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[Test] Assetto Corsa

Assetto Corsa

Simulation, du latin simulare (« faire semblant »), ou similis (« semblable », « ressemblant », « pareil », « même »). Assetto Corsa est semblable à la réalité, ressemblant aux courses automobiles du monde entier, pareil dans le moindre détail à son inspiration, même jusqu’aux frissons du pilote. Faire semblant de conduire, faire semblant de gagner, faire semblant de mourir, tous les jeux sont là pour « faire semblant ». Mais Assetto Corsa est là pour que tous ceux qui font semblant se heurtent au mur de la réalité. Bienvenue dans le monde réel.


 
 

La référence de la simulation automobile sur console est pour moi, encore aujourd’hui, Gran Turismo depuis 1998. Depuis la sortie de ce jeu, un grand clivage existe parmi les joueurs. D’un côté, ceux qui pestent contre le gameplay de la simulation et cette impression permanente de rouler sur une patinoire. De l’autre, ceux qui voient enfin dans un jeu de course la possibilité de se perfectionner, de s’entraîner, de se dépasser à chaque tour de piste. Sur PC, la simulation a déjà conquis, avec des titres phares comme GTR. C’est d’ailleurs sur PC que Assetto Corsa a fait ses premiers tours de roues depuis décembre 2014.

 

Assetto Corsa

 

Curriculum Vitae

 

Assetto Corsa est développé par les italiens de Kunos Simulazioni, un nom qui ne vous dit probablement rien mais pourtant ils ne sont pas débutants. Kunos Simulazioni est un studio spécialisé dans la simulation automobile, notamment pour les écoles de pilotages ou encore les équipes de course. Ils fournissent ainsi des simulateurs pour permettre aux pilotes de se former et de s’entraîner sur des circuits recréés fidèlement à partir de mesures laser. Leur studio se trouve d’ailleurs à l’Autodrome Vallelunga, près de Rome, avec ses 4,1 kilomètres de piste, l’un des circuits emblématiques d’Assetto Corsa.

 

Assetto Corsa

 

Avec pour socle un tel niveau de professionnalisme, la simulation automobile sur console ne peut que prendre un bon départ. Le menu du jeu est très sommaire ; trois modes sont disponibles : Événements, Entraînement et Carrière. Le mode Événements propose aux joueurs une série de courses, hotlap ou encore drift à réaliser, au volant de certains bolides et sur certaines pistes prédéfinies. Une sorte de best-of des possibilités offertes par Assetto Corsa. Le mode Entraînement regroupe tous les modes de jeux, de la course rapide au tour chronométré en passant par le multi en ligne. Le choix est offert au joueur sur le circuit, la voiture et les conditions de sa course. Enfin, le mode Carrière ressemble fortement au mode Événements, à la différence près que la difficulté des événements augmente progressivement. Sauf qu’ici, le mode Carrière n’en possède que le titre. Aucune scénarisation, aucun lien enter les courses, aucune personnalisation, les événements se suivent sans aucun but précis. On aurait aimé un peu plus de contextualisation, et sur ce terrain, Gran Turismo est bien loin devant.

 

Assetto Corsa

 

L’occasion de mettre le doigt sur un gros défaut du titre : il ne s’offre pas le luxe d’un tutoriel. Vos premiers tours de piste se feront toujours seul face à l’incertitude et l’inconnu, sans aucune autre information que l’assignation des touches de votre manette. Et c’est probablement sur ce point que beaucoup de joueurs refuseront de prolonger l’expérience. Sans guide, sans aide, le jeu est extrêmement exigeant. Il existe bien une option permettant d’afficher la trajectoire idéale, mais en dehors de celle-ci, c’est le néant. Les « Permis » de Gran Turismo sont certes rébarbatifs et monotones mais ils avaient au moins le bon goût d’offrir au joueur débutant une série d’épreuves pour se familiariser avec les subtilités de la course sur piste.

Dans Assetto Corsa, vous réussirez grâce à vos échecs. Ratez un virage, un freinage, une trajectoire, et vous serez plus prudent au second passage. Le problème est que cet apprentissage, vous le ferez pendant les épreuves. J’ai dû recommencer un grand nombre de fois certaines épreuves pour m’en sortir avec une performance acceptable. Et à partir de là, deux solutions existent : soit vous jeter votre manette (ou votre volant) par la fenêtre et vous reniez à tout jamais la simulation, soit vous persévérez et vous améliorez votre technique. Peut-être qu’il s’agit de masochisme, mais parvenir à prendre une courbe à la bonne vitesse et sans erreur après de nombreux échecs est plus gratifiant qu’un trophée à la fin d’une course d’arcade. Comme dans la réalité, l’entraînement est la clé. Sans tours de piste, sans persévérance, le joueur ne peut comprendre la puissance du jeu.

 

Dompter la bête

 

Car ce ne sont pas que les circuits qui sont à apprivoiser. Les voitures sont toutes différentes. Je ne parle pas ici de l’esthétique, mais de tout ce qui fait une voiture. Le poids, le moteur, la réaction au freinage ou à l’accélération, l’inertie, l’adhérence, chaque paramètre est pris en compte et se ressent dans la conduite. Jamais auparavant je n’ai eu l’impression de devoir tout réapprendre de la façon d’aborder un circuit à chaque changement de voiture. Et cette impression se ressent même à la manette. Car je dois vous l’avouer, je ne possède pas de volant et je n’ai donc pas pu savourer l’intégralité de la saveur d’Assetto Corsa. Le jeu est clairement conçu pour le volant, le soucis de réalisme l’impose. Mais même à la manette, la précision et la punition sont au rendez-vous. Le simple fait de poser le pouce sur le joystick gauche suffit à induire un léger changement de direction à la voiture. Tout est précision.

 
Assetto Corsa
 

Côté simulation, les bolides sont paramétrables. Vous pouvez conduire avec des aides au freinage ou à la direction, garder les paramètres d’usine ou bien tout faire en manuel. Ajouter à cela les réglages détaillés réalisables pendant la course, et les puristes trouveront ici de quoi se mettre sous la dent. Avec 102 véhicules et 29 circuits (à l’écriture de ce test), Assetto Corsa proposera de nombreux challenges à ceux qui accepteront de prendre le temps de le dompter. De la Fiat 500 Abarth à la Formule 1 Lotus Exos T125, chacun peut y trouver un rythme et un style de jeu qui lui est propre.

 

Skynet Azura

 

Le jeu est source de grande frustration quand l’IA entre en jeu. Celle-ci est en effet extrêmement efficace et compétitive, vous passerez de nombreux tours à essayer de vous faire une place sur le podium. Du moins quand celui-ci est accessible… Car le mode Carrière est mal équilibré. Certaines courses regroupent plusieurs voitures différentes, dont les plus performantes vous colleront quelques secondes dans la vue à chaque tour. Autrement dit, il est possible de participer à une course où le temps séparant le premier et le dernier dépasse la minute… sur 5 tours ! Mais le gros bémol réside dans le comportement de l’IA. Celle-ci peut parfois agir avec beaucoup de fair play, et éviter une collision en s’écartant de la trajectoire optimale. Mais généralement, l’IA est stupide et viendra vous foncer dessus sans aucune sanction si vous freinez un peu tôt où si vous n’accélérez pas assez rapidement. Il n’est pas rare de devoir faire plusieurs fois le départ d’une course car vous finissez dans un carambolage terrible dès le premier virage.

 
Assetto Corsa
 

Ne vous attendez pas cependant à des crashs terribles. Les voitures sont de véritables tanks, le moindre choc ne fait que déformer faiblement les carrosseries. Un contact trop violent vous vaudra cependant une rupture mécanique et une perte de performances sur la piste, et dans le pire des cas une destruction partielle ou totale du moteur. L’IA se sort d’ailleurs toujours très bien des chocs et n’hésite pas à s’en servir pour vous remettre à votre place…

Ajoutez à cela quelques comportements totalement aberrants, et vous finirez par quitter le jeu solo. A titre d’exemple, j’ai remarqué par exemple que lorsque je recommence une course (suite à un échec d’objectif par exemple), les adversaires s’arrêteront très souvent aux stands à l’avant-dernier tour… sur une course de 4 tours, avouez que cela est incompréhensible ! J’ai donc parfois profité de cet arrêt inopiné des concurrents pour gagner une course trop difficile. Espérons qu’un patch viendra prochainement corriger ce genre de bugs qui viennent gâcher la simulation.

 

Décibels de V12

 

Assetto Corsa n’est pas un canon de beauté. Les circuits sont modélisés à la perfection, mais le jeu n’est pas là pour aguicher vos rétines. Les textures sont simples, mais on appréciera le gros travail fait sur les voitures, dont les intérieurs sont tous modélisés et chaque cockpit est différent. Les modèles sont limités, certes, les italiens de Kunos Simulazioni se sont surtout penchés sur les bijoux de leur pays, comme pour les circuits d’ailleurs. Son emballage graphique n’est de toute façon pas la force du jeu, le savoir-faire de Kunos Simulazioni réside dans le gameplay et le moteur physique extrêmement pointu.

Au niveau sonore, le jeu est riche d’une banque de sons enregistrés spécialement pour l’occasion. Chaque voiture dégage un son différent, que ce soit au niveau de l’accélération, du turbo, du freinage ou encore du changement de rapport. Ces sons participent à l’immersion du joueur dans l’habitacle, et renforce la sensation de puissance qui se dégage de la voiture.

 

Assetto Corsa

 

En dehors du son de la mécanique d’ailleurs, rien ne viendra perturber votre oreille. Ni musique, ni voix, vous êtes seul avec vos cylindres. Un peu de musique n’aurait cependant pas fait de mal durant les replay, afin de profiter de votre performance avec une ambiance assortie… Ici, encore une fois, le réalisme à l’appui, vous n’entendrez que les moteurs et les crissements de pneus.

Terminons par le mode multijoueur, seule alternative aux joueurs lassés du comportement de l’IA. Ne vous lancez dans la partie qu’après avoir pris vos marques en solo, car en ligne s’affrontent des joueurs très expérimentés. A quelques accidents près, les courses sont plus intéressantes que leurs versions artificielles, car ici les erreurs de pilotages sont humaines. Vous n’êtes donc pas le seul à freiner un peu tard, à accélérer un peu trop brusquement, bref à ne pas être parfait. Bon, les comportements ne sont pas toujours très professionnels, il n’est pas rare de voir quelqu’un prendre appui sur vous ou se remettre d’une sortie de route directement sur votre trajectoire, mais la compétition règne et c’est bien là le but du jeu. Notons encore une fois dans un jeu de course, l’absence d’un mode multijoueur local…

 

Le mot de la fin

 

Kunos Simulazioni nous vend la meilleure simulation automobile sur console, et il s’agit bien de cela et uniquement cela. Avec tout ce que cela implique de positif et de négatif. Les adeptes du genre se prendront au jeu de la perfection, du pilotage précis et du chrono au tour sans cesse repoussé. Les débutants en revanche peuvent se perdre facilement face à la rigueur et l’élitisme d’Assetto Corsa. L’IA est à s’arracher les cheveux par moment, la difficulté du jeu également. Finalement, Assetto Corsa est un simulateur automobile, au même titre que Flight Simulator est un simulateur aérien. Ce qui compte n’est pas le fun que l’on en tire, c’est le réalisme de l’expérience. Le joueur ne fait plus semblant de piloter, dans Assetto Corsa le joueur fait semblant de jouer. En réalité, il pilote dans son salon.

 
P.S.: Quelques tours de piste en Lotus pour résumer tout cela.

 

On a aimé :

  • Le réalisme de la conduite
  • Les circuits ultra travaillés et les habitacles modélisés
  • Le multi en ligne très prenant
  • Le son de chaque voiture, unique à chaque fois

On a moins aimé :

  • Le contenu très frigide du mode Carrière
  • L’IA absolument exécrable dans son comportement
  • L’absence de mode multi local !

Craquez vos PO si :

  • Vous avez besoin de réalisme dans votre monde virtuel
  • Vous aimez conduire vite
  • Vous avez acheté un volant et vous ne savez quoi en faire

Quittez la partie si :

  • Vous n’avez pas envie d’un jeu difficile
  • Vous n’aimez que Peugeot/Citroën
  • Vous aimez la tôle froissée
Assetto Corsa – Kunos Simulazioni – 505 Games
PS4/Xbox One/PC
39,99€

Ecole de pilotage

Assetto Corsa est un vrai simulateur. Aussi difficile, aussi exigeant, aussi élitiste que la réalité. Il remplit sa mission de simulation, au détriment d'un contenu pour l'immersion du joueur. Mais pour piloter, il est le premier choix.

8
Note Globale:
8

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