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[Critique] Interstellar

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Événement médiatique assurément, culturel sans doute, Interstellar est le dernier né de l’esprit des frères Nolan. Bien loin de Batman et de ses conflits intérieurs ou du système matriochkesque du fameux Inception, c’est cette fois vers l’extérieur que l’œuvre de Christopher Nolan semble se tourner dans cette épopée sous forme de blockbuster SF à tendances hard science dans laquelle Cooper (Matthew McConaughey) a pour charge, avec son équipe, de sauver l’humanité via la conquête spatiale (n’en déplaise à Florence Porcel, il s’agit bien ici de conquête et pas uniquement d’exploration). J’ai dit « semble » ? Oui, car s’il est vrai qu’une grosse partie du film se tourne vers les étoiles, c’est en fait bien en l’Humain et ses différentes facettes que Nolan trouve ses thématiques principales. Interstellar est-il donc le film de SF de notre génération ? Est-il le digne successeur de 2001 : A Space Odyssey comme beaucoup de médias le laissent penser ? Lucy a-t-elle elle aussi touché un monolithe ? Parlé-je de l’australopithèque ou de Scarlett ? Répondons aux deux premières questions et oublions les suivantes.

 

 

Cooper, un ancien pilote de la NASA également ingénieur, s’est reconverti dans l’agriculture. C’est le lot de presque tous dans ce futur relativement proche où l’humanité peine à se nourrir et où le maïs est la seule denrée qui continue à pousser, résistant pour le moment aux tempêtes de poussière qui font rage sur Terre, au mildiou et à tout le reste. Il s’occupe donc de sa ferme avec ses enfants, Tom (Timothée Chalamet, puis Casey Affleck) et Murphy (Mackenzie Foy, puis Jessica Chastain et enfin Ellen Burstyn à mesure que le personnage vieillit), ainsi que son beau-père Donald (John Lithgow). Pourtant, il va être contraint de laisser sa famille pour partir à la recherche d’une planète habitable afin de sauver l’humanité. Il sera aidé dans cette entreprise par son équipe, dont le Dr Amelia Brand (Anne Hathaway), fille du Pr Brand (Michael Caine) qui chapeaute cette mission depuis la Terre, au nom de la NASA.

 

Cooper à la ferme. Manifestement, l’ingénierie lui manque.

 

Vers l’infini et au-delà !

 

Vous l’aurez compris : une partie non négligeable de l’intrigue se passe dans l’espace et c’est une occasion parfaite pour nous en mettre plein la vue avec des représentations à la fois magnifiques, inventives et souvent même crédibles de phénomènes physiques, de déplacements d’engins dans l’espace et d’exoplanètes. Les frères Nolan se sont attachés à baser leur scénario sur des théories à la pointe des connaissances scientifiques actuelles, notamment grâce à l’aide de Kip Thorne, sommité de la physique théorique, catapulté executive producer sur Interstellar. Ce film fait preuve d’une qualité remarquable dans sa vulgarisation scientifique, ne faisant que peu d’entorses aux sciences autres que des raccourcis un peu rapides. La majeure partie de l’intrigue spatiale repose sur la théorie de la relativité et ses enfants quantiques et, franchement, c’est un véritable bonheur que de voir enfin un blockbuster se soucier de la cohérence de la physique qu’il utilise. Encore une fois, quelques coquilles subsistent çà et là et certaines représentations, dont celle de Gargantua, le trou noir géant qui les menace, sacrifient le réalisme au profit d’une esthétique plaisante et d’une représentation facile à appréhender. Mais c’est normal, non ? Je veux dire, vous connaissez beaucoup de films où il n’y a aucune erreur scientifique ? Non, parce qu’on a besoin de tordre les règles pour que l’œuvre reste ce qu’elle est destinée à être à la base, surtout dans le cas d’un blockbuster comme Interstellar : un divertissement. Du coup, on leur pardonne de dire que c’est la gravité elle-même qui « traverse » les dimensions au lieu des gravitons, que les explications sur le tesseract (qui est au cube ce que le cube est au carré, un analogue avec une dimension supplémentaire) soient approximatives, que la représentation du passage à l’intérieur du trou de ver soit bien plus fantasmée que logique ou même que les interactions entre certains objets et le trou noir ne soient carrément pas possibles. Le fait est que le film ne nous prend pas pour des cons et que les dialogues scientifiques, s’ils peuvent faire penser aux élucubrations incompréhensibles des personnages du Stalker de Tarkovsky aux non initiés, font majoritairement sens et apportent des questionnements que les scientifiques actuels étudient toujours. Oui, j’ai bien dit « majoritairement » car il y a bien un problème. Un gros problème. Un ENORME problème ! Mais on y reviendra plus tard.

 

Galact… Euh, non. Gargantua, le dévoreur de mondes.

 

Le ciel, les oiseaux et ton père

 

L’espace, la conquête spatiale, les théories scientifiques, tout ça c’est bien joli mais on sait tous que ça n’ameute pas les foules. Et puis si on veut de la science pure et dure, rien ne vaut la possibilité de se plonger à corps perdu dans des ouvrages de référence et des articles de revues spécialisées. Interstellar, c’est aussi et même avant tout une histoire humaine et plus particulièrement une histoire de famille. De l’aveu de Christopher Nolan lui-même, l’enjeu le plus important du film réside dans la relation père-fille que Cooper entretient avec sa fille et qui est mise à mal lorsque, ne comprenant pas l’urgence de la situation, la jeune Murphy accuse son géniteur de l’abandonner, une impression (une crainte, surtout) qu’elle gardera quasiment jusqu’à la fin. A plusieurs reprises, l’équipe d’exploration spatiale se retrouve face à un dilemme : doivent-ils sauver l’humanité ou suivre leur cœur et ne penser qu’à leurs proches et à eux-mêmes ? Les liens personnels sont omniprésents. Ils vont jusqu’à expliquer l’intrigue puisque Murphy, devenue adulte, travaille aux côtés du Pr Brand pour résoudre l’équation qui leur permettra de quitter la Terre et de rejoindre Cooper, ce qui est en fait la véritable motivation de la jeune femme qui ne cherche finalement qu’à savoir si son père l’a abandonnée sciemment ou s’il avait vraiment un but qui le dépassait, transcendait sa volonté. L’histoire de la famille de Tom, principalement racontée sous forme d’ellipses au départ, fait un écho saisissant à la relation Cooper-Murphy en dressant le portrait légèrement tordu de ce qui aurait pu se passer si le premier avait décidé de rester. Une façon, en quelque sorte, de montrer qu’aucune décision n’est parfaite et que la psyché humaine est de toute façon bien trop complexe pour qu’on détermine une marche à suivre. Dans le ciel comme sur Terre, la paternité, ou même les liens affectifs de façon plus générale, sont le moteur de notre humanité et pèsent bien plus dans la balance que notre raison. C’est ce que souligne Interstellar, jusque dans son personnage du Dr Mann (Matt Damon) qui, sans vous spoiler, se révèle l’un des plus dramatiquement humains, comme une part que l’on voudrait éviter de voir mais dont on sait qu’elle est en nous, tapie, prête à sortir si notre volonté, une construction partiellement sociale, venait à flancher. En vérité, même les personnages robotiques sont humanisés dans Interstellar et, si l’idée paraît étrange au premier abord, cela est fait de façon convaincante et l’on finit par s’attacher à ces gros blocs aux formes simplistes capables de prouesses, tout comme les personnages humains du film. Jamais Nolan ne lâche l’implication émotionnelle. C’est pour lui le moteur de l’Homme, alors ce sera également celui de son film.

 

Murph’ & Coop’

 

2014 : stop comparing it to A Space Odyssey

 

On l’a vu, les thèmes sont très humains. On parle de relations, de sacrifice, de dépassement de soi, d’avenir de l’espèce. Oui, évidemment, ces thèmes sont aussi traités dans 2001 : A Space Odyssey mais il faut bien se rendre compte que ce sont parmi les thèmes fondateurs de la culture elle-même et, par là même, de la SF. La plupart des histoires écrites à travers le temps traitent ces sujets d’une façon ou d’une autre. Alors quoi ? L’aspect conquête spatiale suffit à comparer les deux films ? Non. Il faut arrêter de vouloir comparer Interstellar à 2001. Là où 2001 abandonne très vite son propos scientifique pour se plonger dans le cœur de son intérêt, à savoir les considérations philosophiques et métaphysiques que Stanley Kubrick veut mettre en lumière grâce à une imagerie chargée en symbolisme à la limite de l’abstraction, Interstellar met un point d’honneur à rester dans les carcans de la cohérence scientifique et de l’apparent réalisme. « Simple différence d’imagerie » dites-vous ? Faux ! Il s’agit d’une véritable différence de traitement qui conduit inéluctablement à des variations sur des thèmes pourtant communs, si bien qu’on ne peut pas, en toute bonne foi, comparer les deux. Ils n’ont pas le même but et, au final, ne traitent même plus réellement du même sujet.

 

Certes, certains plans rappelant l’œuvre majeure datant de 1968 et le manque d’héritiers directs à un film qui nous a tous marqués donnent l’envie de combler les trous en gribouillant une branche dans cette généalogie fictive mais que dire alors de l’ambiance pesante et fataliste sur Terre, renforcée par la présence constante de poussière gérée avec maestria et rappelant, à bien des égards, les tableaux de Tarkovsky ou le travail de Steinbeck ? Que dire de ces plans magnifiques et de ces questionnements rappelant ceux de Solaris (toujours de Tarkovsky, décidément) ? Que dire de la scène sous forme d’hommage appuyé, que je ne peux que supposer volontaire tant il crève l’écran, au film Gerry de Gus Van Sant ? Faut-il en déduire qu’Interstellar est un rejeton étrangement beau dont on ignore les origines car issu d’un gang bang artistique ? Il faudrait alors réduire le travail de beaucoup de cinéastes à de simples enfants suivant les traces de leurs parents. Non, Interstellar est un film qui se tient droit, seul, dominant une production contemporaine affreusement pauvre malgré ses défauts et ses emprunts épars.

 

Le décor paradisiaque de la planète du Dr Mann

 

Le principe d’inégalité

 

(Désolé, je vais me calmer sur les jeux de mots pourris en intertitres un jour, promis)

 

Je dois vous avouer que mon avis a bien évolué entre le moment où j’ai vu le film et l’instant où j’écris ces quelques lignes. C’est d’ailleurs pour cela que ce papier est un avis et pas réellement une critique. Lorsque le générique a commencé à défiler, j’étais profondément mitigé. Bien sûr, je venais de voir un film avec un casting et une direction d’acteurs excellents. En fait, je ne me souviens pas du dernier film au sujet duquel j’ai pu dire ça mais tous les acteurs sont excellents, y compris Mackenzie Foy, l’interprète de la jeune Murphy. Seule Anne Hathaway est légèrement en dessous à l’occasion d’une scène censée être émotionnellement prenante mais retombant comme une baguette sans levure, en partie à cause de sa bien trop courte durée et de l’escalade bien trop abrupte du sentimentalisme le plus mièvre dans le discours d’une scientifique pourtant chevronnée. Bien sûr, énormément de scènes étaient purement magiques et certaines idées de réalisation, pourtant relativement simples, sublimaient le film. Je pense notamment aux ellipses utilisées ici avec brio ou encore aux champs/contrechamps plus parlants que des pages de dialogues compliqués. Bien sûr, on m’avait abreuvé d’une science en grande partie correcte. Pourtant, la présence de certaines scènes durant lesquelles j’ai craint à plusieurs reprises qu’elles signent la mort du film, la qualité très inégale de la BO et du scénario lui-même m’avaient refroidi. Au cours de la soirée, je me suis aperçu que la plupart des reproches que j’avais à faire au film venaient en grande partie d’une barre placée bien trop haut. Venant de Nolan, j’attendais un sans-faute ou presque, comme si ses films passés avaient épuisé un quota de petites erreurs que je lui accorderais. C’est complètement débile et nuisible mais le fait est que le matraquage médiatique louant en boucle le caractère presque divin des qualités du bonhomme avaient fini par entrer dans ma tête.

 

Au final, Interstellar est un film globalement très bon et, oui, c’est sans doute le film de science-fiction de notre génération. En fait, c’est certainement ce que je trouve le plus triste car on est tout de même loin du chef-d’œuvre (ce n’est même pas son meilleur film) mais l’absence quasi complète de compétition lui donne de facto ce titre. Il est le seul film contemporain de science-fiction digne de ce nom qui ait une telle visibilité. Et pourtant, on peut constater qu’il tombe dans un piège impardonnable pour un prétendant à ce titre : son twist est développé plus que nécessaire et on se retrouve avec un film qui ne tient carrément plus debout. Je n’exagère pas, la fin du film (d’ailleurs truffée de petites erreurs dérangeantes) invalide toute la cohérence si difficilement construite.

 

« J’aime bien faire de longues promenades dans l’espace. »

 

Zone SPOILERS

 

Depuis le début du film, on sent le twist venir : le « fantôme » qui tente de communiquer avec Murphy n’est autre que son père qui, lors de son voyage, a trouvé un moyen de transcender notre condition en s’offrant la capacité d’accéder au fameux plan en 5 dimensions dont on nous parle depuis le départ via une sorte d’antichambre reconstituée en 3 dimensions et dans laquelle Cooper peut jouer sur notre quatrième (le temps) à travers la gravité et ainsi communiquer avec sa fille pour la guider. Si le twist s’en était tenu à cela, ç’aurait été. Les « ils » seraient restés des êtres à part, bienveillants, cherchant à aider l’humanité pour on ne sait quelle raison dans la tête de beaucoup de spectateurs. Pour les autres, il s’agirait simplement d’une question restée sans réponse (Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Comment ?). Mais non, les frères Nolan ont voulu aller au bout et donner une explication à ça aussi. Et là, révélation ! Ce sont les humains du futur qui ont d’une façon ou d’une autre maîtrisé une cinquième dimension (déjà, c’est idiot mais passons, ce n’est pas le vrai problème ici) et ainsi choisi Murphy Cooper pour les sauver dans le passé, raison pour laquelle ils ont construit un espace en 3D pour que son père serve de messager. Vous voyez où je veux en venir ? Exactement ! Nous sommes face à un cas de « syndrome des Visiteurs II ». Tout le scénario repose sur une incohérence scénaristique qui voit des personnages chercher une solution à une situation impossible. En effet, s’ils n’aident pas les humains à sauver leur espèce, cette dernière s’éteint. Donc ils n’existent pas. Donc ils ne peuvent pas aider leur espèce. C’est ballot.

 

Je vous vois venir avec vos gros sabots : « tu as oublié le plan B ! Celui-ci a peut-être fonctionné, du coup il reste des humains. » Admettons que votre théorie soit vraie et que le plan B ait effectivement été mené à bien, quel intérêt auraient ces humains là à aider ceux du film ? L’espèce a survécu et si on lance le plan A, le plan B ne sert plus à rien et eux n’existent donc pas. Mais poussons le vice jusqu’au bout et disons qu’ils sont vraiment plein d’abnégation et que, merde, ils veulent vraiment faire ce qu’il y a de bien et, on ne sait pas trop pourquoi, mais la bonne chose à faire est de sauver ces humains là en particulier (vous m’expliquerez pourquoi mais admettons pour le moment, sans compter que ça vient contredire ce que le réalisateur s’est échiné à nous montrer avec le Dr Mann). La réussite du plan B repose sur le trou de ver près de Saturne. Qui a mis le trou de ver là, déjà ? Ah oui, « eux » ! Mais du coup, sans leur intervention, ils ne peuvent pas exister ? Ah oui, c’est bien ce que je dis, ça ne tient pas. J’arrête ici mon argumentaire sinon on en a pour 20 pages afin que je m’assure que celui-ci soit inattaquable mais si vous voulez en discuter, les commentaires sont ouverts et vous pouvez aussi venir me parler sur Twitter/Skype/par mail, etc.

 

Fin de la zone SPOILERS

 

« JE SUIS UN ROBOOOOOOOOOOOT ! »

 

Quelque part, l’ironie de cet échec final pourrait presque passer pour un trait de génie s’il était volontaire tant il colle à la dualité inhérente à l’Humain, à ses défauts que l’épopée met en lumière de façon brillante : c’est par leur volonté de rester fidèles à la science, leur refus de lâcher prise, leur besoin de tout expliquer que les frères Nolan ont fini par miner leur scénario avec cette explication de trop, celle qui fait tomber le château de cartes. En sautant à pieds joints dans le symbolisme ou l’abstrait sur le dernier tiers du film, tout cela aurait paradoxalement gagné en cohérence.

 

TL;DR

 

Souvent comparé à tort à 2001 : A Space Odyssey, Interstellar développe sa propre épopée, proprement prenante, prétexte à traiter de l’Humain dans toute sa splendeur et toutes ses contradictions. Sans être vraiment kubrickien, steinbeckien ou autres, le film évoque de nombreux maîtres et force le respect dans sa gestion de l’intrigue, sa rigueur scientifique et sa réalisation. Malheureusement, des scènes plutôt inégales (à l’image de la BO d’Hans Zimmer d’ailleurs, elle aussi sujette aux fulgurances et aux ratés) et une fin pour laquelle, étonnamment, les frères n’ont pas réfléchi assez, ne voyant pas ses implications, viennent miner cette œuvre qui mérite tout de même largement le prix d’une place de cinéma. Foncez ! Mais ne vous laissez pas berner par les crieurs de rue qui vous promettent le chef-d’œuvre de ces 40 dernières années.

 

Bouffée d'oxygène

Magnifique, superbement réalisé, intéressant, profond, Interstellar n'évite pourtant pas certains écueils et prouve encore une fois que la fin d'une histoire est souvent la partie la plus difficile à écrire. Reste qu'il se classe directement dans les films incontournables de notre génération.

8
Note finale:
8

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3 Comments

  • Reply
    Kyra
    07 Nov 2014 12:18

    Déjà que j’avais très envie d’aller le voir ! Avec ce magnifique article tu m’as définitivement convaincu Gizmo !

    • Reply
      Gizmo
      07 Nov 2014 12:26

      Ravi de t’avoir donné envie 🙂

      J’espère que tu passeras un bon moment et que le film te plaira ! En tout cas, il remplit très bien son rôle de SF dans le sens où je réfléchis encore à beaucoup de pistes qui y sont lancées.

  • Reply
    Kyra
    07 Nov 2014 1:08

    C’est le genre de films à revoir moult fois pour en comprendre toute la subtilité ! En général ce type de films est excellent. J’ai hâte, je te dirai ce que j’en ai pensé.

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