une simulation de muscles en slip. Dans ce soft, donc, on incarnait un débutant dans le monde du catch, et suivait sa progression, de ses débuts, jusqu’à devenir champion du Japon, puis du monde, et enfin… son suicide. Heu, m’sieur Suda, vous nous expliquez ?

Il faut savoir que le président de Grasshopper Manufacture, avant de se retrouver un peu par hasard au poste de scénariste pour jeux vidéo, avait trouvé un job dans les pompes funèbres, et ce dix mois durant. Il a pu constater que la mort était finalement un thème très préoccupant de la vie, et a pu réfléchir au rapport que les gens ont avec elle. Au bout de cette réflexion, la signification du Game Over dans un jeu vidéo, qui n’en est quasiment jamais la fin définitive. Aussi, dans Super Fire ProWrestling 3 : Final Bout, ce suicide qui aura soulevé l’indignation des fans de catch au Japon est un message sur la signification de la mort et sa portée.

Sans transition, l’homme revenait sur son enfance. Né dans la partie Nord du Japon (Hokkaidoo, là où il fait bien froid), il a passé sa jeunesse entouré de montagne, et se comportait selon ses propres termes comme un homme préhistorique. Du fait, il se montrait très sensible à la culture venue de la ville qui filtrait jusqu’à chez lui. Space Invaders notamment avait fait forte impression à cette époque.  Il faut savoir que le terme « otaku » et ce qu’il représente de nos jours a éclos et s’est popularisé lors de sa génération. On verra dans ses futures productions qu’il en connait un bout sur cette culture.

L’on a déjà parlé de son travail chez Human Entertainment, mais il est temps de parler de Grasshopper Manufacture. S’il a fondé ce studio, c’est parce qu’il voulait créer. Dans le sens « exprimer sa créativité« .

[Toulouse Game Show 2012] Conférence Suda 51
Le premier titre de sa petite entreprise fut The Silver Case, sorti le 7 octobre 1999 sur les terres nippones. L’intention de Suda 51 était de détruire le format habituel des jeux d’aventure. Dans ce jeu assez expérimental, un texte-pilier servait de fil rouge à l’aventure, et autour s’articulaient des images, vidéos et autres médias. Bien conscient que le titre n’était jamais sorti de l’archipel et que le concept pouvait paraître assez nébuleux, le créateur nous enjoignait à aller regarder des vidéos sur YouTube pour découvrir le soft. Je vous encourage à le faire, et à n’y rien comprendre comme moi.

Et on ne parlera pas de Flower, Sun and Rain de toute cette conférence. Scandale.

[Toulouse Game Show 2012] Conférence Suda 51

Ce fut véritablement Killer 7, sorti le 9 juin 2005 qui propulsa la figure punk-rock du jeu vidéo nippon sur le devant de la scène. Ce jeu édité par Capcom, réalisé en collaboration avec Shinji Mikami (Resident Evil, Viewtiful Joe, Bayonetta et autres jeux qui défoncent) faisait parti du programme Capcom Five censé montrer le soutien de la boîte créatrice de Street Fighter à Nintendo lors de la vie du GameCube, et apporter un vent de créativité dans le jeu vidéo.
De la créativité, y en avait dans Killer 7, vous inquiétez pas. Suda 51 exigeait que l’on suive ses directives, et que le résultat s’adresse à une audience internationale. L’ambiance particulière et le scénario assez cryptique  du jeu en auront voulu autrement. Une autre intention était de changer les codes du jeu vidéo là aussi. Ainsi, avec Killer 7, vous n’aurez pas une, pas deux, mais bien quatre lignes de lecture.
Suda 51 affirme avoir été grandement influencé par le film « Nouvelle Vague » de Jean-Luc Godard. Dans ce métrage, l’on pouvait suivre deux dialogues en même temps, soutenus en plus par du texte à l’écran. C’est pas mal, hein ? C’est français. (bon, honnêtement, je n’ai pas vu le film, mais ça a l’air effectivement assez spécial).

[Toulouse Game Show 2012] Conférence Suda 51

On passe à No More Heroes (yeaaaaaaah), sorti le 14 mars 2008 chez nous sur Wii, avant de connaître les joies d’un remake HD avec NMH : Heroes Paradise. La volonté du créateur était cette fois-ci de donné naissance au jeu le plus drôle et le plus sale possible. Mais aussi, tirant leçon de l’accueil mitigé de Killer 7, que le titre soit un jeu agréable. Si le soft garde une ambiance étrange, on ne peut nier qu’il garde des moments extrêmement fun. C’est malheureusement tout ce qui sera dit sur les frasques de Travis Touchdown, le temps se faisant pressant.

Shadow of the Damned, sorti chez nous le 24 juin 2011 sur X360 et PS3, est une interprétation assez libre du roman inachevé de Kafka, « Le Château ». Disons que Suda 51 s’est permis de le finir, à sa manière…

[Toulouse Game Show 2012] Conférence Suda 51

Lollipop Chainsaw est sorti chez nous le 15 juin 2012, et est issu d’un processus de réflexion… atypique. Ayant écho de la réputation de ses jeux hors-archipel, Suda fut confronté au fait que l’on disait de ses jeux qu’ils étaient assez idiots. Ni une, ni deux, notre homme décida d’aller à fond dans l’idiotie vidéoludique. Par contre, il fallait faire vite, et il n’avait qu’un court lap de temps pour concevoir le jeu (notez qu’il n’y a même pas un an d’intervalle entre la sortie de Shadow of the Damned et Lollipop Chainsaw). C’est là qu’on applique la méthode Suda51 : rien de mieux qu’une virée aux toilettes pour pondre un bon concept (NDLR : c’est de là que vient la présentation des sauvegardes dans No More Heroes).
Assis sur son trône à idées, l’artiste a bien réfléchi : il voulait faire un jeu avec des zombies. Et pour trancher avec les mecs virils, pourquoi ne pas avoir une cheerleader pour héroïne ? Et puis, il faut qu’elle se défende, cette pom-pom girl. Et contre les zombies, rien de mieux qu’une tronçonneuse. Fort de ce brainstorming, Suda put tirer la chasse et présenter son concept. Celui-ci plut immédiatement, comme quoi ses présentations réussissent le plus quand il s’y prend à la bourre.

Enfin, sorti le 5 octobre 2012 en Europe,  Liberation Maiden est un shoot’em up qui fait partie d’une compilation de jeux « light » au pays des sushis. Le titre nous narre les combats aériens d’une lycéenne, Présidente du Japon, qui conduit des robots dans un univers en guerre.

….

Le Japon.

Vient enfin la séance de question du public. Je crois que je suis resté le bras hissé comme un piquet durant la moitié du temps restant pour espérer chopper le micro.

Avec quelle autre  personnalité du jeu vidéo Suda51 voudrait-il travailler ?

Bonne question. La réponse lui a pris un bon moment de réflexion (et pas de chiottes en vue pour aider le processus). Finalement, c’est Yoshitaka Amano qui finit par s’imposer. Ce qui tombait plutôt bien, puisque le designer des premiers Final Fantasy était lui aussi présent au Toulouse Game Show.

Concernant la Wii U, qui vient de sortir, qu’en pense-t-il ?

Le président de Grasshopper Manufacture fut particulièrement surpris de voir la console présente en démo sur le salon. La dernière machine de Nintendo n’était en effet pas encore sortie au Japon au moment de son passage à Toulouse. Ceci dit, la console l’intéresse, et permet selon lui d’aboutir à des idées neuves pour le jeu vidéo. Aucun plan à l’heure actuelle pour un titre sur la-dite console, cependant.

Son avis sur le cross-media ?

(hop, pour ceux pour qui ce terme est nébuleux, il s’agit de créer une licence conçue dès le début pour se décliner sur plusieurs médias. Par exemple, la série .hack fut pensée pour être à la fois un jeu vidéo, un anime et un manga)
De façon un peu détournée, le créateur nous répond que pour lui, le jeu vidéo est arrivé à maturité, et qu’il se place désormais au sommet de la montagne entertainment. Il a lui-même participé à l’émission radio Znatcher, qui déclinait l’univers développé par Snatcher, un jeu culte d’un certain Hideo Kojima.

Quels jeux, peu importe le format ou le support, auront marqué Suda51 ?

Je pressens que le bonhomme a voulu toucher sa cible du moment, toujours est-il qu’il a répondu « Another World« , d’Éric Chahi.

Question de fan : y a-t-il un rapport entre Travis Touchdown, « héros » de No More Heroes, et le Travis qui est le dernier boss dans Killer 7 ?

Joueur et n’ayant pas peur de nous frustrer, Suda 51 répliqua que c’était ce qu’il sous-entendait dans les deux jeux. Lui connaît la réponse, évidemment… Mais il tiendra sa langue et ne dira RIEN.

Ma question à moi (kyaaaaaaaaaah) : il ne fait que peu de suites à ses jeux. Est-ce un choix ?

Quand il crée un nouveau jeu, Suda 51 ne se pose pas en même temps la question d’une possible suite. Dans le cas de No More Heroes (seul titre de GrassHopper Manufacture a avoir eu les honneurs d’un numéro 2), il se sentait une affinité particulière avec  l’univers des tueurs de Santa Destroy, et c’est pour approfondir un peu plus ce monde qu’il a finalement créé une suite aux mésaventures de ce looser de Travis.

Fin de cette séance, l’homme se lève et quitte la scène en volant. Enfin, c’est ce que j’ai cru voir, mais il est probable qu’il s’agisse d’une absence d’objectivité de ma part.

[Toulouse Game Show 2012] Conférence Suda 51
Suda 51 tape la pose à côté d’un de mes dessins, que je lui ai offert. C’est bon, la fin du monde peut venir.
C’était l’instant « je me la joue ».

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