Cinéma Tests & Critiques 10

[Critique] Predestination

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La science-fiction est en train de revenir à la mode… Mais visiblement pas assez pour sortir dans les salles en France. Predestination est sorti en direct to DVD cette année après avoir pourtant fait beaucoup parler de lui dans des festivals un peu partout dans le monde (dont au moins un en France, à Nantes, j’ai nommé les Utopiales). C’est le 3e long métrage des frères Spierig qui retrouvent pour l’occasion l’acteur principal de leur précédent effort – Daybreakers – en la personne d’Ethan Hawke, l’un des deux acteurs principaux du film dont on va parler aujourd’hui. Je vous préviens, il est impossible de critiquer ce film sans spoiler alors je vais faire de mon mieux pour en dire le moins possible mais si vous voulez le voir sans rien en savoir (et c’est sans doute la meilleure façon), marquez cette page et ne revenez qu’après l’avoir vu. Il vous suffit de regarder à gauche le petit encadré qui résume mon avis en une phrase.

 

Le pitch trompeur

 

Vous êtes restés ? Bien, alors commençons par… Le pitch. Eh merde, ça commence mal ! Si je vous donne le pitch officiel, je trahis le film mais sinon, je le spoile. Allons-y pour la trahison. Un homme dont on ignore l’identité, interprété par Ethan Hawke, est chargé par le Bureau Temporel d’arrêter un terroriste connu sous le nom de « The Fizzle Bomber » responsable d’une série d’attentats à la bombe répartis sur 10 ans. Ça, c’est le pitch officiel et – honnêtement – ça ne donne pas très envie. Alors ok, on nous promet du voyage temporel mais vous vous souvenez de cet immondice de Looper ? Bon ben voilà, je ne veux pas en voir un autre comme ça. Heureusement, Predestination est bien plus que ce pitch. En fait, pour que vous compreniez un peu de quoi il retourne, il va falloir que je vous explique le début du film (en omettant volontairement certains détails).

 

Salut ! Je suis une image qui fait croire que le film dont je suis tirée est un film d’action à la con alors que je viens en fait d’un film intelligent. Bisous.

 

La première scène nous montre effectivement un Agent Temporel, muni d’un étui à violon, tentant d’arrêter un suspect et qui, en voulant contenir la bombe, est grièvement blessé. Entendez par là que son visage prend feu, entre autres. Cette scène se déroulait en 1970. Puis, il utilise son étui à violon – qui est en fait une machine à voyager dans le temps – pour revenir au Bureau Temporel en 1985 où il subit de la chirurgie réparatrice. Une fois remis sur pied, on lui confie sa dernière mission pour laquelle il devra retourner dans le passé – en 1963 – et poser en tant que barman. Tout ça s’étant déroulé en cinq minutes de film, on entre enfin dans le premier acte qui est… Disons, très surprenant si l’on s’attendait à un film d’action ou d’enquête. Ce fameux premier acte voit notre barman converser avec un inconnu et l’inciter à se confier. Tout l’objet de ce premier tiers de film (à vue de nez) est de nous présenter l’autre personnage principal, un auteur d’histoires pour femmes au foyer qui se cache sous le pseudonyme « The Unmarried Mother » et qui entreprend donc de conter sa vie, une vie si étonnante qu’il est persuadé que le barman n’aura jamais entendu meilleure histoire. Pour ne pas trop en dire, je vais juste vous révéler une chose sur la vie de ce personnage avant de continuer parce que j’en aurai besoin dans le reste de ma critique. « The Unmarried Mother » est né femme. Une petite fille abandonnée dans un orphelinat et qui hérita donc du nom Jane Doe. Une fois son histoire terminée (changement de sexe compris), le barman lui révèle qu’il savait en fait tout depuis le début et même plus encore et qu’il a été envoyé par le Bureau Temporel pour le recruter, tout en lui donnant une chance de se venger de l’homme qui l’a fait souffrir par le passé. Je m’arrête là pour ce qui est de l’histoire parce que je ne peux vraiment pas continuer sans spoiler à foison mais sachez juste que le barman a toujours l’intention d’arrêter le « Fizzle Bomber », même s’il sait que ça risque de lui coûter la vie. En effet, le Bureau Temporel ne rigole pas avec les règles et il sait que s’il effectue un saut temporel non autorisé, il risque la peine de mort.

 

Un décor futuriste mais horriblement froid. Un mec qui a l’air de stalker. Bonne ambiance !

 

De la SF, oui. De la science… Meh !

 

Vous le savez sans doute sûrement mais la science-fiction est divisible en deux catégories (chacune divisible en une multitude d’autres) qui sont la « soft SF » et la « hard SF ». La « hard SF » met l’accent sur la plausibilité scientifique des faits évoqués, en gros. Predestination n’est PAS dans cette catégorie. Tout le film est basé sur un paradoxe que je ne vous dévoilerai pas mais qui présuppose l’existence d’une boucle infinie. Je sais que j’avais reproché à Interstellar de ne pas tenir debout à cause d’un paradoxe identique mais avant que vous ne me le reprochiez, je vous signale simplement que ce dernier tentait clairement de faire partie de la « hard SF » et échouait donc. Dans Predestination, aucune emphase n’est mise sur la plausibilité, aucun mécanisme de voyage temporel n’est expliqué et seule une limite est précisée (ainsi que certains effets sur le corps). Donc, le fait que ça ne tienne pas debout ne sera pas un reproche que je ferai au film, qu’on se le dise. Ce long métrage est de la science-fiction en ce qu’il utilise des théories scientifiques (principalement les voyages dans le temps) pour réfléchir sur la condition humaine et poser des questions de toutes sortes. Et ça, il le fait très bien. Les rebondissements à répétition du 2e et 3e acte, bien que prévisibles – j’y reviendrai –, amènent de plus en plus à réfléchir au libre arbitre (le film est d’ailleurs très spinoziste dans son approche de la question), à l’évolution personnelle, etc. Le 1er acte, lui, invite plutôt à la réflexion sur notre identité ainsi que sur la place de la femme dans la société.

 

Cette image est jolie. Cherchez pas, je l’ai mise juste pour ça, je vois pas ce qu’elle fout dans la promo du film, avec cet effet Glitch qui fait penser à un film sur l’informatique et des hackers trop badass leur mère.

 

Un livre animé

 

Et c’est là que le film se prend les pieds dans le tapis en voulant rester trop proche du matériau d’origine, une nouvelle écrite par Robert A. Heinlein intitulée « All You Zombies ». Enfin non, le scénario parce que le film se prend les pieds dedans dès la première scène mais, là encore, j’y reviendrai. Les frères Spierig ont voulu coller au plus près en laissant l’intégralité de l’histoire de « The Unmarried Mother », en faisant les mêmes emphases que dans l’écrit, c’est-à-dire en mettant le doigt sur la place réduite laissée aux femmes dans les sociétés occidentales dans les années 60. C’était extrêmement important d’en parler à l’époque mais l’intérêt, de nos jours, de revenir là-dessus est inexistant dans une œuvre de SF. Je sens les attaques poindre alors je vais m’expliquer : je ne dis absolument pas qu’il est inintéressant de rappeler les inégalités de l’époque comme les accès impossibles à certains types de métiers en fonction du sexe de la personne mais simplement que ça ne l’est pas dans le cadre de la science-fiction. Ça aurait tout à fait sa place dans un film historique ou même un drame avec pour cadre cette époque. Le souci, c’est que la science-fiction est censée inciter son public à réfléchir sur sa condition actuelle, pas sur ce qui se faisait (même si c’était très mal) dans le passé. Alors je sais, l’histoire se passe à cette époque et les événements vécus par le personnage l’ont façonné. Il est donc important de les conter. C’est vrai et ce premier acte est d’ailleurs sans doute le plus important des trois, voire le plus intéressant. Simplement, selon moi, il aurait été préférable de mettre l’accent sur les ressentis du personnage face aux réactions des hommes de l’époque plutôt que sur les processus en place. En gros, certaines scènes auraient gagné à être raccourcies et d’autres un peu allongées par rapport au matériau d’origine afin que les questionnements deviennent plus actuels.

 

Sarah Snook. Elle pète encore plus la classe en John qu’en Jane ! Chapeau bas, madame.

 

Si Predestination fonctionne très bien sur les questions philosophiques et sociétales qu’il soulève, il échoue sur l’autre façon de regarder un film de ce genre : le mystère et la confusion. Entendons nous bien, je ne parle pas de confusion scientifique ou de l’action. Au contraire, les réalisateurs ont réussi à rendre ces allers-retours temporels parfaitement clairs et fluides et rien que ça, ça force le respect. Toutefois, une grosse partie de l’intérêt de l’histoire réside dans les inconnues. Qui est le « Fizzle Bomber » ? Quelles sont ses motivations ? Quel lien existe-t-il entre le barman et « The Unmarried Mother » ? Qui est l’homme qui a tant fait souffrir Jane ? Existe-t-il d’autres agents temporels ? Dès la première scène, les frères réalisateurs font un très mauvais choix de cadrage qu’ils répètent sans cesse par la suite, y compris dans l’histoire de « The Unmarried Mother ». Un choix qui sent l’adaptation à plein nez. Je veux dire par là que, même sans avoir lu l’œuvre originale, on comprend que les cadrages sont là pour représenter les passages écrits évasifs concernant les personnages. Le problème, c’est qu’être évasif en littérature amène le lecteur à imaginer alors que les cadrages faits ici amènent à raisonner et donnent tellement d’indices au spectateur qu’avant la fin du premier acte, on a tout compris. Mais vraiment tout.

 

Un décor simple, sobre, certainement pas très cher et pourtant parfait pour le film. Bien joué.

 

C’est d’autant plus dommage que, malgré le manque de moyens, le film est plein de bonnes idées visuelles et qu’il accomplit énormément avec très peu. Par exemple, la représentation des sauts dans le temps est d’une efficacité à toute épreuve et sa simplicité en fait une vraie bonne trouvaille pour donner du cachet à Predestination sans avoir à débourser des millions en effets spéciaux. Techniquement, le film est vraiment très bon, bien qu’un peu académique sur la réalisation. Les lumières sont correctes, les décors épurés mais crédibles et efficaces, le découpage des scènes d’action est très bien dosé, etc… Et surtout, on ne le dira jamais assez, les acteurs sont excellents ! Ce n’est pas très surprenant pour Ethan Hawke qui n’a plus à prouver ses qualités d’acteur mais Sarah Snook est une véritable révélation pour moi qui ne l’avais jamais vue auparavant. Enfin si, a priori j’avais du la voir dans le film Sleeping Beauty (de Julia Leigh) mais il était tellement mauvais que j’avais déjà de la peine pour Emily Browning alors les actrices de second plan, je ne m’en souviens pas. Bref, je digresse. Sarah Snook prouve qu’elle est une actrice à suivre en incarnant aussi bien Jane que « The Unmarried Mother », sa version masculine, malgré un maquillage pas tout à fait réussi et des vêtements mal choisis qui ne créent pas l’illusion, même dans l’obscurité relative du bar. Je veux encore une fois saluer la prouesse de rendre cette histoire claire et facile à suivre là où beaucoup de réalisateurs se seraient probablement amusés à en rajouter des caisses pour paumer le spectateur et usurper un titre d’artiste intellectuel.

 

Explication de bande

 

Je viens de saluer la clarté du scénario et je n’en démords pas : c’est très facile à suivre. Pourtant, en me promenant sur internet, j’ai pu me rendre compte qu’une partie des spectateurs n’avaient pas compris les liens entre les personnages, ni la timeline des événements du film. Si vous êtes également dans ce cas-là, lisez ce qui suit, entre les alertes spoilers. Si vous n’avez pas vu le film, je ne saurais trop vous conseiller de NE PAS lire cette partie.

 

« Sans déconner, vous n’avez pas compris le film ?!? »

 

Zone spoilers

 

Finalement, tout le long du film, on a appris à connaître un seul personnage. On le sait, Jane et John aka « The Unmarried Mother » sont la même personne – comme expliqué dans le premier acte – mais le barman est également lui/elle, ainsi que le « Fizzle Bomber ». En effet, c’est John que l’on voit brûler dans la première scène du film et qui, suite à la chirurgie, change de visage pour avoir finalement les traits du barman (c’est-à-dire d’Ethan Hawke). Dans le dernier acte, on apprend également que le « Fizzle Bomber » est une version plus âgée du barman (donc de Jane, par extension) qui, après de trop nombreux sauts dans le temps – je vous rappelle que son étui n’a jamais pu être désactivé -, a perdu un peu la tête et pense sauver des vies grâce à ses attentats. Ce qui est partiellement vrai d’ailleurs. En tuant le Bomber, le barman se condamne en fait à devenir lui-même le Bomber. Quant au bébé, Jane l’a eu avec John, ce qui signifie qu’elle l’a eu avec elle-même, avant que le barman (donc toujours elle) ne l’amène à l’orphelinat en 1945, faisant ainsi écho à la scène d’ouverture de l’histoire de John et expliquant que le bébé en question est Jane elle-même. C’est donc bien un Ouroboros (le fameux serpent qui se mord la queue) que l’on a puisque Jane donne naissance à Jane, puis finit par être tuée par Jane en aidant entre temps Jane à tomber amoureuse de Jane. Elle n’existe que parce qu’elle se crée elle-même, c’est donc bien un paradoxe temporel. Et oui, aussi, c’est un peu dégueulasse de baiser avec soi-même. Enfin bon, on va dire que c’est de la masturbation améliorée, non ? Bref, ça donne pas très envie…

 

Fin de la zone spoilers

 

TL;DR

Predestination remplit son contrat en tant que film de science-fiction et la qualité générale du film et de l’acting rendent sa diffusion en direct to DVD assez difficile à comprendre. C’est un film intelligent qui soulève des questions intéressantes et vaut bien 1h30 de votre temps, pour peu que vous ne soyez pas allergique aux paradoxes temporels. Le film aurait malgré tout gagné à bénéficier d’une adaptation un peu moins proche de la nouvelle de Robert A. Heinlein.

Ourobouros

Un bon film de science-fiction souffrant malgré tout d'une adaptation trop littérale de son matériau d'origine.

7
Note finale:
7

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10 Comments

  • Reply
    snaketc
    07 Jan 2015 12:20

    Merci pour cette trouvaille. Bon film en effet, il évite d’être trop long et avec trop d’effet spéciaux. Par contre, j’ai vraiment du mal avec le coup de l’oeuf ou de la poule. La génération spontanée n’existe pas, alors il me manque un point d’entrée. Le mouvement perpétuel peut être créé mais il faut bien à un moment le lancer. Un p’tit point de départ serait le bien venu.

    • Reply
      Gizmo
      07 Jan 2015 11:34

      C’est la partie la plus compliquée de la suspension d’incrédulité nécessaire pour ce film, oui. Par contre, c’est une très bonne façon d’aller au bout de la métaphore sur le libre arbitre (enfin sur sa non existence plutôt puisque, comme je le disais, l’histoire adopte un point de vue spinoziste sur le sujet).

  • Reply
    Kyra
    13 Jan 2015 6:31

    J’avoue qu’il est bon ! Je ne me suis pas ennuyée (ce qui m’arrive malheureusement trop souvent dernièrement).

  • Reply
    MesMots En16/9
    04 Fév 2015 1:32

    Pour ma part ce film est une excellente surprise. Un mélange étonnant entre science-fiction, thriller et conte philosophique mais terriblement efficace. Sans jouer sur la surenchère visuelle de la SF moderne (de toute façon je pense que son budget limité ne le lui permettait pas) le film s’appuie sur ses propres qualités, un scénario intelligent, une mise en scène très classe et un jeu d’acteur incroyable (Sarah Snook y est particulièrement bluffante).

  • Reply
    Rémi30
    11 Août 2017 12:18

    Très bon descriptif et analyse du film . Peut être que le point de départ de cet ourobouros , ou plutôt la solution à ce problème est qu’au moment où john abandonné jane sur le banc , et qu’il parle à son lui même en tant qu’agent , et bien il ne devrait pas repartir avec lui et devrais rester auprès de jane . Ainsi jane ne serait plus malheureuse , la petite serait plus orpheline . Sa ferais une sorte d’Happy end . ^^ . Et la boucle finirais ainsi par se fermer . À défaut d’avoir pu trouver le début de celle ci .

  • Reply
    Quentin
    06 Mai 2020 11:50
    • Reply
      Gizmo
      04 Nov 2020 11:35

      Bonjour,

      On pourrait débattre de l’appartenance ou non de la boucle causale à la soft tech mais ce n’est pas utile puisque là on est dans un cas encore plus spécifique qu’une boucle causale qui n’appartient clairement pas à la hard tech : si on reprend le fameux exemple de la boule de billard, ici, elle ne rétroagit pas « simplement » sur sa propre trajectoire mais provoque sa mise en mouvement (voire se crée elle-même). Sans mouvement au départ.

  • Reply
    jacky
    23 Nov 2023 10:52

    j’avoue que c’est quand meme sur les indices légers que l’on arrive a tout comprendre…

  • Reply
    Élise
    16 Déc 2023 12:54

    Bonjour ! Je viens seulement de regarder le film et de lire votre article, super intéressant 👍 Il y a juste une petite faute (ou alors j’ai mal compris ^^) : la scène dans le bar ne se passe pas en 1963, mais en 1970 (le 6 novembre, pour être exact). Ce ne serait d’ailleurs pas possible, car Jane a accouché en 1964. De mon côté, j’avais bien compris le lien entre tous les personnages, ou plutôt le personnage, le film étant assez prévisible (même si j’ai espéré jusqu’à la fin m’être trompée ☺️), mais impossible de saisir pourquoi John en 1970 ne se souvient pas qu’il a rencontré Jane. Est-ce parce que ce que l’on voit est la première boucle ? Je suis peut-être partie trop vite du principe que la boucle s’était déjà répétée, mais c’est peut-être son premier tour en réalité. Pour autant, comme John raconte son histoire, j’ai du mal à comprendre pourquoi il ne se reconnaît pas ; c’est peut-être dit dans le film, j’ai dû rater une ligne de dialogue ! Aussi, j’ai eu des difficultés à comprendre comment « John nouveau visage » pouvait être le Fizzle Bomber en 1970 alors qu’il était encore Jane/John dans le bar, mais je me suis souvenue que la machine était toujours active, il a dû voyager dans le temps. En revanche, à quel moment il a décidé de poser des bombes ? On ne nous le dit pas. Bref, le film porte bien son titre, Jane/John est incapable de sortir de la boucle et s’il·elle en sort, existera-t-il·elle ?

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