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[Test] Marvel vs Capcom : Infinite

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Dans le monde merveilleux du versus fighting, une licence a toujours eu une place un peu à part en Europe (et surtout en France) : Marvel vs Capcom. Si le clash des deux géants du divertissement a rapidement percé aux USA – notamment grâce à son ultraprésence via les bornes d’arcade -, la série a chez nous une image de jeu boiteux et foutraque où on ne comprend rien à ce qui se passe à l’écran. Ceux qui ont déjà mis les mains sur les précédents opus savent bien qu’il s’agit en fait de jeux intéressants et plus profonds qu’il n’y parait mais une image, ça colle. C’est pourquoi ce Marvel vs Capcom : Infinite est sans doute l’occasion idéale, grâce à sa refonte importante du gameplay, pour faire découvrir la saga sous un nouvel angle.

Vous êtes chauds pour la baston ?
Vous êtes chauds pour la baston ?

Voilà maintenant plus de 6 ans que Marvel vs Capcom 3 est sorti. A l’époque – et comme pour ses prédécesseurs -, le jeu rendait avant tout hommage aux comics. On peut même dire qu’il les célébrait depuis son chara design jusque dans ses menus. On prenait plaisir à former des équipes de 3 personnages parmi le roster qui était monté jusqu’à 48 intervenants dans la version Ultimate (contre 36 pour l’originale) pour enchaîner les combos allant jusqu’aux combos infinis et se déroulant principalement en l’air (OTG pour Off The Ground). Et puis la scène e-sport autour du jeu s’est développée et tout ça est devenu quasi-mythique. A tel point que vous trouverez probablement aujourd’hui plus de nostalgiques de cette version que du pourtant culte MvC2 ! Mais bon, 6 ans c’est long. Surtout dans l’univers du jeu vidéo. Du coup, Capcom a décidé de revenir avec Marvel vs Capcom : Infinite, une version qui bouscule pas mal d’habitudes. Parfois en bien… Et parfois moins.

On prend (pas) les mêmes et on recommence (à zéro)

Aujourd’hui, Marvel est devenu plus important que jamais dans le paysage de la pop culture mais sa branche cinématographique a pris le pas sur le reste et ça se sent dans Marvel vs Capcom : Infinite. Exit le design aux contours noirs épais, bienvenue à une version semi-réaliste des personnages avec un résultat un peu étrange, à la limite parfois des figurines moches des Kinder Surprise. Soyons tout de même honnêtes : cette nouvelle direction artistique convient tout à fait aux diverses créatures (Jedah, Firebrand, Rocket, etc), ce sont surtout les visages humains et les morphologies des anthropomorphes qui piquent les yeux. Une fois ce choc passé, on remarque surtout que les bisbilles de licences au cinéma se retrouvent jusque dans le jeu. En effet, vous ne trouverez ici aucun X-Men ni personne lié aux Fantastic Four ou aux mutants en général. Heureusement, l’imposante écurie de la Maison des Idées est assez fournie pour amener des personnages comme le vénérable Doctor Strange ou l’incontournable Ultron et ainsi permettre au jeu de proposer un roster satisfaisant de 30 personnages. Côté Capcom, on reste dans du plus classique même si on note l’arrivée notamment de Jedah de la série Darkstalkers ainsi que X de la série Mega Man.

30 personnages, 6 pierres d'infinité, pleiiiin de possibilités.
30 personnages, 6 pierres d’infinité, pleiiiin de possibilités.

Le roster, c’est une chose. Mais les changements importants se situent surtout au niveau du gameplay ! Tout d’abord, on passe d’une équipe de 3 personnages dans les jeux précédents à des tag teams de 2 cette fois-ci. Mais surtout, le changement entre personnages est à présent possible absolument n’importe quand au détriment de l’ancien système d’attaques supports – qui disparait purement et simplement. Dans Marvel vs Capcom : Infinite, vous pouvez commencer un combo avec Ryu et son Tatsumaki Senpukyaku, faire venir Jedah pour qu’il enchaîne avant de repasser la main à Ryu et finir sur un Hadoken des familles. Par contre, il vous faudra beaucoup de maîtrise pour ça… Mais on y reviendra ! Toujours est-il que ces switchs rapides augmentent grandement les possibilités de gameplay et changent tout bonnement la donne. Il est par contre à noter que ceux-ci s’effectuent exclusivement au sol, réduisant la propension des versions passées à multiplier les combos infinis OTG.

Infinity Stones (sans Chardens)

L’autre grande nouveauté du titre vient directement de l’univers Marvel. Il s’agit des pierres d’infinité. Au nombre de 6, elles présentent toutes deux capacités spéciales qui leur sont uniques et qui permettent au joueur d’adapter son propre style de jeu. L’Infinity Surge est disponible à tout moment en appuyant sur un unique bouton et déclenche une capacité immédiate. Par exemple, la pierre de pouvoir déclenche un coup qui envoie l’adversaire contre un bord de l’écran tandis que la pierre du temps permet un dash sous forme de téléportation. Une fois la jauge d’infinité remplie au moins à moitié, il est possible de déclencher l’Infinity Storm, un pouvoir qui dure quelques secondes (en fonction du taux de remplissage de la jauge) et octroie au joueur un avantage. Ainsi, la pierre d’esprit alimentera à vitesse grand V et sans effort la jauge d’Hyper Combo alors que la pierre d’âme ramènera un personnage mort à la vie et donnera au joueur le contrôle de ses deux personnages en même temps. A noter que la pierre d’infinité se choisit avant le combat et qu’elle est partagée par les deux personnages contrôlés, au même titre que la jauge d’infinité et la jauge d’hyper combo.

Spidey est sur le point de faire passer un très mauvais moment à son adversaire avec cet hyper combo de niveau 3
Spidey est sur le point de faire passer un très mauvais moment à son adversaire avec cet hyper combo de niveau 3

Les pierres d’infinité peuvent être prises comme un moyen de combler les lacunes inhérentes à un personnage. Par exemple, on peut imaginer jouer Hulk avec la pierre du temps pour contrevenir à sa lenteur. Pourtant, contrairement aux craintes que certains ont, elles ne rendent en aucun cas les personnages interchangeables. D’abord parce que, si l’on reprend notre exemple précédent, Hulk aura beau être un peu plus rapide, il ne sera jamais aussi agile qu’une Morrigan mais aussi et surtout parce que c’est une vision un peu trop étriquée de l’utilité des pierres. L’objectif permier des pierres d’infinité est avant tout de permettre au joueur d’adapter son gameplay comme il l’entend, soit en facilitant l’extension des combos avec la pierre de pouvoir, soit en ajoutant une touche de homing avec celle de réalité, soit en limitant la gravité de la prise de risque grâce à la pierre d’âme et sa vampirisation, soit… Bref, vous avez compris le principe. Marvel vs Capcom : Infinite ambitionne de proposer au joueur un espace d’expression dans sa barbarie. Et honnêtement, c’est beau.

Marvel vs Casu

La liberté de faire plein de choses, c’est super. Le problème, c’est qu’il faut apprendre à faire toutes ces choses et que tout le monde n’est pas un technicien dans l’âme, prêt à sacrifier des heures sur l’autel des training modes. Alors comment faire autant plaisir aux acharnés (et s’assurer une place sur la scène e-sport) qu’aux joueurs occasionnels simplement venus voir leurs superhéros préférés s’avoiner la couenne contre Dante ? Capcom avait déjà tenté une approche dans Street Fighter V mais l’entreprise a emprunté un tout autre chemin ici, un chemin étonnant mais très réussi. Le joueur néophyte pourra tout de suite se plonger dans l’action grâce à un combo facilité et un hyper combo facilité. Vous avez bien lu. En martelant le bouton de coup de poing faible, vous lancerez un combo à 8 coups débutant au sol, projetant l’ennemi en l’air avant de le renvoyer violemment par terre. De même (et si votre jauge le permet évidemment), un simple appui simultané sur deux boutons (les deux gâchettes si vous jouez à la manette en configuration classique) déclenchera un hyper combo (mais un seul parmi les différents disponibles pour chaque personnage). Plus besoin de se prendre la tête pour vite voir un joli spectacle son et lumière.

L'hyper combo facile est toujours un niveau 1. C'est déjà pas mal !
L’hyper combo facile est toujours un niveau 1. C’est déjà pas mal !

« Non mais c’est n’importe quoi, il est où le skill là-dedans ? C’est quoi l’intérêt si un noob peut jouer à armes égales contre un pro ? » Mais calme-toi Roger ! Tu as oublié tes pilules ? Je te rassure, toi qui te prends pour un PGM alors même que tu oses sortir pareille ineptie, il ne s’agit pas de rendre le jeu trop simple. Si tu as suivi ce que j’ai dit jusque là, tu auras remarqué que Marvel vs Capcom : Infinite permet de laisser libre cours à ton imagination en terme de combat. En face, dans le mode qu’on appellera « noob » (et qui peut se désactiver dans les menus), on a UN combo facile qui de surcroît est très faible et UN hyper combo facile qui, en plus d’être blocable comme tous les autres, n’est que de niveau 1 et est toujours le même. Donc oui, le gap entre un bon et un mauvais joueur est toujours très présent et très clair. Il faut plutôt voir ça comme deux jeux en un : le mode « noob » permet aux joueurs occasionnels de s’amuser sans se prendre la tête tandis que le gameplay complet du jeu est tout simplement un très bon atout dans la course au succès des différents jeux de versus fighting, particulièrement dans l’e-sport.

Plaisirs solitaires

Qui dit profondeur de gameplay dit entraînement. C’est donc tout naturellement que Marvel vs Capcom : Infinite propose un mode entraînement et un autre qui – vous ne serez pas surpris sauf si vous n’avez pas touché un jeu de combat ces dernières années – se présente sous la forme de missions. Une fois la partie tuto passée pour vous apprendre les bases du jeu comme l’Infinity Surge, les déplacements et consorts, vous aurez accès à 10 missions pour chacun des 30 personnages. Si les premières vous présentent les BnB (Bread and Butter, les combos de base de chaque personnage qui sont indisponibles à sa maîtrise) et sont donc souvent faisables, la difficulté monte de façon abrupte et les dernières pourraient bien apprendre des choses même aux vétérans. Si tant est qu’ils arrivent à les passer évidemment… Votre serviteur n’a pas honte d’avouer qu’il n’a fini les missions d’aucun personnage pour le moment.

Oui, le chara design laisse à désirer concernant les visages humanoïdes...
Oui, le chara design laisse à désirer concernant les visages humanoïdes…

Pour éviter la débâcle de Street Fighter V lors de sa sortie – on rappelle que tout le monde a hurlé dessus parce que le contenu était, il faut l’avouer, famélique -, Capcom a voulu donner dès le départ un maximum de contenu. C’est pourquoi, en plus de ces modes d’entraînement, Marvel vs Capcom : Infinite propose du versus contre un autre joueur, du versus contre une IA (même ça c’était absent de SF5), des modes online (on va y venir) mais aussi un mode arcade et un mode histoire pour pouvoir s’amuser dans son coin comme un petit fou. Le mode histoire se complète en environ 2h30 et est surtout un prétexte pour balancer des vannes et proposer quelques combats un peu différents (contre des hordes de bots nombreux mais fragiles, avec des interventions extérieures ou encore avec la possibilité de switcher entre plusieurs pierres d’infinité). On y suit nos héros alors qu’ils tentent de réparer la situation après qu’Ultron (le méchant taré de chez Marvel) et Sigma (le méchant taré de chez Capcom) ont fusionné les deux univers. C’est rigolo sans être inoubliable. Dommage que les cinématiques soulignent la différence de réussite artistique entre les personnages. Thor est vraiment difficile à regarder par exemple, tout comme Tony Stark lorsqu’il ouvre son casque d’Iron Man. D’autant plus dommage que l’idée de mélanger les univers pour créer du nouveau est sympa. Par exemple l’A.I.M. de Marvel fusionne avec l’entreprise Umbrella de Resident Evil pour donner A.I.M.brella. C’est con, je vous l’accorde, mais ça marche. Le mode arcade est classique mais efficace. Un mode en échelle où l’on notera juste la présence de deux boss au lieu d’un (dont Ultron Omega qui change un peu).

Tous en ligne

Côté online, on a évidemment les traditionnels matchs classés qui vont du 15e au 1er rang ainsi que le mode casual match qui permet un affrontement simple, sans enjeu autre que la victoire. Le titre propose également un nouveau mode assez intéressant nommé beginner’s league qui voit s’affronter les joueurs classés aux rangs 14 et 15 uniquement et leur fait gagner plus de points par victoire qu’en simple ranked match. Une fois le rang 14 dépassé, ce mode devient évidemment inaccessible. Enfin, Marvel vs Capcom : Infinite incorpore un mode lobby très réussi dans lequel plusieurs matchs peuvent avoir lieu en simultané. A noter également qu’à la fin d’un match en ligne (hors lobby), vous avez la possibilité de lancer un rematch si les deux joueurs sont d’accord ou une nouvelle recherche avec les mêmes critères sans repasser par l’écran précédent.

Les hyper combo finish sont toujours aussi flashy !
Les hyper combo finish sont toujours aussi flashy !

Dans les faits, le netcode est assez bien implémenté pour que les matchs se déroulent de façon fluide, sans lag – à partir du moment où vous avez une connexion correcte évidemment – et que l’expérience soit agréable. Par contre, il est parfois compliqué (enfin surtout long) de trouver un adversaire. Puisque les joueurs américains ne semblent pas avoir ce problème, je suppose que ça ne vient pas du netcode mais d’un manque de joueurs en ligne en Europe. Cela semble confirmé par le fait que l’on retombe très souvent sur les mêmes joueurs. C’est un peu frustrant mais on peut espérer que ce problème s’amenuise avec le temps.

TL;DR

Marvel vs Capcom : Infinite est un très bon jeu de combat qui n’a pas hésité à se redéfinir entièrement sans suivre bêtement les traces de ses prédécesseurs. Si les joueurs occasionnels pourront vite s’amuser grâce aux combos faciles, la vraie saveur du titre ne se révèlera qu’aux courageux qui prendront le temps de maîtriser toutes ses subtilités. On ne peut qu’applaudir la modification de la gestion des changements de personnage ainsi que l’apparition des pierres d’infinité qui apportent à la mécanique de jeu un souffle nouveau, une profondeur intéressante et surtout promettent aux joueurs une liberté nouvelle dans l’expression de leur art martial virtuel.

On aime :

  • les possibilités de gameplay
  • le système des pierres d’infinité
  • la prise en main rapide

On aime moins :

  • la direction artistique douteuse
  • le mode histoire peu intéressant

Craquez vos PO si :

  • vous aimez la série Marvel vs Capcom
  • vous voulez un bon jeu de baston

Quittez la partie si :

  • vous détestez les licences présentes dans ce titre

Marvel vs Capcom : Infinite – PS4 / XBox One / PC – Dès 40€

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Test effectué sur une version PS4 offerte par l’éditeur

Mahvel baybee !

Marvel vs Capcom : Infinite renouvelle la saga en proposant un gameplay donnant libre cours à l'inventivité des joueurs. Son système de pierres d'infinité permet de personnaliser la façon de jouer des personnages sans en faire des "trucs à tout faire" tandis que le nouveau système de switch amène des combos à plusieurs personnages très variés et ouverts. Une vraie réussite qui ne souffre finalement que de sa direction artistique que l'on qualifiera de discutable...

7.5
Note finale:
7.5

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