Cinéma 1

Batman v Superman, le premier film à DLC ?

Batman-v-Superman Director's Cut

S’il y a bien quelque chose que l’on ne peut pas retirer à Batman v Superman c’est de provoquer des débats enflammés sur la toile. Majoritairement descendu par la presse, acclamé par certains, souffrant de bashing gratuit pour d’autre, le film ne laisse pas indifférent, et nous avons fait notre choix (qui évidemment ne vous a pas laissé indifférent). Au final ce n’est pas forcément illogique pour un film tant attendu, pourtant, la Warner et Snyder sont en train d’opérer une stratégie bien déroutante.

Revenons quelques temps en arrière. En février alors que le film est encore loin d’être sorti, était d’ores et déjà annoncée une version longue pour la sortie DVD/BluRay. Pas de quoi s’affoler sur le moment puisque l’accent était porté sur la classification Rated-R de cette Director’s Cut et que Deadpool venait de faire un petit miracle au box office. Même si de lien il ne pouvait réellement y avoir, personne ne s’est retrouvé outré de cette annonce. Oui mais voilà, la Warner et Snyder ont commencé à promouvoir cette nouvelle version du film de manière un petit peu trop insistante, et ce, avant et pendant la sortie du film en salle.

Sur ce que contient de plus cette version longue, Snyder répondait à Collider :

«  Il y a un peu d’action, un peu de violence, que nous avons dû enlever dans le montage final : le sauvetage dans l’entrepôt, certains shots de Doomsday étaient trop intenses. La fin est un peu plus longue aussi, et la séquence de l’Afrique du Nord est vraiment différente. »

En somme, cette réponse convenait parfaitement avec la classification R qui ne convenait pas pour la sortie au cinéma. Mais attendez la suite :

« Nous l’appelons Ultimate Cut parce que c’est pour moi une plongée plus profonde dans ce monde, et il y a des histoires qui se retrouvent étoffées par cette version longue. Je dirais que nous n’avons pas trop retiré de l’histoire entre Superman et Batman parce que je ressentais que, voilà c’est un peu le concept du film, mais il y avait comme une sorte de substance interstitielle qui entoure l’histoire, qui finit quelques unes des idées que nous avons du réduire, et je pense que c’est que vous obtiendrez. »

Et là, c’est le drame. Quel est le principal défaut énoncé par toutes les mauvaises critiques du film ? Son manque de cohérence, son aspect haché qui ne permet pas à son scénario de s’établir réellement et qui rend les réactions des personnages parfois peu compréhensibles. Et qu’est-ce que Snyder est en train de nous dire ? Si vous voulez comprendre, regardez ma Director’s Cut. En somme, tu as payé ta place de cinéma, si tu veux avoir des réponses au film, achète le BluRay. Vous voyez le problème ? Un film devrait être compréhensible à sa sortie, il doit tenir debout tout seul. Une Director’s Cut doit approfondir, et non pas corriger. En ce sens, elle approfondira certainement, mais corrigera aussi les défauts inhérents aux coupures qui ont été effectuées. Or si elles enlèvent une compréhension du film, elles n’auraient pas dû avoir lieu. Et quand on te la promeut le jour même de la sortie dudit film, il y a comme une odeur de foutage de gueule dans l’air.

Et cette odeur, on ne la connait que trop bien lorsque l’on baigne dans le monde du jeu vidéo. Cette odeur, c’est celle des DLC abusifs. C’est celle des scénarios amputés que l’on te revendra par petits bouts après la sortie du jeu. Les exemples font légion, on retiendra par exemple Assassin’s Creed 2 et ses séquences coupées, vendues en DLC après la sortie du jeu par Ubisoft, ou Mass Effect 3 et son DLC Day One qui servait de prologue. Warner est en train d’effectuer le même genre de démarche. Preuve en est avec cette première scène coupée dévoilée en début de semaine, 5 jours après la sortie française du film, et 3 jours après la sortie américaine.



On y voit Steppenwolf, général des armées de Darkseid (le gros vilain pas beau du prochain film Justice League), en pleine communion avec Lex Luthor. Dévoiler une scène coupée alors que le film entame à peine sa carrière en salle, c’est du jamais vu. Quel est l’intérêt ? Faire baver le fanboy en lui montrant une séquence forte, qui tape en plein dans la mythologie DC et lui faire raquer l’édition Ultimate alors que le film ne vient que de sortir. En clair, Warner lui dit « hey, t’as sûrement aimé le film, mais on a enlevé des petits trucs qui vont te plaire et qui permettent de mieux comprendre l’intrigue, t’inquiète tu les auras dans le DVD ». Parce que mine de rien, cette scène s’avère extrêmement importante pour comprendre les agissements de Luthor ainsi que sa dernière tirade. Non, décidément, la Warner est en train de jouer à un drôle de jeu.

Le principe du DLC est là, il arrive dans le monde du cinéma, et c’est laid. A quand le season pass regroupant le ticket de cinéma et la version longue ?

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