Trois ans après A Plague Tale: Innocence, Asobo revient avec Requiem, la suite directe du premier opus qui lui avait valu des lauriers mérités. Le studio bordelais a-t-il transformé l’essai ? On voit ça tout de suite ensemble !
Ratman Begins
Avec Requiem, Asobo persiste et signe son envie de passer dans la cour des grands. Cette fois, ce sont 70 personnes qui sont mises au service d’un double AA qui affiche clairement ses ambitions d’attraper le A qui lui manque.
Autant le dire tout de suite : c’est réussi. Requiem a les airs d’un grands. Encore plus que son grand frère dont c’était déjà la qualité marquante.
Requiem, c’est donc Innocence mais en plus ambitieux. On reprend les mêmes et on recommence. Ou plutôt : on continue. Requiem est en effet sa suite directe : Amicia, Hugo, leur mère et son apprenti Lucas tentent de trouver un remède à la maladie de Hugo. Rappelez-vous, le jeune frère d’Amicia est atteint de la macula, une étrange affection qui lui permet en réalité de contrôler les rats par dizaine de milliers. Le revers de la médaille ? Il les attire là où il se trouve…
Dans cet épisode, on va tout apprendre de la backstory derrière la macula. Il s’agit d’un opus plus adulte, tant pour Amicia que dans l’ambiance globale. L’histoire plus sombre contraste magnifiquement avec les paysages qui n’ont jamais été si lumineux et colorés. Les sidekicks sont eux aussi des adultes désormais, faisant définitivement quitter l’enfance aux personnages. Bien que le souffle de l’aventure soit toujours très présent, oubliez le côté Goonies d’Innocence, et préparez-vous à une descente aux enfers…
Visuellement ça tabasse, on n’a jamais été aussi proches d’un jeu Naughty Dog (cette fois-ci davantage d’un Uncharted que d’un The Last of Us d’ailleurs ). Certains paysages et ambiances sont à couper le souffle : la Provence, Arles ou l’île de la Cuna sont d’une beauté bluffante…
Ne mâchons pas nos mots : Requiem offre de véritables moments de grâce, preuve d’une maestria acquise et impossible à remettre en doute chez Asobo. Certaines scènes resteront dans les esprits, renforcées par l’empathie qu’on réussit à nous faire ressentir pour ces personnages attachants. Une fois de plus, les thèmes de la violence confrontée à l’enfance, les responsabilités imposées à Amicia, etc. sont autant de sujets qui renforcent notre implication émotionnelle dans l’histoire.
Vous l’aurez compris : A Plague Tale Requiem est un excellent jeu.
Mais.
Les rats quittent le navire
Mais… le fait qu’il se rapproche des étoiles fait que certains pas de côté n’en sont que plus frustrants parce qu’on a d’autant plus de mal à les pardonner.
Le jeu est beau (magnifique même) mais… certaines mo-cap vraiment pas folles surprennent parfois avec des personnages inexpressifs aux regards vides.
Les hordes de rats sont beaucoup plus impressionnantes que dans Innocence (leur capacité d’affichage est passée de 5000 rats à 300.000 !) et certaines scènes d’invasion incroyablement mises en scène mais… ne parviennent pas pour autant à créer un véritable sentiment de menace. La faute à un comportement trop prévisible qui les rend presque inoffensifs.
Oui, on s’amuse mais… certaines maladresses de jouabilité n’ont plus leur place dans un jeu de cette ampleur. Ils en deviennent des gimmicks tant ils sont présents. Voici quelques exemples :
- Le mécanisme des portes qui se referment pour clôturer une zone : ce sont TOUJOURS les mêmes portes. Les ennemis vous courent après mais arrêtent toute poursuite si vous leur fermez la porte au nez… Typiquement le genre de détails qui ont tendance à me sortir de l’immersion.
- Les zones qui se referment sans possibilité d’y retourner – quand on sait qu’on a loupé un recoin et qu’il y a des collectibles là-bas, c’est de la véritable torture moderne qui rendra fous les complétionnistes (dont je fais partie)
- Les scènes de fuite où la caméra est face au personnage : j’ai toujours trouvé ça bancal et malheureusement Requiem n’échappe pas à la règle…
- Les combats qui ne sont dans leur ensemble pas très agréables à jouer, même si j’ai moins subi que dans Innocence (merci au passage de ne pas nous avoir infligé à nouveau l’écueil d’un boss de fin insupportable)
- L’infiltration desservie par une IA aux fraises
Pour résumer le ressenti global, on a souvent l’impression de jouer à un The Last of Us re-skinné mais moins bien maîtrisé… Ça peut sembler cruel de dire ça mais on en retrouve énormément de mécaniques (les couteaux à utilisation unique, etc.) et la comparaison n’en devient que plus évidente. Et elle n’est malheureusement pas à l’avantage de A Plague Tale: Requiem…
Mais ce qui m’a peut-être le plus frustrée c’est l’écriture globale qui encourage à ne pas tuer alors qu’on n’a, en réalité, pas d’autre choix que de tuer. En permanence, Requiem fait comme