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[Test] Kingdom : New Lands, le suzerain pontife

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Lors de sa sortie en 2015, Kingdom premier du nom proposait d’incarner un roi ou une reine parti à la conquête de terres hostiles pour bâtir un royaume pérenne. Depuis 2016, Kingdom : New Lands propose la même chose, mais en mieux. Et puisque sa suite (qui proposera la même chose, mais en mieux et en coopération) est prévue pour 2018, voilà l’occasion de jeter un œil en arrière sur le dernier épisode en date.

Kingdom : New Lands est donc la suite de Kingdom, un jeu de gestion «qui a l’air simple mais qui en fait te roule dessus», développé conjointement par Thomas van den Berg (Noio) et Marco Bancale (Licorice). On y retrouve la formule propre au Kingdom originel, bien résumée par la phrase qui accueille le joueur au début de chaque partie : «Construire. Étendre. Défendre». Tous ces jolis verbes à l’infinitif s’accomplissent toujours avec l’unique ressource du jeu, les pièces d’or, que les tendres sbires que vous recruterez se feront une joie de récolter avec amour, en chassant le lapin et labourant la terre. Tout cela afin de survivre à des vagues d’ennemis de plus en plus balèzes, qui vous attaqueront chaque nuit afin de dérober vos biens, ou pire, votre couronne. Ce serait d’ailleurs bien dommage puisque, comme l’indique l’écran de game over, «pas de couronne, pas de roi».

Bâtir des châteaux en escale

New Lands, tout comme Kingdom Classic, se joue à une main. Loin de signifier qu’il s’agit d’un jeu pour adultes, cela implique que votre panel d’actions se limite à deux gestes : vous déplacer sur le plan en 2D et déposer des pièces d’or au sol, afin de construire des bâtiments ou de recruter les pauvres hères qui hantent la forêt en attendant qu’un juste souverain leur apporte la civilisation.

Le pixel-art de Kingdom est toujours aussi agréable à l’œil. Non mais regardez moi ces reflets sur l'eau.
Le pixel-art de Kingdom est toujours aussi agréable à l’œil. Non mais regardez moi ces reflets sur l’eau.

À l’inverse du Kingdom classique, qui se termine en détruisant les quatre portails ennemis dispersés dans la forêt qui encercle le château, New Lands vous propose de voyager à travers cinq îles générées procéduralement. Pour ce faire, il vous faudra construire un navire, ce qui nécessite une énorme quantité d’or, afin d’emmener une partie de votre armée actuelle vers des terres encore vierges et inexplorées.

Afin de faire face à l’avalanche de flouze que l’on acquiert lorsqu’une dizaine de fermiers viennent vous verser leur dîme simultanément, le jeu propose désormais un système de banque, qui permet de stocker des pièces pour les réutiliser plus tard. Une mécanique bienvenue puisqu’une fois votre bourse remplie à ras bord, toute nouvelle pièce récoltée risque de disparaître à jamais.

Mais la banque permet surtout de se préparer à une autre nouveauté : l’hiver, qui débarque entre une vingtaine et une cinquantaine de jours selon l’île, et qui tarit les principales sources de revenus. On se retrouve alors, à la manière d’un Don’t Starve, à faire des stocks en attendant le jour où la neige se mettra à chuter ; ou alors, à tout faire pour changer d’île avant la date fatidique.

Une fois votre navire construit, il faudra attendre que vos sbires le mènent jusqu'à un embarcadère avant de pouvoir décamper.
Une fois votre navire construit, il faudra attendre que vos sbires le mènent jusqu’à un embarcadère avant de pouvoir décamper.

Autre innovation notable : la forêt dissimule désormais des cabanes délabrées habitées par des ermites qui, une fois ramenés à la base à dos de fier destrier, vous permettront de construire de nouveaux bâtiments. Entre les nouvelles tours de défense ou la cuisine, qui permet d’attirer les vagabonds à vous sans avoir à faire d’innombrables aller-retours dans la pampa, la suite de Kingdom propose tout un tas de nouveaux outils propices à l’éviscération nocturne de démons chapardeurs. Et pour survivre au voyage jusqu’à la cinquième île, il va en falloir, des outils.

Le roy est mort, vive le roy !

Car Kingdom : New Lands est taquin. Sous ses mécaniques simples et ses graphismes neo-rétro tous en gros pixels subtilement agencés, le jeu se gausse. Il observe le joueur qui se félicite dès le troisième jour, tout fier de sa petite base en bois. L’inconscient, il ignore encore tout des hordes de démons bodybuildés qui lui déferleront bientôt sur la tronche, de l’hiver qui fait fuir le gibier et bousille les cultures, des dangers de la promenade solitaire en forêt. Quand une énième lune de sang (qui annonce, tous les cinq jours, une attaque nocturne particulièrement violente) aura eu raison de son royaume de pacotille, certes il pleurera un peu, mais il apprendra encore plus.

Recruter des chevaliers permet de lancer des raids contre les portails d'où surgissent les ennemis.
Recruter des chevaliers permet de lancer des raids contre les portails d’où surgissent les ennemis.

Une fois ces premières embûches surmontées (et une poignée de tutoriels visionnés si vous êtes une buse, ce qui n’est bien évidemment pas mon cas, ne me regardez pas comme ça), Kingdom : New Lands attendrit sa courbe de difficulté. Le début de chaque nouvelle île est facilité par le pécule et l’armée que l’on emmène avec soi, et on croule sous les pièces d’or une fois que l’on a compris comment optimiser les revenus. Tout le sel du jeu consiste, en réalité, en la découverte puis la maîtrise des différentes mécaniques, et en la sévère prise de raclées que l’on prend pendant cet apprentissage.

En dépit de cela, une session de jeu de New Lands se fait toujours avec la boule au ventre, car la moindre erreur peut tout faire basculer. Il suffit de construire un mur au mauvais endroit, d’oublier de recruter pendant quelques jours ou, pire, de se retrouver seul dans la forêt pendant la nuit pour que tout s’écroule comme un château de cartes, obligeant le joueur à recommencer l’île en cours. Se prendre des claques et aimer ça pour 15€, d’autant plus que le jeu se retrouve régulièrement dans des bundles, c’est tout de même pas cher payé, si ?

En bref

Kingdom : New Lands, à l’instar de son prédécesseur, retourne la fameuse phrase de Nolan Bushnell et se révélant «hard to learn, easy to master». Pendant les premières heures de jeu, il allonge torgnole sur mandale pour mieux récompenser les victoires, toujours remportées dans un mélange de fierté et d’angoisse.

On aime :

  • Le pixel art léché
  • La durée de vie supplémentaire par rapport au premier Kingdom

On aime moins :

  • La génération procédurale des îles nous la met parfois à l’envers

Craquez vos PO si :

  • Vous avez passé vos années collège à jouer à des Tower Defense au CDI
  • Vous avez aimé le jeu flash à l’origine du jeu
  • Vous avez encore plus aimé Kingdom premier du nom

Quittez la partie si :

  • Prendre des claques dans la tronche pendant les premières heures de jeu vous tord les boyaux d’angoisse

Kingdom : New Lands – Noio – Licorice – Raw Fury

Disponible sur PC, Switch, Xbox One, Playstation 4, Android et iOS – 15€ environ

Mon royaume pour un cheval

En apportant quelques mécaniques à la mouture de base, mais surtout en proposant une aventure beaucoup plus longue, Kingdom : New Lands apporte à son aîné la durée de vie qui lui manquait. Un nouveau souffle bienvenu pour les habitués, un titre accrocheur pour les nouveaux joueurs.

7
Note finale:
7

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