Warez 9

[WAREZ] Le goût des choses simples



Avez-vous déjà cédé aux sirènes de la redécouverte d’un biscuit que vous mangiez étant petit. Vous aviez cette image bénie dans la tête, vous revoyant savourer ce délice. Vos grands yeux mouillés d’émotion et d’envie. Vos papilles en émoi devant tant de bonheur gustatif. Tout vous parait naturel et les émotions d’hier vous tourmentent encore. Vous cédez et achetez un de ces paquets contenant les joyaux de votre innocence passée. Verdict ?

Vous agrippez le césame vers un instant de jeunesse avec une dextérité rappelant sensiblement mamie Yvonne qui a chopé la maladie de la vache folle en mangeant du corned beef à la petite cuillère devant Derrick il y a 17 ans. Cette pointe de stress vous fait perler quelques gouttes de sueur à l’entrelacement de vos doigts. Fixant l’emballage qui a sensiblement évolué depuis tout ce temps, vous êtes assaillis de question. « Est-ce qu’ils auront le même goût ? » , « Est-ce que je vais aimer encore ? », « Est-ce que ça vaut vraiment la peine de potentiellement casser un mythe ? ».

Peu importe tout ceci, de toute façon, vous allez forcément finir par craquer. L’emballage savamment déchiqueté, vous faites glisser la couche de protection ondulée, ultime rempart de cette forteresse de nostalgie. Les voilà qui se révèlent à vous. Les formes et couleurs n’ont peu ou pas changé. Vous libérez ce paquet de l’emprise de l’une de vos mains que vous dirigez vers l’objet du désir encore proprement imbriqué. L’extrémité de votre index en effleure la surface si caractéristique. Chaque anfractuosité de sa robe interpelle votre mémoire. Ses douces fragrances se répandent, procurant quelques frissons imperceptibles. Vous vous revoyez gamin. L’heure du goûter est proche. Ne manque que la sensation fraîche et pure du verre de lait, accompagnement rituel de cette délectable tentation.





Tiraillé entre l’admiration et la curiosité, vous décidez de vous saisir fébrilement du Graal tant convoité. Vous le faites tourner entre vos doigts, hésitant et contemplateur. Il faut se lancer maintenant. L’aspect est ce qu’il est, mais le véritable juge de paix est la dégustation. Toutes papilles dehors, vous salivez déjà. Sans précipitation vous dirigez l’offrande dans sa dernière demeure. Vous ne le quittez pas un seul instant du regard jusqu’à sa disparition dans l’antre. La fermeture de votre mâchoire s’accompagne d’un geste de la main qui fait rompre en douceur ce met aux craquelures si évocatrices. Les premières saveurs se dispersent. Vous savez en une fraction de seconde si c’est bien lui.

Si tel est le cas, le plaisir est au rendez-vous. Quelque soit la qualité du biscuit. Car finalement, ce n’est pas tellement la succulence du goût qui importe, mais bien les souvenirs et les sensations d’antan qu’il fait ressurgir .

Voyez-vous, je suis allé voir The Expendables hier. Et bien c’est un peu pareil. Même si intrinsèquement le film est loin d’être un chef d’œuvre, il s’assume complètement dans une sorte d’auto-dérision expiatoire des films d’action des années 80-90. le grandiloquent spectacle explosif et les sonorités des phrases héroïcomiques ont conservé cet abus. Cette saveur d’antan. comme ces choses simples (merci la saucisse Herta) que nous dégustions avec espièglerie étant petits.



[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=A9Lc1mxyq_s[/youtube]

Un casting célestostéroné, des explosions plus gigantesques que celles d’un Boeing en plein World Trade Center, un scénario jonché des stéréotypes que nous chérissions tant (Ouh le méchant général d’Amérique latine qui mange des burritos à la téquila !) et cousu d’un fil si blanc et si épais qu’on pourrait dessiner au trait près le story board de 4 pages qui a dû servir de base. Un peu comme si le rôti du dimanche midi, que votre chère mère vous confectionne, était ficelé avec de la grosse corde de marin. Ça ne vous empêcherait pas de savoir que la viande est rouge, bien tendre et aussi sanguinolente qu’un enfant fraichement dépecé vivant.

Quoi qu’on en dise, on peut difficilement s’attendre à un film profond, d’une pertinence réflexive unique ou dissimulant de subtiles messages écologiques uniquement à la lecture des noms illustres à l’affiche. Et d’ailleurs j’ose penser que ce n’est pas le but recherché par le spectateur qui s’aventure dans cette sombre salle. Alors, posez bien consciencieusement votre matière grise dans le pot de formol jouxtant votre collection de fœtus de Kangourou. Munissez-vous de pléthores de munitions gustatives, gazeuses et éventuellement des petits à-côtés nécessaires, et laissez-vous balafrer la vue et l’ouïe pendant cette heure et demie de spectacle à l’ancienne. Je dois bien avouer que tout ceci m’a séduit.

Il me reste cependant quelques regrets qu’un second opus pourra combler, je l’espère. Fichtre ! Où sont Chuck Norris, JCVD, Steven Seagal et peut-être The Rock dans une moindre mesure?



[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=cDBRWaGAq_8[/youtube]

PS Spoiler léger : Schwarzy n’a rien perdu de son jeu d’acteur. Tout en intériorisation. Il pourrait refaire l’effaceur demain, les yeux fermés. Magique !

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9 Comments

  • Reply
    Bisskuits
    01 Sep 2010 11:08

    C’est tellement beau ce que tu écris :’) Cette transition entre les saucisses Herta et le film exependables est juste extraordinaire !

  • Reply
    biroute
    02 Sep 2010 9:50

    Pour JCVD, il se murmure qu’il trouvait son rôle pas assez profond, alors on l’a refilé au méchant d’universal soldier.
    Où se trouve Vin Diesel surtout??!! elle est là la grosse question!
    en lisant ton article, on se remémore le
    « où son les missiles stinger? »
    etc…
    Si on est au même niveau, il faudra que je regarde ce film; rien que pour les dialogues.
     

  • Reply
    biroute
    02 Sep 2010 9:51

    au fait, très très belle banière. tu pourras ptet m’apprendre photoshop.

  • Reply
    Jay
    02 Sep 2010 11:05

    @Bisskuits : La saucisse herta c’est bien plus violent que ce qu’on peut imaginer 🙂
    @biroute : Faut que tu le vois c’est absolument somptueux. Phrases cultes sur phrases cultes. Et Schwarzy…Haaaa Schawarzy !
    Haaaaa! enfin un compliment sur ma bannière. J’avoue en être assez fier 😉 J’aime beaucoup toute cette absurdité.

  • Reply
    Jay
    02 Sep 2010 11:06

    Mais oui voilà, je me disais bien que j’avais oublié un grand nom : Vin Diesel !!!
    Que fait le monde !

  • Reply
    Eskarina
    02 Sep 2010 12:07

    Jusqu’au 1er septembre 2010, il avait la Madeleine de Proust.

    Désormais, il y a le Knacki de Jay.

  • Reply
    Aurionis
    02 Sep 2010 1:25

    +1 pour la jolie bannière !
     
    C’est sûr que les noms à l’affiche d’Expendables font baver. Il manque aussi Jackie Chan, à mon avis il aurait sa place dans le lot.
     
    Mon seul souvenir d’enfance à propos des Knacki, c’est un tourniquet plein de dégueulis, par contre.

  • Reply
    Jay
    02 Sep 2010 10:04

    Au mons tu en as un souvenir. C’est deja ca !

  • Reply
    Yaeck
    03 Sep 2010 1:53

    Sly nous pond avec son dernier film une sorte de « Best of » des films d’actions 80’s ou l’on tue les méchants sans se poser de questions et ou tout explose sans raison apparente. Perso j’y ai vu un peu de ce que j’ai trouvé dans « Black Dynamite » en moins parodique certes (quoique): la nostalgie d’un certain cinéma ancrée dans une époque totalement révolu aujourd’hui.
    Je dis ca mais le 2 serait déjà en route avec Willis en Bad Guy…et pourquoi pas le gouvernator pour tenir le rôle dans le 3? Ce serait ultime!

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