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[Test] Rock Band 4

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A la sortie de ma loge (aka « bureau »), je passe la bandoulière de ma guitare autour de mon cou et de mon bras. Je fais une pause, prends une inspiration. Beaucoup de pression sur mes épaules à cet instant. Les pensées se bousculent dans ma tête et Maître Maynard James Keenan s’affère à me rassurer. « Tout va bien se passer » et « Tu peux le faire » sont quelques unes des phrases certes bateau mais néanmoins encourageantes qu’il lance. Je parcours les couloirs du backstage et fais un nouvel arrêt. Une pression sur un bouton, le bruit caractéristique d’une machinerie de divertissement se fait entendre. Ca y est, c’est l’heure. Je ne peux plus reculer. Il est temps d’entrer en scène. Déterminé, je prends place face à mon public du jour : mon téléviseur. It’s time to rock out, mates !

 

3 musicos et un chanteur, pas de doute Rock Band est bien un party game ! Dommage qu'on ne puisse pas acheter les guitares à part...
3 musicos et un chanteur, pas de doute Rock Band est bien un party game !
Dommage qu’on ne puisse pas acheter les guitares à part…

 

Entre 2007 et 2010, 6 jeux Rock Band (oui parce qu’il ne faut pas oublier les épisodes spéciaux The Beatles et Green Day ou encore Lego Rock Band) se sont partagé les deniers d’à peu près toutes les personnes équipées d’une console dans le monde avec leurs concurrents (encore plus nombreux) Guitar Hero. Puis, le public a décidé que ça commençait à faire beaucoup et ces machines à vendre du périphérique en plastique se sont brutalement retrouvées contraintes de se faire oublier. Bon ok, en 2012 il y a eu Rock Band Blitz mais c’était du dématérialisé et c’est passé inaperçu alors bon, on va faire un truc simple : un vote à main levée. Qui s’en fout ? Voilà, toutes les mains présentes se sont levées. Oui, deux mains. Parce que je suis seul à cette table. Bref, c’est cette année que les deux franchises ont décidé de se relancer et c’est Rock Band 4 qui ouvre le bal en ce début d’Octobre. Guitar Hero Live, lui, débarquera le 23 dans nos contrées. Mais avant de commencer à vous parler du jeu dont il est question aujourd’hui, je me dois de faire un aveu. Je suis un transfuge. Oui, je faisais partie de la #TeamGuitarHero jusque là même si j’ai évidemment déjà joué aux opus précédents de Rock Band. Si je vous le dis, c’est parce que la nostalgie a forcément moins de prise sur moi et cela pourrait expliquer certaines critiques qui ne semblent pas beaucoup se faire entendre sur la toile.

 

Nadine de Rockschild

 

Si jamais vous avez vécu dans une grotte et que vous n’avez jamais entendu parler des jeux que je viens de citer, rappelons simplement qu’il s’agit de jeux de rythme – un peu comme des Dance Dance Revolution – mais dont la spécificité est de vous mettre dans la peau d’un musicien en quête de devenir une rock star. Alors non, Rock Band 4 ne vous apprendra toujours pas à jouer d’un instrument mais ce n’est pas son but. Pour ça, il y a Rocksmith (et encore…). Ce qui importe, c’est que lorsque nos doigts s’agitent sur les frets de la réplique de la Fender Stratocaster on est transporté, on se prend au jeu et les applaudissements des fans virtuels nous galvanisent au point de renier la douleur que nos extrémités digitales ressentent après 3h de jeu d’affilée. En bref, la recette éprouvée fonctionne toujours aussi bien et dès la première chanson, on a l’impression de ne jamais avoir quitté cet âge d’or des périphériques pourtant éphémère et relativement lointain. On retrouve ses bonnes habitudes, ses bonnes manières et on repart comme en qua… Comme en 2010. La formule magique est-elle donc restée inchangée ? Pas vraiment.

 

Ce qui frappe très vite lorsqu’on démarre le jeu Rock Band 4, c’est le nombre restreint de modes de jeux. Vous pouvez faire une partie rapide, jouer un concert (donc une setlist) ou partir en tournée – ce qui est en toute logique le mode histoire/carrière – et… C’est à peu près tout. Bon, pas tout à fait, il y a un autre mode mais on en parlera un peu plus tard. Mais pas de système de duel, pas de mode entraînement, pas de mode de création, pas d’online… En soi, ce n’est pas vraiment un problème puisqu’il faut bien que les développeurs fassent des choix pour pouvoir correctement se focaliser sur les modes qui les intéressent. Il n’empêche que ça fait bizarre. Reste à voir si des modes supplémentaires feront leur apparition dans de prochaines mises à jour. C’est après tout une possibilité à ne pas négliger.

 

J’aime bien les modes carrière (même dans FIFA et cie) donc je vais commencer par là. Le joueur est d’abord invité à créer son groupe en lui donnant un nom et une ville d’origine. Le mien est parisien et porte le doux nom de The Li’l Narwhals. C’est con mais à ce moment là, j’étais déjà tout sourire. Pas seulement parce que je suis content de ce nom débile pour un groupe de rock mais aussi parce que je me suis souvenu de l’étape suivante : la création de nos avatars. Sauf que là, c’est la douche froide. Très loin des étapes de création de personnage actuelles ou même de celles des jeux précédents, il vous sera ici proposé deux types de corps (masculin/féminin), 4 formes de visages prédéfinies, quelques coupes de cheveux assez nazes et voilà, c’est plié. Vous vouliez un avatar personnalisé qui pourrait augmenter votre immersion dans le titre ? Oubliez cette idée saugrenue ! Il faudra vous contenter de ça.

 

En mode carrière, un écran récapitule les choix que votre groupe a faits
En mode carrière, un écran récapitule les choix que votre groupe a faits

 

Tournée générale d’idées

 

La narration du mode tournée est plutôt réussie avec un bon paquet d’idées de répliques marrantes de la part des PNJ lors des écrans de chargement entre les différents shows. L’idée de laisser le(s) joueur(s) choisir différents chemins pour son (leur) groupe est excellente. Ca ajoute un petit côté roleplay très bienvenu qui permet de s’investir plus encore dans ce mode de jeu. En gros, les choix se ressemblent énormément mais ils sont mis en scène avec une petite histoire sympa qui donnera un historique (que vous pourrez rejouer) à votre groupe au lieu de simplement dire « vous avez choisi de gagner plus d’argent », « vous avez choisi d’avoir le choix des chansons que vous jouerez » ou « vous avez choisi de gagner des tenues pour votre avatar ». Alors que vous aspiriez à la gloire et à l’argent ou plutôt au respect artistique et au DIY, votre groupe pourra s’orienter dans cette direction. Vous pourrez par exemple choisir d’embaucher une styliste ou d’apparaître dans une série de zombies à succès pour arracher un effet whaou et conquérir le cœur de nouveaux fans lors de concerts où vous choisirez vos chansons. Ou bien au contraire, vous pourrez faire confiance à un manager très strict qui vous fera amasser beaucoup de pognon mais qui vous donnera des setlists toutes prêtes.

 

Une autre idée que je trouve excellente dans cette tournée apparaît lors du vote pour la setlist. Les joueurs seront donc invités à faire un choix parmi plusieurs chansons mais certaines ne seront pas explicitement citées. Vous pouvez par exemple choisir l’option « une chanson de 1987 » ou « quelque chose de prog » et le soft choisira ensuite lui-même une chanson qui correspond au critère retenu. De même, au milieu de votre concert, les fans peuvent vous réclamer des chansons et il vous appartiendra alors de modifier ou non votre setlist. C’est tout simple mais terriblement efficace, surtout quand vous ne connaissez pas les chansons et que vous troquez une facile pour une extrême signalée par des petites têtes de diables au moment d’afficher le niveau de difficulté. Les rappels, quant à eux, apportent un bonus au cash et aux fans gagnés lors de votre concert. Et sachez qu’il vous faudra en enchaîner des concerts ! Bizarrement, c’est là que le mode pêche un peu. Bien entendu, un mode carrière « long » est préférable. Le problème, c’est que si vous n’avez que les chansons du jeu de base – comme c’est mon cas – vous allez tourner en boucle sur les 65 mêmes chansons et l’on se prend assez vite à soupirer « roh non pas encore celles-là… ». Si vous aviez déjà des Rock Band auparavant, voire des DLC achetés, je vous conseillerais donc de synchroniser votre jeu pour récupérer toutes ces chansons AVANT de lancer le mode tournée.

 

Je ne vous ai pas encore parlé de la plus grosse innovation de Rock Band 4. Oui, il y a une innovation de gameplay et le pire c’est qu’elle est pas mal réussie : les solos de guitare. Le principe est simple. Pendant certaines chansons, la piste de notes habituelle laisse place à des espèces de guidelines sans notes précises, avec de simples indications de tempo. A ce moment-là, vous pourrez faire absolument n’importe quoi sans rien risquer mais si vous suivez le tempo, vous engrangerez des points supplémentaires et conserverez votre précieux bonus de streak (celui octroyé lorsque vous enchaînez les bonnes notes sans en rater une seule). Il faut juste que vous fassiez le rapide tutoriel avant pour éviter de vous demander ce qui se passe lors de votre premier show. Mais une fois que vous aurez compris que les lignes marquent le tempo, que la couleur indique lequel des deux jeux de frets utiliser et qu’il y a une piste de freestyle complet, il y a fort à parier que le solo de guitare devienne votre partie préférée de Rock Band 4. Si c’est le cas, vous serez ravis d’apprendre que le fameux mode de jeu que j’avais éludé au début de l’article consiste en un solo de guitare sans fin. Vous pourrez donc y exprimer tout votre talent sans autre contrainte que les indications de tempo ! Et encore, vous pouvez toujours décider de les ignorer.

 

A gauche, les guides du freestyle indiquent un tempo rapide avec des notes hautes
A gauche, les guides du freestyle indiquent un tempo rapide avec des notes hautes

 

Between a Rock and a hard place

 

Vous l’aurez compris, le jeu est globalement une bonne expérience, bien que le soft aurait gagné à avoir un peu plus de modes de jeu et de personnalisation. Reste que quelques points me chiffonnent et que je pense qu’ils valent le coup d’être soulevés. Tout d’abord, l’interface n’est à mon avis pas très réussie. Si le menu principal est relativement clair, une fois en mode carrière la navigation entre les concerts paraît vite confuse et la lenteur de certains menus à répondre ajoute à l’incompréhension. Par exemple, lorsque vous êtes sur l’écran de récapitulatif de votre tournée et que vous appuyez sur « continuer », il n’est pas rare que rien ne se passe avant une quinzaine (voire une vingtaine) de secondes. C’est assez perturbant parce qu’on ne sait plus si l’input a été pris en compte. Alors dans le doute on appuie sur un autre bouton et là c’est parti pour ne plus rien comprendre à la navigation. Ce problème mis à part, le retour sur l’écran de sélection des concerts est assez étrange. On ne vous remet par exemple pas toujours sur le dernier concert en date ou sur le prochain à faire. Au début, j’ai eu un peu de mal à m’y retrouver. C’est dommage, ça gâche un peu l’expérience.

 

Comme je vous l’ai dit plus haut, je viens plutôt de Guitar Hero et le système de difficulté de Rock Band me semble moins cohérent. J’ai bien conscience qu’il s’agit d’un avis personnel mais en même temps c’est le but d’un test, non ? Bref, il n’est pas rare que je me plante moins sur une chanson de niveau extrême que sur une deux ou trois points. En fait, je ne comprends pas les critères utilisés. Dans GH, ça a toujours été clair : plus on augmente la difficulté d’un morceau, plus il va vite; plus on augmente la difficulté du jeu, plus il y a de boutons à gérer et de notes à jouer. Ici, je vois bien que le nombre de notes augmente avec la difficulté du jeu mais on joue tout de suite les 5 notes/boutons et le classement entre les chansons m’échappe complètement. Enfin, un point qui n’est bizarrement discuté nulle part (ou alors je suis passé à côté, c’est possible) : il est pour l’instant impossible d’acheter une guitare seule pour Rock Band 4. Je ne plaisante pas, Mad Catz ne les commercialise pas seules. Alors oui, les anciens périphériques fonctionnent mais quid des gens qui n’en ont pas ? Je fais partie de ceux-là et c’est assez lourd de me dire que je ne peux pas profiter d’un jeu pareil avec ma copine ou des amis sans racheter un pack à 160€ avec la guitare et un deuxième jeu qui me sera complètement inutile. Reste la possibilité d’acheter les anciens modèles me direz-vous. Sauf que du coup, dans mon pack, je n’ai pas l’adaptateur pour la rétro-compatibilité. Et puis les anciens modèles n’avaient pas les higher keys si utiles pendant les solos. Nous sommes donc condamnés à jouer seuls pour le moment, mes frères et sœurs rockeurs virtuels. Sauf évidemment si vous achetez le méga pack de démarrage avec tous les instruments à 330€.

 

En bref

 

Le nouveau jeu d’Harmonix reprend la recette éprouvée de ses prédécesseurs en épurant les menus et la création d’avatar, pertes compensées par l’unique véritable innovation qu’est le solo de guitare. Ajoutez à cela des menus capricieux et on pourrait se demander si le mode carrière par ailleurs très réussi n’en est pas pour autant handicapé. Reste que Rock Band 4 accomplit sa mission qui est tout simplement de nous faire passer du bon temps et de nous prendre – l’espace d’un instant – pour de véritables rock stars et ça, c’est bien quand même.

 

Rock Band 4 – Harmonix – 160€ avec guitare, 90€ avec adaptateur de rétrocompatibilité, 70€ seul
Disponible sur Xbox 360 – PS3 – WiiU – XBox One – PS4

 

On aime :

  • les solos de guitare
  • la formule toujours aussi réussie
  • le mode tournée et ses idées roleplay
  • retrouver les sensations qui nous manquaient

On aime moins :

  • 65 chansons, c’est peu !
  • le nombre réduit de modes de jeux
  • les menus parfois capricieux

Craquez vos PO si :

  • vous êtes en manque d’adoration virtuelle
  • les anciens Rock Band et/ou Guitar Hero vous manquent

Quittez la partie si :

  • vous cherchez à apprendre la guitare

 

RB4_placement_produit
Un petit placement de produit pour la route !

 

Retour solide

Le nouveau jeu d'Harmonix reprend la recette éprouvée de ses prédécesseurs en épurant les menus et la création d'avatar, pertes compensées par l'unique véritable innovation qu'est le solo de guitare. Ajoutez à cela des menus capricieux et on pourrait se demander si le mode carrière par ailleurs très réussi n'en est pas pour autant handicapé. Reste que Rock Band 4 accomplit sa mission qui est tout simplement de nous faire passer du bon temps et de nous prendre – l'espace d'un instant – pour de véritables rock stars et ça, c'est bien quand même.

7
Note finale:
7

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