Cinéma 1

[Dossier] La Vague Ninja des années 80/90 Part II


Après avoir réalisé une première partie plus historique. Nous allons maintenant nous attaquer à l’image « pop » du ninja. On va commencer par discuter des films les ayant mis en scène dans notre plage temporelle. Je fus en effet surpris par le nombre de productions au sujet des ninjas, c’est pourquoi j’ai choisi de faire une séparation cinéma tv / Mangas/Animes et Comics et enfin jeux-vidéo pour éviter de vous faire saigner des yeux avec un pavé intergalactique. N’ayant pas vu tous les films et le sujet étant vaste, l’article se veut bien entendu une sélection, avec un point d’orgue sur l’humour, j’ose espérer que vous prendrez autant de plaisir que moi en visionnant ces extraits.

Les années 80 bordel ! Ce temps béni des films d’actions, de Sf et de fantasy. C’était l’époque de Conan, Mad max, Star Wars, Retour vers le futur , Evild Dead, Ghost Buster etc… Période sacrée des Schwarzy, Stallone, JCVD et bien d’autres. Les années 80 c’est également la décennie des Ninjas qui vont devenir une figure vendeuse des films d’art martiaux.

Du coup certains sentent le bon filon, et la plupart des films de Ninjas qui furent produit dans lesquels ils tiennent le beau rôle sont loin d’être des œuvres d’art du cinéma. Malgré tout, ceux-ci participent à l’intérêt nouveau  de l’occident pour le manga ou les animés ou encore pour les art martiaux et les sports de combat en général.


Les précurseurs :

Kurosawa et les « Westerns » japonais.




On ne peut pas parler de films de sabres et d’arts martiaux sans parler du grand Akira Kurosawa. Dès 1954, Kurosawa parvient à nous sortir une sorte de « Western » à la japonaise, les sept samouraïs puis en 1961 Yojimbo (le garde du corps). Pour les occidentaux qui ne connaissaient pas le cinéma japonais, c’est une sorte de « choc ». Le style de Kurosawa épate par sa façon singulière d’apporter un film de divertissement, par la richesse des acteurs (Toshiro Mifune !) et des personnages et par ses nouvelles méthodes cinématographiques (transitions entre les scènes, utilisation de l’environnement pour renforcer un effet dramatique). Kurosawa inspirera ensuite les Westerns Spaghettis ou encore des réalisateurs comme Georges Lucas. Notons également les nombreux combats de sabres avec des scènes ou bons nombre de personnages se font tout simplement trancher, même si pour Yojimbo ou les sept samourais, le tout reste relativement « soft ».




Kenji Misumi le dieu des films de sabres.

Réalisateur de six films de la saga Zatôichi et de cinq de Baby cart (années 70 ), Kenji Misumi réalise une sacrée performance. Baby cart, inspiré du manga (Lonewolf and Cub) , met en scène un samouraï déchu promenant son gamin à poussette et massacrant tout le monde sur son passage . Les membres volent, le sang gicle comme jamais (et oui Misumi est un peu le papa de la bonne grosse giclée de sang après le coup de sabre) et on s’aperçoit au fur et à mesure des épisodes que la poussette n’est autre qu’un Tank. L’acteur principal, Tomisaburo Wakayama, avec ses quelques kilos en trop, sa voix grave et sa maîtrise du personnage d’Ogami Itto est admirable.

Misumi intègre pour l’une des premières fois dans un film de sabre des scènes d’une rare violence et prend soin de tourner son film de manière à retranscrire au mieux le manga. A la manière de Kurosawa, Misumi sera repris par Tarantino (Kill Bill) tandis que Lonewolf and Cub (le manga) et l’adaptation américaine de Baby cart (Shogun assassin) vont surprendre l’Amérique et plus particulièrement Frank Miller.

On trouve dans les baby cart de nombreux ninja, qui servent d’amuses-gueules au héros de l’histoire : Ogami Itto. Ceux-ci sont d’ailleurs plutôt bien retranscrits : ils se servent des différents environnements pour se cacher, utilisent des déguisements et tiennent des rôles d’informateurs. Pas de magie à la con ni de saltos sur 50 kilomètres. Même si le film reste une production des années 70, les combats, s’ils sont parfois exagérés, en font rarement trop.




Le Kung-fu de Bruce Lee

Si je connais personellement mal Bruce Lee il fallait pourtant bien que je le cite en une petite ligne . Car il a joué un rôle majeur dans la mode des films d’arts martiaux qui vont suivre après sa mort en 1973. Il a inspiré énormément d’acteurs liés au domaine  mais également de nombreux jeux vidéos ( Maxi dans Soul Calibur, Liu Kang dans Mortal Kombat, Fei-Long dans Street Fighter).


Les films de Ninjaponais

On peut noter que bons nombres de productions Japonaises des années 70 ou début 80 vont inspirer les films étrangers qui viendront ensuite, bien que les film mettant en scène des ninjas apparaissent au Japon dès 1916 (films muets) et après guerre (dont on dit qu’ils sont connotés, prêchant l’image d’un surhomme Japonais comme dit dans la première partie) . On peut citer Shinobi no mono, un drame historique en neuf épisodes plutôt réussi ainsi que Ninja wars (plus loufoque avec de la magie mais qui doit être agréable à regarder selon plusieurs critiques).



Cependant, même si la production de films de Ninjas (ou des films mettant en scène des ninjas) au Japon a toujours été riche jusqu’à aujourd’hui, elle ne se différencie pas nécessairement en qualité vis à vis des films étrangers. On trouvera cependant un mélange plus exhaustif d’adaptations de mangas, de films d’actions, de films fantastiques ou de films mettant en scène des Kunoichi (Ninjas féminins). La plupart d’entre eux sont hélas oubliés ou difficiles à trouver, en tous cas lorsqu’il s’agit de films complets et non d’extraits.






La déferlante

Nous en arrivons au cœur du sujet ! Nous sommes en pleine période des films d’actions et si tout d’abord le Kung-fu ou le karaté sont plus à la mode, une figure va sortir du lot par son histoire empreinte de mystère : le Ninja.

Il est facile de voir en nos amis les Ninjas la figure parfaite pour les films d’arts martiaux : les différentes armes qu’ils utilisent ( sabres, crochets, griffes), leur discrétion et leur aura de mystère (et la combinaison noire trop dark) et enfin le fait que le Ninjutsu est resté plus ou moins authentique et qu’il n’est pas encore répandu comme enseignement « sportif » (à l’inverse du karaté ou du judo par exemple). Enfin on peut aussi facilement les intégrer avec de la magie en se basant sur les figures du kabuki et des anciens contes Japonais (Jiraya, voir première partie). Mélangez ça avec l’intérêt récent des  occidentaux pour l’Asie et on assiste à une véritable explosion.


Godfrey Ho, maître du nanard Ninja.



Il est adulé sur Nanarland et à juste titre. Il ne se souvient même plus du nombre de films exact qu’il a produit (plus de 115 selon wikipedia). Adepte du Ninja, la plupart de ses films portent un titre incluant le mot. Ho est un spécialiste lorsqu’il s’agit de réaliser des films à bas budget, appliquant l’incroyable méthode du deux en un (deux films pour le prix d’un) : méthode consistant à mélanger des morceaux de vieux films asiatiques et des scènes avec des acteurs occidentaux  tournées à la chaîne.

L’ami Godfrey produit ensuite plusieurs films en intégrant ou reprenant les diverses plans qu’il aura tourné. Si bien que certains de ces films n’inclueront que 5 ou 10 minutes tournées véritablement par le réalisateur. Il est d’ailleurs amusant de voir que Godfrey Ho terminera sa carrière en tant qu’enseignant dans une école de cinéma de Hong-Kong.

Dans ses films, les ninjas sont véritablement massacrés, si bien que l’effet en devient hilarant. Acteurs occidentaux moustachus interprétant des ninjas en tenues fluos (bonjour la discrétion), scènes de combat alarmantes et ajout des fameux bandeaux trônant fièrement sur le front de nos héros avec écrit en grosses lettres rouges sur fond blanc NINJA. On y voit également des ninjas rétrogradés aux clichés de méchants violeurs, de personnages immortels ou affublés de pouvoirs magiques farfelus.






Ninjaméricains :

Ils sont issus de l’influence de Bruce Lee et d’autres productions Japonaises des années 70 ou des années 80. Ces films à petits budgets (souvent produits par la même société: cannon group)  se concentrent plutôt sur la présence d’un acteur star et réalisent parfois de petits succès en salles. On y voit Sho Kosugi (Enter The Ninja, The Revenge of the Ninja), acteur Japonais expatrié aux Etats Unies tenant dans la plupart de ses films le rôle d’un ninja, ses  sourcils noirs enfoncés derrière la cagoule passeront d’ailleurs à la postérité. On voit également se produire des acteurs comme Chuck Norris (dans octagon alors qu’il portait encore la Moustache) ou Michael Dudikoff (ex mannequin et pédopsychiatre devenu acteur de séries B).











Si la plupart de ces films ne présentent pas vraiment les ninjas comme ils devraient l’être, ils ne sont pas foncièrement si mauvais et n’atteignent pas toujours le niveau nanard des Godfrey Ho. Ils reprennent néanmoins des clichés (les méchants ninjas violeurs assassins avec pouvoirs magiques) et mettent en avant le héros américain patriote et fier de lui.



Enfin le cinéma adaptera également les célèbres tortues ninjas dans trois films d’une qualité assez médiocre aussi mais qui possèdent le mérite de reprendre l’histoire du comics (en tous cas pour le premier d’entre eux).

Plus connus que les Godfrey Ho ou que certaines productions Japonaises de l’époque, ces films de ninjas à l’occidentale modèlent le personnage pop du Ninja et amènent à un marketing et à une fascination forte à leur égard. Magazines parlant d’arts martiaux, escrocs vendant des livres sur les « secrets des ninjas », produits dérivés comme les jouets et les déguisements, ventes de faux sabres et armes de Ninjas, tout le monde profite du filon. Si bien que certains fanas de ces époques forment encore aujourd’huides collections rétro autour du phénomène.

C’est suite à cette image troublée du Ninja que Hatsumi Masaaki créera le Bunjinkan, afin d’apporter une image plus « clair » du Ninjutsu véritable. Citons également l’historien britannique Stephen Turnbull, expert des samouraïs et de l’histoire militaire du japon, qui publiera ses premiers ouvrages dans les mêmes années environ et éclairera la lanterne de bons nombres de fans sur les véritables Ninjas.


Figurines issus du dessin animé « Chuck Norris Karate commando »


Stickers Ninjas 80’s

Autres :


On compte aussi parmi les divers films de Ninja d’époque des productions chinoises (qui mélangent souvent les Ninjas au Kung-fu) ainsi que des films érotiques (à la Japonaise), on sait d’ailleurs que les Ninjas sont depuis bien longtemps utilisés dans le domaine du Manga hentai. On prête à ces films érotiques des années 80 des traits humoristiques, une histoire racontée malgré tout et parfois une certaine qualité de tournage .



En conclusion :

Si on ne peut guère s’attarder sur la qualité des films de ninjas ou les ranger dans les cahiers du cinéma, ceux-ci ont néanmoins permis d’établir un phénomène populaire intriguant. Les ninjas sont un exemple à la fois du foirage qui peut se faire lorsqu’on prend des éléments d’une culture extérieure sans source mais ils sont aussi, paradoxalement, un bel exemple de la richesse des échanges culturels possibles à notre époque. Plus que tout autre chose, ces héros de films médiocres ont inspiré des rêves de gosse, et ont permis à des acteurs de se hisser au rang de héros ou de véritables mythes vivants. C’est aussi par l’intermédiaire de ces années là qu’on a pu découvrir les animés, les mangas et toute l’étendue de la culture asiatique. Se pencher sur un film de Ninja des années 80 c’est aussi revenir à une époque particulièrement productive en matière de cinéma et se souvenir, avec nostalgie de toutes ces bonnes choses du passé !

Au sujet de la réalisation de l’article :Il est peu aisé d’établir une liste et une analyse de la plupart des films de ninjas des années 80 et 90. La plupart sont oubliés mais on peut néanmoins encore en voir par l’intermédiaire de DVD. Aussi cette chronique comporte sans doute des manques et il faudrait se reporter à des sites spécialisés pour comprendre l’étendue du phénomène. Ainsi la plupart des sources du dossier viennent de ces même sites (vintage Ninja, Nanarland, Wildgrounds et autres sites spécialisés dans le cinéma old-school et asiatique). Je tenais néanmoins à monter ce petit topic cinéma malgré tout, même si je n’ai pas vu la plupart des films mentionnés, histoire de faire partager des fou rires ou des regards curieux sur un cinéma méconnu et une période ou la production de films d’actions à bas prix était encore possible.


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1 Comment

  • Reply
    Alice
    01 Juin 2011 10:29

    Awesome ! Bravo ! 😀
    Ca c’est du dossier !!!
    Me loves ninja !

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