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Sur le web comme sur scène, la Zeratormania

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Zerator, le streamer de feu. Sa communauté aime à l’affubler de surnoms ; et quelle communauté ! Plus de 500.000 abonnés sur Youtube, pas moins de 300.000 followers sur Twitch… À 27 ans, il cumule les rôles de streamer, commentateur et gérant d’un studio de développement, et pèse de plus en plus lourd dans le milieu du streaming français. Depuis les débuts modestes jusqu’aux grands projets, rétrospective d’une carrière audacieuse. 

Une équipe en or

De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Ainsi, l’emploi du temps de Zerator est gonflé à bloc. Heureusement, il y a Dach : cet ancien de l’IIM (Institut de l’Internet et du Multimédia) a rencontré son acolyte alors qu’ils travaillaient tous deux au sein de la bien connue plateforme de stream, Eclypsia.

En tant que bras droit, secrétaire, comptable, responsable de la logistique et j’en passe, il est l’homme à tout faire de l’équipe. Son travail : “faire tout ce que je peux pour que Zerator ait uniquement à s’occuper de streamer”. C’est donc lui qui a répondu à mes questions quant à son comparse, mais également à propos de sa propre expérience. Dach et Zerator, de leurs vrais noms Alexandre Dachary et Adrien Nougaret, forment le noyau dur de la ZT production.

You’ve come a long way, baby

Lorsqu’un de ses viewers lui demande des conseils pour percer dans le domaine du streaming en 2017, Zerator répond systématiquement qu’il n’en sait rien. Et pour cause : lorsque sa carrière a débuté en 2010, internet n’avait pas le même visage qu’aujourd’hui. “Maintenant, pour streamer dans sa chambre avec une bonne qualité, il faut pas plus de 200 ou 300€”, rappelle Dach. À l’époque, le matériel coûtait plus cher, et les grandes plateformes de diffusion comme Twitch n’existaient pas.

C’est un peu ce qui a permis à Zerator de se faire une place dans le milieu : le genre était quasiment inexistant, et son avènement est venu avec celui de l’eSport. “Le streaming à l’époque, c’était que des joueurs pro, y’avait pas d’animateurs. C’était quasiment que de l’eSport,  pas de l’entertainment comme Adrien le fait aujourd’hui”. C’est comme ça que Zerator a commencé : en commentant des compétitions de Starcraft II.

L’audace, c’est déjà le maître-mot de son entrée en matière : un jour qu’il regarde un streamer commenter une partie de Starcraft, une chose le tracasse. “C’est super cool de faire ça, mais ce mec est nul ! Je suis sûr que je peux faire mieux”. Le sort en est jeté, et le commentateur en herbe finit par rejoindre une structure amateure, DreamOfStarcraft2. La sauce prend et, au fil des mois et des années, Zerator parcourt les grandes structures de streaming françaises, sans oublier de passer par la case entrepreneuriat.

En 2013 est créée la ZTV (Zerator Télévision), qui a pour vocation d’héberger les lives de Zerator et de plusieurs autres streamers français. Cette épopée, malgré un bilan financier positif, ne durera pas face à l’opportunité que lui présentera Eclypsia. Un chapitre rapidement clos, non sans établir un record dans le monde du financement participatif, puisque le projet, ouvert au financement sur My Major Company, aura rempli son objectif en moins d’une heure pour atteindre 31.949€ récoltés sur les 3000 demandés.

Aujourd’hui, Zerator en a fini avec les structures de streaming : depuis janvier 2015, il s’est installé en indépendant sur Twitch. Un pari réussi puisqu’aujourd’hui, il est plus libre que jamais. Une liberté qui va lui permettre de mettre en place de grands projets.

De Starcraft au Grand Rex

Depuis plusieurs années, les lives de Zerator abritent une compétition annuelle : la Zerator Trackmania Cup. Un tournoi de Trackmania, le jeu de course de Nadeo qui défie les lois de la gravité. “Je dois admettre que Nadeo, sans Zerator, ils auraient vendu moins de jeux”, confie Dach. “Au début, ils étaient un peu timides ; c’est un tout petit studio, ils ont pas beaucoup de moyens. Pour la quatrième édition, ils nous ont donné un beaucoup plus gros budget que d’habitude. Quand ils ont vu le résultat, ils étaient contents je pense”.

Le principe : un duel au sommet entre champions de Trackmania, sur des circuits créés par Zerator lui-même… qui, évidemment, n’est pas mappeur professionnel. On y retrouve régulièrement des joueurs légendaires, comme Carl Jr, jeune challenger québécois, sacré plusieurs fois champion du monde.

Le tournoi franchit un échelon lors de son édition 2016 : cette année, on ne se contente plus de diffuser les demi-finales et la finale commentées. La célèbre salle du Grand Rex à Paris est louée et, le 25 juin, environ 2500 personnes viennent assister à la prestation du streamer de feu commentant les finales du tournoi, tandis que 30.000 autres regardent la diffusion en direct sur Twitch.

En 2017, la Cup récidive au Centre des Congrès de Lyon et écoule ses 2500 places… en quelques minutes seulement. Finalement, pas moins de 3000 fans de Trackmania, d’eSport et de Zerator prennent place dans une ambiance électrique pour assister aux phases finales.

Une consécration pour Zerator ? Probablement ; en tout cas, c’est indéniablement l’un de ses projets les plus audacieux. “Dans le streaming, tu vois pas ton public. Pouvoir faire des évènements en salle, ça a cet avantage : tu te rends compte de l’impact que t’as. Si en prime c’est ton évènement, il y a cette fierté d’avoir rempli une salle : c’est concret, visible, palpable. C’est une sorte de consécration, clairement.

Un voyage inattendu

En 2016, la ZT production réserve bien plus que la Trackmania Cup #4, puisqu’un petit nouveau fait son apparition en janvier. Jouez hautbois, résonnez musettes : c’est Unexpected, un studio de développement indépendant. Un rêve qui se réalise pour Zerator, dont c’est le “plus gros projet depuis toujours”. Après un premier jeu avorté, l’équipe se remet aux fourneaux début 2017 pour travailler sur dWARf, un “jeu multijoueur en réseau free to play” s’inspirant de “la mythologie naine”.

L’accomplissement d’un rêve, et si c’était ça la vraie apothéose de ces dernières années ? Rien n’est certain. “Pour lui, comparer la Trackmania Cup et Unexpected, ce serait un peu comme comparer deux bouquins d’un genre littéraire différent : les deux sont bien mais c’est pas exactement la même chose. L’un, c’est le business dans lequel il s’est lancé, et l’autre, c’est un rêve qu’il réalise” corrige Dach.

La place manque pour aborder tous les évènements auxquels Zerator a participé. Du commentaire de compétitions de LoL au Desert Bus, sans oublier le projet Avengers organisé par son collègue anglophone Athene. Une opération caritative visant, en mars 2016, à récolter des fonds pour enrayer la sécheresse éthiopienne. Dans l’appartement de Zerator à Montpellier, Dach fait venir 16 streamers pour un marathon de 34h de live qui récoltera 170.000€, dont 100.000 en moins de 24h.

Zerator : sa vie, son oeuvre, ses viewers

Si son entrée dans le monde du streaming s’est faite à un moment opportun, la popularité du streamer de feu est due à de nombreux facteurs. Selon Dach, ce sont “sa franchise, son second degré, sa transparence et son audace”. Cette fameuse franchise doublée de second degré lui valent un grand attachement de la part des viewers.

Ironisant sans cesse sur l’argent que son audience lui donne via donations et abonnements, Zerator plaisante en jouant d’allusions fréquentes à sa prétendue richesse astronomique, ou à son supposé manoir gigantesque. Il n’en est rien, bien entendu. Car si les revenus de Twitch lui permettent de “vivre confortablement”, Zerator est loin d’être le personnage richissime qu’il aime à mettre en scène pour amuser ses spectateurs. “Les streamers, c’est des gens simples : ils se prennent pas la tête et ils sont vraiment cools” affirme Dach. “Zera, il s’habille en t-shirt et jean, il roule en Peugeot Partner…”

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Rare image d’Adrien Nougaret posant devant une réplique à l’échelle de son immense château.

“Il a osé faire des choses”. Une fois encore, la notion d’audace se retrouve dans le discours de Dach. Là où certains streamers se contentent d’un seul et unique jeu sur lequel ils excellent quitte à ne plus pouvoir en changer sans risquer une perte d’audience, Zerator aime se diversifier. Il anime tous les dimanches l’émission “Independenz Day”, au sein de laquelle il teste de nombreux jeux indépendants. Sans compter l’ancien “Jeudi, c’est toi qui choisis !” dans lequel chacun votait pour le jeu qu’il voulait voir à l’écran, ou encore le « Zeratosaurus », au concept simple : « Zerator rejoue aux jeux de son enfance ».

“C’est quelque chose qui se dit dans le milieu du streaming : on éduque souvent notre audience”, confie Dach. Chez Zerator comme chez ses viewers, on aime la diversité. Un penchant probablement dû à la moyenne d’âge de ces derniers, située entre 18 et 25 ans, contre 12-14 ans pour la plupart de ses collègues. Une audience fidèle et potentiellement plus mature : voilà une autre des fiertés du streamer de feu, qui ne perd jamais une occasion de remercier ceux qui le soutiennent chaque jour.

L’avenir est un long passé

Le monde du streaming est jeune, très jeune, et son explosion fulgurante rend son contexte futur relativement flou. Pour Zerator et Dach, si le vent vient à tourner, “on verra la vague de lassitude venir. On aura le temps d’accuser le coup.” Pour l’instant, en tout cas, la chaîne est toujours en gain d’audience.

Quant aux évènements et aux grands projets, ils se mettent en place tranquillement mais sûrement. “A l’heure actuelle, Zerator se voit vraiment comme un animateur, comme un prestataire. On a pas forcément vœu de faire 3000 évènements par an : d’autres gens font ça, on a pas de raison de se lancer sur ce chemin”. La ZT Production continue son bonhomme de chemin, en gardant une chose primordiale en tête : traiter des jeux qui l’intéresse. Et ce n’est pas sa communauté qui va s’en plaindre.

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