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[Test] Ghost of Tsushima

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Montré pour la première fois lors de la PGW 2017 avant d’exploser véritablement lors de l‘E3 2018, Ghost of Tsushima aura su se faire attendre, distillant ses séquences de gameplay au compte-goutte. Le nouveau bébé des créateurs de Sucker Punch devrait être la dernière grosse exclu de l’ère PS4, voyons s’il arrive à fermer le rideau avec style.

Si j’avos su, jito pas v’nu

Ghost of Tsushima vous place dans la peau de Jin Sakai. Ce dernier est le neveu du taulier du coin : le jito, un intendant nommé par le Shogun pour administrer un territoire. Dans le cas qui nous intéresse, la charmante et pittoresque île de Tsushima, comme dans le titre ! C’est pratique. Les insulaires coulaient des jours heureux jusqu’à ce que Kothun Khan, cousin imaginaire du vachement moins imaginaire Kubilai, décide que Tsushima ferait une excellente résidence secondaire et un point de départ sympa pour son invasion du Japon.

Si le scénario est inventé de toute pièce, il n’en repose pas moins sur une solide base historique : l’invasion ratée du Japon par les mongols durant l’ère Kamakura (j’ai cherché un jeu de mot mais quand ça veut pas…). En basant son univers sur cette fresque apeupréshitorique, Sucker Punch nous offre ici un jeu qui transpire l’amour pour le Japon féodal tel que nous le fantasmons, et offre un véritable hommage à une culture trop peu connue.

C’est donc durant cette invasion que notre ami Jin se prend une sévère dérouillée qui va l’obliger à remettre en cause tous les principes qui lui sont chers et sur lequel s’appuie toute la vie des samouraïs. Là où tous ses alliées ont trouvés la mort, Jin a miraculeusement survécu, assistant par même occasion à la capture de son jito d’oncle : le seigneur Shimura (qui pour le coup ne mourra pas tant que ça). Décidé à libérer son cher tonton, notre samouraï déchu devra rapidement troquer le sabre contre son tanto. Une lame courte plus souvent utilisée pour trancher les gorges dans l’ombre que pour couper du bambou. L’assassinat étant considéré comme un acte lâche et déshonorant dans le bushido, notre héros devra rapidement choisir entre l’efficacité pour sauver son peuple ou son honneur de samouraï… sur le papier du moins.

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La voie du Beaushido

Ceux qui ont pu voir les trailers ont pu le remarquer, Ghost of Tsushima éclate la rétine. Même si le downgrade depuis les premiers trailers est conséquent, Sucker Punch pallie une technique pas forcément extraordinaire par une véritable maîtrise de ses environnements et des jeux de lumières. Entre forêts sauvages simplement éclairées par les rayons de la Lune et champs de fleurs sauvages sous un lever de soleil, Ghost of Tsushima est une véritable carte postale animée. Les développeurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés avec un mode photo que les amoureux des réseaux sociaux se sont rapidement approprié.

Cet enrobage permet également de sublimer ce Japon féodal fantasmé. Avec ses duels au sabre dans une clairière baignée par les astres ou ses moments de contemplation où la cape de Jin flotte au gré du vent, Ghost of Tsushima se veut une ode au cinéma de genre et un hommage à des réalisateurs comme Akira Kurosawa, génial géniteur de films comme « Les 7 samouraïs » ou « Ran« . Même dans les affrontements « simples », Jin se meut de la plus belle des manières. Si le système de combat est relativement simple en surface, le travail sur les animations permet d’apprécier le moindre coup de sabre après un contre parfait ou certains combos après un changement de position pour s’adapter à l’ennemi. Au nombre de quatre, ces dernières peuvent être sélectionnées à tout moment et permettent de faire face aux différents types d’armes que les mongols utilisent pour vous occire.

S’il est juste de saluer la performance visuelle de Sucker Punch, il est également important de noter l’incroyable travail sur la bande-son. Les compositeurs Ilan Eshkeri et Shigeru Umebayashi nous offrent ici un travail d’orfèvre avec des morceaux capables de poser aussi bien une ambiance propre à la méditation et à la contemplation qu’un combat épique contre une troupe mongole ou même un duel mortel contre un adversaire de renom. Trop peu nombreux, ces duels sont peut-être les moments les plus réussis du titre. A l’instar d’un Way of the Samouraï « soft », ils vous obligeront à rester concentré pour placer un contre et espérer toucher votre adversaire, le tout transpirant une fois encore l’amour pour les films de samouraï et le cinéma nippon.

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Entre tradition et sobriété

Toujours dans le but d’offrir l’expérience la plus pure et la plus contemplative possible, Sucker Punch a fait un travail absolument remarquable sur l’interface pour rendre celle-ci la plus sobre et discrète possible. Si comme dans beaucoup de jeux en monde ouvert Ghost of Tsushima a tendance à accumuler les points d’intérêt sur une carte, pas question ici de gâcher la paysage avec une minimap ou un radar. Un simple frottement sur le pavé tactile suffit à faire souffler le vent qui vous indiquera la direction de votre objectif. Les différents points d’intérêts, qu’il s’agisse d’un onsen, d’un temple dédié à Inari ou d’un coin où vous poser pour composer un haïku, sont eux signalés par un petit oiseau doré qu’il vous faudra suivre pour trouver votre destination.

La même sobriété a été choisie pour les combats. Une simple étincelle rouge indique les attaques imbloquables et les différents objets et positions se choisissent par une simple roue de raccourcis. La caméra, elle, ne bronche quasiment pas et il reste simplement au joueur de bien se placer et gérer ses timings de contres pour se sortir des combats classiques sans réelle difficulté après quelques heures d’adaptation. C’est peut-être d’ailleurs l’un des reproches que l’on peut faire à ce Ghost of Tsushima. Si au début il est facile de se prendre un coup malheureux, les ennemis ne changent que rarement et, à l’exception des duels, vous devriez rapidement sortir indemne de vos séances de coupe-coupe. Cette sobriété presque jusqu’au-boutiste a également tendance à rendre la narration un peu trop plate, nuisant à une histoire certes convenue et prévisible, mais agréable à suivre, ne serait-ce que pour son cadre et le folklore qui l’entourent.

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Jin élimé

Si Ghost of Tsushima est une vraie ode au voyage et au dépaysement, il montre malheureusement rapidement les défauts de nombre de ses congénères comme Assassin’s Creed ou Far Cry. Une grande carte certes sympathique et pleine d’activités, mais qui a tendance à nous inciter à simplement aller d’un point A à un point B en découpant les mongols rencontrés pour valider un point d’interrogation avant de poursuivre vers le suivant. Seules les missions d’histoire permettent un peu de varier les plaisirs, mais ne vous attendez pas à une diversité incroyable pour autant.

Le système de combat, tout jouissif soit-il au départ, finit également par se montrer un peu limité. Après avoir débloqué chaque posture, il suffit de switcher pour rapidement se débarrasser de l’ennemi correspondant. On aurait aimé des affrontements un peu plus épiques. Seules des erreurs de placement grossières seront réellement pénalisantes.

Enfin, si l’infiltration et les techniques d’assassinat sont mis au centre de l’intrigue, Sucker Punch se contente du minimum syndical. Si vous espériez vous la jouez Metal Gear et vider une base de la totalité de ses occupants avant de tout faire sauter, c’est raté. Alors en soi le jeu ne vous l’interdit pas, mais l’IA, plus pétée qu’une clavicule après un cours de Kendo, et le peu d’interactions possibles, rendent ce pan du gameplay totalement inintéressant. L’impossibilité de cacher un corps est une aberration dans un jeu de ce type. Seule la posture fantôme, sorte d’exécution hyper badass, permet de varier un peu les plaisirs mais là aussi, après avoir vu et revu la même animation, le plaisir commence petit à petit à s’étioler.

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Haïku de cœur

Même si Ghost of Tsushima regorge de petits défauts qui ont tendance à gâcher un peu le voyage, il n’en reste pas moins une excellente surprise. À l’instar de ses précédents jeux comme Infamous ou Sly Racoon, Sucker Punch rend ici une copie qui, sans être parfaite, s’impose comme une très bonne expérience à même de satisfaire les fans de jeux en monde ouvert et, plus spécifiquement, les amoureux de sabres et de Japon féodal.

On a aimé :

  • La maîtrise artistique
  • L’ambiance et le folklore nippon
  • Les duels au sabre

On a moins aimé :

  • Répétitif
  • Techniquement faiblard
  • L’infiltration bâclée

Craquez vos PO si :

  • Vous aimez les films de samouraï
  • Vous aimez le Japon féodal
  • Vous aimez composer des haïkus

Gardez vos PO si :

  • Vous n’aimez pas les mondes ouverts à points d’intérêts
  • Vous cherchez une copie de Sekiro
  • Vous cherchez une véritable fresque historique

Ghost of Tsushima- Sucker Punch Productions – Sony Interactive Entertainment

Disponible sur Playstation 4

À partir de 59.99 €

CE TEST A ÉTÉ RÉALISÉ SUR UNE VERSION FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Une lame bien affutée

Imparfait mais tellement plaisant à parcourir, Ghost of Tsushima conclut avec brio le cycle de vie de la PS4. On regrettera peut-être le choix de Sucker Punch de trop s'inspirer du manuel du parfait petit jeu en monde ouvert, mais l'amour qui transpire de ce jeu suffit à le rendre éminemment sympathique

8
Note finale:
8

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