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[Test] Dragon’s Dogma 2

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Dragon’s Dogma 2 débarque à dos de dragon dans une nouvelle aventure. Mais est-ce que l’Insurgé et ses Pions brilleront à nouveau 12 ans plus tard ? En 2013, presque un an après sa sortie, je découvrais Dragon’s Dogma premier du nom pour quelques euros. J’avais pris une énorme claque, faisant le jeu trois fois de suite pour le platiner. C’est donc sans aucune appréhension que j’ai lancé Dragon’s Dogma 2 dès sa sortie. Mais pas sûr que l’attente valait le coup.

Je me souviens encore de cet été 2013, occupé par les longues vacances de l’étudiant que j’étais. C’était juste génial d’avoir des pions aussi loquaces, de monter sur les ogres pour les défoncer à coups de dague, ou d’affronter des dragons géants avec d’autres joueurs en ligne de façon asynchrone. Il était pourtant difficile de défendre le dernier-né de Hideaki Itsuno (Rival Schools, Devil May Cry), créateur légendaire de Capcom, alors que tout le monde ne parlait que de The Last of Us et de GTA V. Le DLC gigantesque Dark Arisen faisait un hommage appuyé à mon manga favori, Berserk. Autant dire que j’ai remis quelques dizaines d’heures au compteur. Puis plus rien. On a bien eu Dragon’s Dogma Online, ersatz MMORPG exclusif au Japon sorti en 2015, puis une série Netflix très moyenne sortie en 2020 qui reprenait le scénario du jeu original. Vu à l’époque comme un jeu un peu niche, sa suite Dragon’s Dogma 2 a cette fois fait l’objet d’une petite hype quelques semaines avant sa sortie, peut-être due à la méconnaissance du premier jeu.

Dragon’s Dogma 2 nous met dans la peau de l’Insurgé, marqué par un dragon qu’il doit tuer pour sauver le monde. C’est assez facile de s’y retrouver vu que chaque jeu et série de la licence commencent de la même façon. Au début du jeu, on affronte un dragon qu’on ne peut pas battre, le dragon nous dégomme et nous arrache le cœur gentiment, puis on devient Insurgé. L’Insurgé a la capacité de contrôler des Pions, sorte de personnages assez peu démonstratifs, destinés à faire des tâches variées. Mais les Pions sont sympas, car ils peuvent voyager entre les mondes pour répondre aux besoins et aux ordres de plusieurs Insurgés. C’est alors que l’Insurgé incarné suit son destin accompagné de ses petits Pions.

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Les Pions sont plutôt sympas, à noter la présence de la nouvelle race des Léonides.

Effet Proteus

A l’instar du premier jeu, le créateur de personnages assez complet nous permet de personnaliser son avatar, ainsi que son Pion principal qui s’avère important car il peut voyager dans d’autres mondes pour aider d’autres joueurs. Afin de compléter ce duo, il est possible de recruter des Pions créés par d’autres joueurs en ligne avec des caractères assez marqués. Que ce soit lors de la création ou du choix en ligne des Pions, on peut en choisir un curieux qui va ramasser tous les objets qui trouvent, ou un autre belliqueux qui fonce tête la première vers l’ennemi, ou encore un Pion défensif qui va s’occuper en premier lieu de la défense de l’Insurgé. Au même titre que celui-ci, la création de son Pion principal est primordiale, que ce soit son look ou sa personnalité. Capcom a d’ailleurs eu la bonne idée de livrer un éditeur de personnages sur Steam quelques jours avant la sortie du jeu, afin de préparer ses créations (et la moins bonne idée de proposer des microtransactions le jour J mais j’y reviendrai). On peut néanmoins regretter qu’il n’y ait pas un système de codes pour importer directement le personnage. Car oui, j’ai eu un peu la flemme de passer deux heures sur la création de personnages, donc je me suis inspiré des créations très bien faites des joueurs. Pour des raisons qui me sont propres, mon Insurgée ressemblait à Tifa de FFVII et mon Pion au catcheur Undertaker. J’ai choisi comme classe pour mon Insurgée voleuse et pour Pion guerrier, un bon duo que j’allais compléter avec des Pions du net du type soutien et mage. Fort de ma petite équipe, je suis parti à l’aventure.

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Le créateur de personnages est très complet, avec ici le rendu d’un sorceleur bien connu. Beaucoup de créations très cools sont présentes sur Internet.

Un monde ouvert très ouvert

Car oui, le jeu nous impose une aventure épique qui se veut étrangement assez réaliste. Je venais de passer 150h sur Like a Dragon: Infinite Wealth puis Final Fantasy VII Rebirth, j’ai dû me mouiller la nuque pour me plonger dans un autre monde ouvert qui ne propose quasiment aucune icône sur la carte. Les quêtes nous indiquent vaguement les objectifs puis une direction un peu floue. Fort de ma connaissance du premier jeu, je sais en premier lieu qu’il faudra monter plusieurs vocations. Un peu comme les anciens Final Fantasy ou d’autres RPG japonais, monter une vocation nous offre des compétences passives qu’il sera possible d’équiper sur une autre classe. Par exemple, si j’obtiens un passif me permettant de courir plus vite en voleur, je pourrai l’équiper quand je monterai la classe de sorcier. Ce système assez simple nous permet d’avoir un Insurgé complet ou au contraire très spécialisé. Il en va de même pour le Pion principal, qui ne peut cependant pas monter les classes les plus avancées.

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Le monde de Dragon’s Dogma 2 semble vaste mais les routes sont assez étroites.

Les Pions d’autres joueurs sont plus limités, car leur classe, leurs talents et leur équipement sont bloqués, tout comme leur expérience. Il faut donc changer les deux Pions externes assez régulièrement pour gagner la bagarre. Ce qui n’est pas bloqué en revanche, c’est l’expérience personnelle des Pions. Prenons l’exemple d’un Pion appelé Jean-Michel, recruté sur Internet. Si Jean-Michel connaît une quête ou l’emplacement d’un coffre, il fera de grands gestes à l’Insurgé pour l’inviter à suivre. Avec l’appui d’un simple bouton, Jean-Michel foncera vers son objectif, nous indiquant le chemin. C’est donc grâce à l’expérience des Pions qu’il est possible de progresser dans ce jeu qui ne nous indique pas grand-chose. Si Jean-Michel est dépassé par les évènements, il faut recruter un nouveau Pion plus au courant de ce qui se passe dans le monde. Il est possible de recruter des Pions plus puissants en échange d’une monnaie spécifique qui s’obtient principalement en finissant les quêtes. Il est important de noter que ces Pions ne sont pas immortels, car si l’un vient à mourir, il faudra soit tenter de le recruter à nouveau dans l’endroit correspondant, soit recruter un remplaçant. Heureusement, les pions simplement KO nous laissent un peu de temps pour être réanimés.

Vivre en terrain hostile

Côté combats, la formule est la même que pour le premier jeu, même si de nouvelles classes ont été ajoutées. On part sur des combats plutôt dynamiques, avec cette spécificité définissant l’identité de Dragon’s Dogma qui est de monter sur les ennemis et de leur tartiner le crâne à coup d’épée. Les Pions sont aussi bien énervés et n’hésitent pas à monter à plusieurs sur un pauvre ogre qui n’avait rien demandé, d’autant plus que le monde de Dragon’s Dogma 2 est très hostile et les combats sont nombreux et plutôt dangereux au début de l’aventure. En combattant un ogre, il n’est pas si rare de réveiller un camp de gobelins ou un griffon qui se baladait, ce qui rend le combat bien plus difficile, ou alors on peut se barrer et laisser tout ce petit monde s’entretuer. C’est d’autant plus dangereux que les coups encaissés peuvent diminuer la vie maximum de nos personnages. Hormis l’utilisation d’un objet très rare, la seule façon de se soigner est d’aller à l’auberge et il n’y en a pas à tous les coins de rue. Le jeu a en plus la particularité d’avoir un système de sauvegarde étonnant puisqu’il y a une sauvegarde avant et après un combat. Le hic, c’est qu’il n’y a qu’un seul fichier de sauvegarde possible. Si on meurt, on est remis juste avant le combat en échange d’un bout de vie maximum. On comprend vite que plusieurs combats difficiles successifs vont nous rendre très vulnérables, il devient alors quasiment impossible de survivre et il faut vite trouver une auberge pour retrouver sa vie maximum. Les développeurs ont tout de même pensé à intégrer une sorte de sauvegarde complète dans les auberges, qu’il est possible de charger si on se retrouve bloqué.

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Les combats constituent le point fort du jeu, avec une interface très claire.

Et donc j’explore, je prends mes petits Pions et j’affronte des gobelins malins qui veulent prendre mon groupe en embuscade. Oh non, la nuit tombe ! Je me réfugie dans une grotte, tout aussi dangereuse puisque je rencontre des espèces de salamandres. Un de mes Pions se fait tuer, je vais vite le sauver. Au bout de la grotte, je trouve quelques coffres, mais je réveille une chimère. Après un combat épique, je m’échappe de la grotte et fort heureusement le jour s’est levé. Allez, je raconte une autre histoire. J’explore, je prends mes petits Pions et j’affronte des gobelins malins qui veulent prendre mon groupe en embuscade. Oh non, la nuit tombe ! Je me réfugie dans une… euh mais il se passe la même chose ? Oui en effet, les premières heures de Dragon’s Dogma 2 sont excellentes, mais le système ne va pas changer pendant tout le jeu. Et surtout, le système n’a pas vraiment changé depuis la sortie du premier jeu il y a 12 ans.

“A jack of all trades, a master of none”

Plus le jeu avance et plus on s’ennuie, c’est aussi simple que cela. Les quêtes floues restent très floues, malgré le recrutement intensif de Pions pour nous indiquer ce qu’il faut faire. Ces quêtes nous envoient dans des endroits très éloignés les uns des autres. Et donc on repart à l’aventure avec ses petits Pions. Toujours les mêmes gobelins en embuscade, toujours les mêmes ogres et les mêmes salamandres (bon ok elles changent de couleurs). Les biomes sont assez peu variés, car on a en gros la plaine, le désert et un volcan. Il reste le plaisir de l’exploration, mais après avoir écumé une vingtaine de grottes similaires, on ignore gentiment le Pion nous indiquant qu’il y a une grotte non explorée dans le coin. De plus, la jauge d’endurance est assez faible et notre Insurgé n’est pas très endurant, il faudra donc faire de nombreuses pauses en marchant après avoir couru un petit peu. Qui plus est, à l’inverse de Elden Ring ou même des derniers jeux de la série Zelda, l’exploration offre peu de récompenses et c’est un vrai problème. Quand j’affronte une chimère et un ogre en même temps après avoir exploré une grotte pendant quinze minutes, j’ai vraiment envie d’avoir un beau cadeau. Et bien non, on récolte deux steaks et trois potions. Il existe assez peu d’équipement dans la nature, là où Elden Ring peut nous faire changer de build en regardant derrière un arbre, on ravitaillera volontiers dans les magasins bien fournis. Sachant qu’on monte assez vite en puissance, les monstres deviennent vite anecdotiques d’autant plus que leur variété est extrêmement limitée. Le post-game nous ajoutera un peu de challenge, mais la lassitude est déjà présente.

Avec ces tâches devenues répétitives, l’aventure devient laborieuse. Il n’y a plus de surprises quand mon Undertaker me dit pour la 42ème fois que les matériaux obtenus nous permettent de faire des objets, dont la majorité sont inutiles. On arpente donc ces immenses routes pour accomplir des quêtes ou suivre le scénario. Il existe quelques rares moyens de se téléporter, mais ils sont très précieux. Capcom a pensé encore une fois à tout avec la présence d’un shop online qui porte la possibilité abominable d’acheter des items avec de l’argent réel, l’un des plus onéreux étant bien évidemment le portacristal qu’on peut poser à un endroit pour s’y téléporter. On est face à un jeu volontairement laborieux mais pas forcément difficile, payé au prix fort, auquel il est possible d’ajouter des microtransactions pour rendre le tout moins chiant. Ok j’ai compris, c’est parce que l’aventure se passe sur les routes, avec l’affrontement contre des monstres qui nous prennent au dépourvu, de ces « moments Dragon’s Dogma » durant lesquels un griffon vient nous surprendre ou qu’on casse un pont pour faire tomber un ogre. Ces moments sont certes cools, mais ne vont survenir que deux ou trois fois dans l’aventure.

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Les griffons adorent s’immiscer dans les combats déjà commencés.

Il reste le scénario et la narration des quêtes. Et je vais être franc, je ne sais pas si je n’ai rien compris ou s’il n’y avait rien à comprendre. Quand j’ai senti le scénario s’accélérer en suivant un PNJ important (à vrai dire, je ne savais plus qui c’était), j’arrivais à une fin décevante du jeu au bout de 40h. Les personnages sont très mal écrits, les dialogues sont bizarres, le scénario tient sur un post-it et les quêtes annexes sont inintéressantes au possible (« va tuer des gobelins », « ramène-moi un coing mûr », youpi). J’avais déjà du mal avec les scénarios cryptiques des jeux From Software, mais ces jeux ont au moins d’autres qualités. Alors que le post-game du premier Dragon’s Dogma nous proposait d’affronter de gros dragons à plusieurs de façon asynchrone, le post-game de Dragon’s Dogma 2 est limité et rapide. Je n’en dirai pas plus, mais on sent que les développeurs insistent sur le New Game Plus pour pouvoir refaire les quêtes ratées auparavant. Mais au vu des défauts cités, a-t-on vraiment envie de s’infliger cette peine ?

Comme bouquet final de ces nombreux petits défauts, je retiens la performance. Je l’avais vue comme problématique sur PC, mais j’ai eu l’avantage de le faire sur PS5. Je crois que c’est l’une des premières fois que je ne vois pas de mode « performance » sur un gros jeu de la console, malgré les récentes mises à jour. Avec un jeu aussi gourmand dans lequel tout est mémorisé, je craignais un peu pour la console et ça n’a pas raté, j’ai subi un vilain crash dans le post-game alors que je me baladais tranquillement. Mais ce n’était pas une simple erreur du jeu, non c’était un bon vieux crash avec l’image qui freeze et la nécessité d’appuyer sur le bouton Power pendant quinze secondes pour reboot à l’arrache. Plus de peur que de mal heureusement, mais je n’ai plus relancé le jeu.

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Les dragons sont impressionnants et restent dangereux !

On a aimé :

  • Le sens de l’aventure épique
  • Les combats dynamiques
  • La versatilité de la progression des personnages
  • Le système des Pions toujours efficace

On aime moins :

  • La répétitivité de l’aventure
  • L’exploration qui récompense peu
  • Le scénario mal écrit voire inexistant
  • Le manque d’originalité par rapport au premier
  • La direction artistique plutôt basique et la discrétion des musiques
  • Les soucis de performance

Craquez vos gold si :

  • Vous aimez la liberté et vous perdre dans la forêt
  • Vous appréciez l’escalade

Restez à l’auberge si :

  • Vous avez peur quand vous n’êtes pas guidés
  • Vous vous ennuyez lors des longues balades champêtres
Dragon’s Dogma 2
Développé et édité par CAPCOM
Actuellement disponible sur PS5, Xbox Series X/S et Steam
À partir de 74,99€

Un cœur de dragon déjà-vu

J’ai été dur avec Dragon’s Dogma 2 et c’est à la hauteur de mes attentes élevées. Douze ans après la sortie de son prédécesseur, il n’est peut-être pas si étonnant d’avoir un soft reboot sur la nouvelle génération. J’aurais aimé un peu plus de folie ou d’interactions avec d’autres joueurs, plus de nouveautés ou un bestiaire plus étendu. Malgré les nombreux défauts évoqués, Dragon’s Dogma 2 plaira sûrement aux personnes n’ayant jamais entendu parler du premier. Bien que les premières heures soient intéressantes, pas sûr qu’il soit possible de s’amuser en y passant beaucoup de temps.

6
Note finale:
6

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