Cinéma 4

[Film] Kick-Ass le film : l’avis d’Eskarina



Je ne pouvais pas laisser Oujiz donner son avis sans vous offrir le mien, et je pense qu’un espace « Grain de pixel » n’aurait pas suffi. Alors voilà bro’, j’te déclare une fight à travers cette réponse à ton article. Parce que même si dans le fond je pense avoir été aussi déçue que toi, ça n’est pas pour les mêmes raisons… Round 1.


Y’a pas à dire, ce film je l’attendais également. Peut-être pas autant que le tome 2 du comics, mais quand même.

Dans ma tête, Kick Ass c’était d’abord le nom de Nicolas Cage qui clignotait en rouge au-dessus de toutes les affiches publicitaires semblant me crier : « Non Eska, tu vas être déçue ! ». Mais quand même, j’ai heureusement la présence d’esprit d’essayer d’aller toujours plus loin que mes craintes, même si des fois je m’en mange une bonne en retour. Rappelons quand même qu’hormis ses célèbres coiffures improbables, et son jeu de scène totalement inexpressif (oui, je fais référence à son regard de cocker dont le seul égal est sûrement le jeu de sourcil de Sean Connery), la dernière adaptation cinéma d’un comics dans lequel notre petit gars avait tourné était… Ghost Rider. Qui veut un sac à vomi ? Trêve de sarcasmes, je reviendrai sur le cas Nicolas plus tard. Commençons par le commencement…

Il faut dire ce qui est : malgré cet avertissement, il y avait quand même un tas de choses prometteuses qui me donnaient envie d’y croire. D’abord, le nom de Matthew Vaughn, comparse de Guy Ritchie que j’adore, ce qui dans mon idée devait promettre un découpage complètement fou qui collait totalement avec le comics. Première erreur.

Ensuite, Mark Millar ayant suivi le tournage de très près, cela semblait pouvoir assurer que l’on collerait de très près à l’ambiance du comics, mais surtout à son histoire. Deuxième erreur.

Enfin, il faut avouer que voir une Hit-Girl en chair et en os dézinguer du gangster au milieu de gerbes de sang à la Kill Bill, ça n’a pas de prix. Troisième erreur… ou pas.

Ce qui m’a le plus déçu dans le film, c’est que j’ai l’impression que Matthew Vaughn n’a pas été assez loin. Plutôt que de transcender le comics, il a peut-être voulu trop lui coller à la peau, parfois en l’édulcorant un peu. Rassurez-vous : vous aurez autant de violence que dans la version papier. Malgré cela, ne vous attendez pas à des dégoulinades de sang dans tous les sens (comme je l’espérais).

On pourra également reprocher au réalisateur, comme Oujiz l’a fait, d’avoir pris quelques libertés au niveau du scénario, mais elles sont plutôt minimes.  En tout cas par rapport au tome 1 puisque, le 2 n’étant pas sorti en France, toute une partie du film m’a spoilé la suite de l’histoire sans que je puisse vraiment faire de comparaison scénaristique pour l’instant. En tout cas, le clin d’oeil à Wolverine quand Dave sort de l’hôpital m’a faite marrer, même s’il n’était pas dans l’histoire originale.

Parce que ce qui est sympa justement dans le film, c’est tous le clins d’œils à la culture comics, et surtout la façon détournée de les utiliser. Wolverine (les os soudés de Dave), Spiderman (Dave étant un Peter Parker en puissance séduit par Katie, a.k.a. Mary Jane), Batman et Robin (la tenue de Big Daddy et la « revanche de Robin »), Superman (le plan « Kryptonite »), et je vous laisse découvrir les autres.

Revenons-en au cas Wolverine qui a mis notre ami Oujiz hors de lui. On imagine bien que Millar a dû pourtant donner son accord à tout ça histoire de laisser à Vaughn la liberté d’aller plus loin dans sa parodie de film de super-héros. N’est-ce pas le but d’une telle œuvre que d’en transcender l’original sans le dénaturer ? Je pense qu’ici Vaughn pourra s’en vanter à juste titre , mais je lui reprocherais alors d’avoir au final souvent préféré la facilité plutôt que d’aller au bout de ses idées. En optant par exemple pour un montage plus déluré, il aurait pu à mon sens donner le grain de folie supplémentaire qui manque au film.

Beaucoup d’autres choses servent ce long-métrage, comme la bande son. Oujiz en a bien mieux parlé que moi. Elle rythme correctement le film et on sent que Matthew Vaughn s’est amusé à l’utiliser à contre-sens, comme le fait si bien Tarantino, martelant ainsi une scène d’action sanglante d’une mélodie enfantine. Jouissif.

Parlons du casting. Si je redoutais un Dave Lizewski brun plutôt que blond, j’ai été peu longtemps déboussolée. Aaron Johnson interprète le rôle avec brio, alternant l’ado timide et maladroit avec le héros en puissance totalement inconscient du danger.

On retrouve avec plaisir Mark Strong dans le rôle de la plus belle ordure du film : Frank D’Amico. Et là les fans de Ritchie comme moi souriront puisqu’il s’agit de l’un de ses acteurs fétiches (Sherlock Holmes, RockNRolla, Revolver) : bien qu’il ne s’agisse pas de leur premier tournage ensemble, on soulignera tout de même ce beau clin d’œil de la part de Vaughn à son ami !

Ne parlons pas de Chloe Moretz qui enchaîne les insanités avec un naturel que seule la vraie Hit Girl aurait pu tenir. La voir voler dans tous les sens avec un jeu de flingue à faire pâlir Clint Eastwood est la plus belle réussite du film.

Et Nicolas Cage, aaaaaaah Nicolas Cage ! Plutôt fidèle à lui-même dans son jeu d’acteur mou-du-genou, mais le rôle de Big Daddy lui va bien et il l’endosse avec facilité. Sans parler qu’une fois le costume revêtu, y’a pas à dire, c’est l’un des persos les plus classes du film. Peut-être aussi parce que c’est le seul instant où il est masqué ! *C’était le petit instant de méchanceté gratuite de cet article* Alors oui on pourra critiquer sa trop vive ressemblance à Batman (puisque dans le comics il porte un simple masque sur les yeux) et j’ai un peu envie de dire : on s’en fout. C’est un clin d’œil de plus qui ne fait rien perdre à l’aura du personnage et qui accentue la parodie de couple complétée par Hit-Girl qui fait un parfait Robin (le masque, la cape, tout ça, ça ne vous rappelle rien ?).

Quant à Christopher Mintz-Plasse, je répondrais à mon cher Oujiz : pourquoi pas ? C’est justement son physique complètement décalé qui permet de garder le ton parodique du film. Et puis dans le rôle de Red Mist, le sale-gosse à qui on rêve de mettre des claques, il tient bien la route. Rien qu’à me remémorer le moment où il fait sa chute spectaculaire depuis la poubelle et où il se relève en disant « Aww Shit ! Fuck me… That gonna hurt ! », ça me donne le sourire. Mais, puisque Red Mist n’apparaît pas dans le tome 1, je garde mes réserves pour la lecture du 2 avant de me prononcer fermement.

Enfin, l’un des éléments primordiaux qui aurait pu définitivement reléguer Kick-Ass à la liste des mauvaises adaptations comics, on remerciera qui de droit d’avoir laissé à la vulgarité sa place dans le film. Ne pas voir débarquer Hit Girl en disant stoïquement « Ok cunts, let’s see what you can do now… » après avoir découpé des jambes et des bras à coups de katana, ÇA c’eût été nuire gravement à l’esprit de l’œuvre de Millar. Le sang et les insultes, y’a que ça de vrai.

Vous l’aurez compris : c’est un film à voir en V. O. a-bso-lu-ment. Rien que la voix veloutée d’Hit Girl en français me fout des boutons. Il est où le côté enfantin là-dedans ? Faudra qu’on m’explique…

En somme, je n’aurais pas été aussi sévère qu’Oujiz. S’il critique le fait que Matthew Vaughn n’ait pas pris position politiquement comme Millar a pu le faire (et dont je trouvais pourtant le message plutôt convenu, insultez-moi si vous le voulez), je lui reprocherais quant à moi de ne pas avoir pris position artistiquement parlant. Mais rendons à César ce qui est à César : Kick-Ass est un excellent film et une bonne adaptation du comics. Toutefois, ceux qui comme moi ont lu la version papier avant de s’asseoir confortablement devant la toile garderont peut-être un goût amer d’inachevé en quittant les salles obscures. Je regrette que Vaughn n’ait pas eu l’audace d’aller dans le plus sanglant puisqu’il a gardé le côté trash. Je regrette qu’il n’ait pas su imposer à l’ensemble de son film le montage audacieux qu’il semble effleurer pendant les scènes d’action. Peut-être espérais-je trop un hybride mi-Tarantino mi-Ritchie ? Reste à espérer que le Kick Ass 2 qui se prépare bonifiera l’esquisse de grand réalisateur qu’il ne profile ici que trop discrètement… Et vivement le tome 2 !!!


PS. J’ai aimé la scène FPS ? Quel plus bel hommage à toute notre génération de geeks-gamers-lecteurs de comics ? Pour moi c’était l’éclate et peut-être l’un des seuls moments dans le film où Vaughn prend vraiment position, artistiquement parlant, et ce même si elle était maladroitement mise en scène.


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4 Comments

  • Reply
    Oujiz
    27 Avr 2010 1:18

    Tu as aimé la scène FPS ? C’est juste super laid ! La vision des mains dix fois trop grande.

    Le passage a été tellement gaché par cet effet se voulant call of duty like.

    Je reste méga septique concernant Kick Ass 2…

    Moi je regrette juste le fait que Kick Ass ne soit pas assez percutant. Je voulais que les gens en sortant du film se disent « Omagad bah je sais prkoi personne ne veut jouer les héros de nos jours ».

    La quand tu vois le film, tu te dis « Ouai c’est trop cool d’être un super héro !  » alors que dans le comics tu vois a quel point Kick Ass a prit cher pour faire ce qu’il a fait et surtout les énormes doutes qu’il avaient ensuite.

    Bref ! Et oui a regarder en vostfr oblige. :up:

  • Reply
    Neofuegan
    27 Avr 2010 10:35

    Je suis plutôt d’un avis contraire. Le film est une succession de multiples clins d’oeil aux comics, aux super héros et aux jeux vidéo. Je n’ai jamais pris ce film ni la manière d’être tourné au sérieux et c’est peut être l’une des raisons pour lesquelles je j’ai bien apprécié.

    Cette fameuse scène FPS, je l’ai prise comme à un clin d’oeil à Doom et à ses like, avec un flingue énorme , une sensation d’invulnérabilité quand les ennemis tirent n’importe où (IA ennemie merdique), un cadre vert très simple sans fioritures, juste ce qu’il faut pour se croire dans un FPS avec une touche de Splinter Cell. J’ai retenu également une chose : la musique lors de cette scène qui m’a hérissé les poils. Je n’arrive plus à remettre la main dessus mais ca rendait vachement bien.

    « With no power come no responsibilities. »

    Ce lot de phrases balancés comme celle-ci m’a fait vraiment marré également. Difficile de lister toutes les références. Alors certes il aurait pu aller beaucoup plus loin mais je ne pense pas que son intention première était de sortir un film révolutionnaire. Le public était ciblé mais il doit ouvrir malgré lui des portes à l’ensemble des spectateurs. Il a donc sorti un film sortant tout de même de l’ordinaire il faut l’avouer, avec de multiples références, comme une preuve de savoir faire et une déclaration d’amour aux générations des comics et des jeux vidéo.

    Je ne suis jamais partant pour les suites de film. On verra bien ce qu’il donnera dans ses prochains films !

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