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[Critique] Doctor Strange in the Multiverse of Madness

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Nous sommes en Mai et Marvel nous donne enfin notre premier film de l’année. Dans cette 4ème phase pour le moins protéiforme, la marque à la souris a fait feu de tout bois, avec plus ou moins de succès (surtout moins d’ailleurs). Cette fois, on retrouve le Sorcier pas Suprême, clé de voûte évidente de cette phase, pour sa 2e aventure solo au travers du fameux multivers. Alors Sam Raimi a-t-il réussi à prendre les rênes d’un film novateur ou n’a-t-il finalement que prêté son nom au dernier épisode d’une franchise aseptisée ?

Poursuivie à travers le multivers par des démons, America Chavez – une jeune fille aux pouvoirs surpuissants – atterrit dans la réalité du MCU, le fameux univers 616. La prenant sous son aile, le Docteur Stephen Strange – aidé entre autres par le Sorcier Suprême Wong – s’élance dans une folle fuite en avant à travers les dimensions, à la rencontre d’alliés et d’ennemis parfois déjà croisés, parfois attendus par les fans de comics.

Wanda-rful

Annoncé à la base comme le « premier film d’horreur du MCU » avant que la réalité ne rattrape le réalisateur d’alors – Scott Derrickson – et qu’il ne quitte le navire, Doctor Strange in the Multiverse of Madness n’a cessé de souffler le chaud et le froid sur les attentes du public. D’un côté la coloration horreur semble abandonnée, mais d’un autre Sam Raimi – grand nom de l’horreur – se rattache au projet. D’un côté, donc, Raimi se pointe, de l’autre la bande annonce laisse penser que son style sera complètement absent. D’un côté Doctor Strange est la clef de voûte du multivers, nouveau joujou de Kevin Feige, d’un autre ce concept a été amené dans le désastreux Spider-Man No Way Home qui a douché les attentes de beaucoup (insultez-moi si vous voulez, ce film est un étron). Et puis, quid des séries Disney+ ? Sont-elles à prendre en compte ? Doit-on les oublier ? La bonne nouvelle, c’est que Doctor Strange in the Multiverse of Madness répond (partiellement) à ces questions.

L'affiche laissait peu de doute : Wanda sera centrale dans ce film !
L’affiche laissait peu de doute : Wanda sera centrale dans ce film !

Commençons par le commencement : même si ce n’est pas indispensable pour suivre, il est vivement recommandé d’avoir vu la série WandaVision avant d’aller voir le nouveau blockbuster super-héroïque. Sans cela, il manquera au spectateur du contexte et l’arc de Wanda, primordial dans cet opus, risque de sembler forcé alors qu’il semblera logique (et très émotionnel) à ceux qui l’auront vue. D’ailleurs, cet arc est l’un des plus intéressants et assurément le plus touchant de tout le MCU et c’est donc tout logiquement qu’Elizabeth Olsen vole la vedette à Benedict Cumberbatch, offrant notamment les plus beaux gros plans du métrage à son réalisateur Sam Raimi.

Symphonie en Raimi-neur

Puisqu’on parle du réalisateur, on ne va pas se mentir : la bande-annonce nous avait fait peur. Rien du style de Sam Raimi ne transparaissait et on imaginait déjà le papa de la première trilogie Spider-Man se faire broyer par la Maison des Idées. Et pourtant… Pourtant il ne manque pas de scènes où l’on retrouve sa patte. Bien sûr, il y a ses gimmicks comme les raccords dans l’axe, les travellings typiques d’Evil Dead ou encore les fameux plans en dutch angle (ou plans cassés/débullés). Mais au-delà de ça, c’est son amour pour les comics et le cinéma qu’on retrouve partout dans le nouvel effort marvellien. Les références aux films d’horreur sont légion. Evil Dead et From Hell bien sûr. Mais Raimi ne se contente pas de s’autociter et convoque des classiques du genre au détour de certains plans.

America Chavez : A Star Is Born
America Chavez : A Star Is Born

Pourtant, on ne peut pas dire que Doctor Strange in the Multiverse of Madness est purement un film de Sam Raimi. C’est avant tout une partie de la grande horlogerie Marvel. En tant que telle, le film subit les mêmes problèmes que ses aînés. On y retrouve la formule habituelle, l’action est toujours surcuttée, on pourrait s’amuser dans un jeu à boire à compter les passages obligés franchement poussifs, Rachel McAdams n’arrive toujours pas à donner de la vie à son personnage, et caetera. En ça, il ne sera jamais un film majeur de la filmographie de Raimi. Par contre, Raimi pourrait bien avoir offert à Marvel l’un de ses films majeurs, ne serait-ce que parce qu’on y sent de véritables envies de cinéma et que certaines scènes sont plus que réjouissantes (on pense notamment à l’affrontement musical). Quand on voit que même Chloé Zhao a échoué dans cette entreprise, ça relève du tour de force. L’enfant terrible rejoint ainsi James Gunn et dans une moindre mesure Taika Waititi dans le cercle très fermé des réalisateurs du MCU qui ont su rester reconnaissables.

Le retour du fun

Le véritable atout de ce film, c’est de réussir à retrouver un sens du ludique depuis trop longtemps perdu dans la franchise. Ainsi, Raimi n’hésite pas à jouer de la mortalité de ses super-héros et s’arroge le droit de s’approcher le plus possible de la violence, voire du gore (bon, ça reste du PG-13, donc le terme est évidemment un peu fort). En grand fan des comics, l’artisan de l’horreur manie de nombreux arcs ou personnages que l’on attendait depuis longtemps pour un résultat aussi grisant que frustrant. Car si les références sont nombreuses, leur présence dans le métrage est forcément Ô combien éphémère et annihile peu ou prou l’espoir de les voir adapter sérieusement dans le MCU. Ce n’est pas vrai pour toutes et on pense notamment à l’apparition de deux personnages qui semble être une note d’intention pour la suite. Wait and see, comme on dit outre-Atlantique.

Stephen aussi fait joujou. Mais parfois, il faut faire attention avec quoi on joue...
Stephen aussi fait joujou. Mais parfois, il faut faire attention avec quoi on joue…

Pour aller plus loin dans cette critique, il faudrait que je vous spoile allègrement. Et je m’y refuse. Les réactions dans la salle prouvent que la découverte de certains twists et certaines apparitions se doit d’être préservée. Que vous soyez un fin connaisseur des comics ou un spectateur occasionnel du MCU, vous devriez en tout cas être agréablement surpris par certains choix et surtout certains personnages. Vous comprendrez en voyant le film que tout repose sur un twist assez tôt dans le film que, pour une fois, les bandes-annonces n’avaient pas spoilé. Ce n’est donc pas chez Kiss My Geek qu’on le fera. Allez vous faire votre propre avis et n’hésitez pas à nous le livrer en commentaires.

TL;DR

Après plusieurs films qui, disons-le, nous ont fait perdre tout espoir dans le cinéma de Marvel, Doctor Strange in the Multiverse of Madness vient mettre un coup de pied dans la fourmilière en rappelant que, oui, le cinéma super-héroïque peut être du cinéma et n’est pas forcément condamné à enchaîner les copier-coller. Sans aller jusqu’à nous pondre un blockbuster d’auteur, Sam Raimi ravive la flamme et imprègne clairement l’opus de sa patte. Si on ajoute à ça son amour sincère et bien connu des comics, on peut dire que le réalisateur offre enfin au spectateur du MCU une raison de se réjouir après tant de temps à sombrer dans la résignation.

Christine se marie... Mais même ça on s'en fout.
Christine se marie… Mais même ça on s’en fout.

Strange-ly satisfying

Sans être un blockbuster d'auteur, Doctor Strange in the Multiverse of Madness contient de vrais moments de cinéma, une chose qui semblait avoir complètement disparu du MCU. Avec en plus l'arc de personnage le plus touchant de la franchise (celui de Wanda), le film vient clairement s'inscrire comme la bonne surprise de ce milieu d'année, celle dont on attendait rien mais qui, pour une fois, ne nous a pas déçus.

7
Note globale:
7

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